Brèves présentations d'actions de préventions actuelles
Julien Cadeau, psychologue clinicien, membre du Groupe Ressources du Centre Bergeret,
Intervenant de prévention et d'éducation à la santé
décembre 2011
http://juliencadeaupsy.e-monsite.com/
Ces présentations vont se baser sur deux organismes pour lesquels j’interviens sous forme de vacations en milieu scolaire : l’association Jean Bergeret et l’Association Départementale d’Education à la Santé (ADES).
L’association Jean Bergeret
L’association Jean Bergeret regroupe plusieurs organes fonctionnant en partenariat et en autonomie :
- l’ensemble des PAEJ, points accueils écoute jeunes et familles, où travaillent des psychologues et de médiateurs sociaux qui s’adressent aux jeunes mais aussi aux parents. (Lyon, Rillieux-la-Pape et Saint Priest)
- Le CIRDD : centre d’information régional sur les drogues et dépendances Rhône Alpes, dispositif d’appui régional de la MILDT.
- Le CRPCS : Centre régional de prévention des conduites suicidaires dont le coordinateur est Max Pavoux, psychologue clinicien.
- Le PRIME : Pôle ressource d’intervention en milieux éducatifs coordonné par Jérôme Rastello dont la spécificité est de concevoir et développer des actions collectives de prévention.
C’est de ce dernier, dont je vais maintenant parler plus précisément. Il regroupe des vacataires intervenants spécialistes de la prévention, composé d’une dizaine de professionnels qui interviennent le plus souvent en milieux scolaires publics et privés sur le domaine des conduites à risque.
- Ces intervenants vacataires ont une pratique thérapeutique, sociale ou éducative auprès d’adolescents ou de jeunes adultes,
- Ils réfléchissent avec le centre Jean Bergeret à la mise en place, à l’organisation et à l’animation des séances de prévention.
Ce groupe intervient à la demande des établissements, et le financement est pris en charge par l’établissement lui-même avec l’aide de subventions comme celles des ARS ou de la MILDT.
Parmi les modes d’intervention, le protocole nommé RISCO (programme d’intervention sur le conduites à risque en milieu scolaire), basé sur des photographies pouvant renvoyer à des thèmes en rapport avec les conduites à risque permet l’échange entre les élèves d’une demi-classe. Basé sur le Photolangage®, la photo-expression utilisée ici, ne se base pas sur une expression de l’intime. C’est bien plus le partage des idées, représentations d’ordre général qui est visé.
Des thèmes sont proposés à travers ces photos, mais l’expression d’autres problématiques est possible et même bienvenue.
En effet, l’intérêt est plus de favoriser l’échange intra-élève, la confrontation de leurs idées, la création d’un « penser à plusieurs », que le simple apport d’information.
La consigne est de choisir une photo pour pouvoir en parler à plusieurs, en lien avec les notions de risques négatifs (dangers) et de risques positifs (opportunités d’épanouissement, apports bénéfiques). Il est demandé ensuite au groupe d’élèves de réagir et de s’interroger sur comment éviter un risque, chercher si un risque négatif ne peut pas avoir un risque positif et inversement.
Les règles de fonctionnent du groupe est le respect de l’autre et de sa parole, le respect de la confidentialité, l’expression de l’ordre du général et pas de l’intime.
Il est aussi expliqué au début de l’intervention que c’est un temps que les élèves peuvent utiliser pour eux, donc en faire quelque chose de personnel, parler de ce qu’ils veulent et de ce qui les intéresse.
L’intervention est travaillée en amont : une réunion de sensibilisation a lieu pour rappeler le but de ce mode d’intervention. C’est évoquer les préoccupations des jeunes et les aider à échanger sur ces dernières et pas la préoccupation des adultes de l’établissement ou des parents. Le choix du protocole RISCO est un choix spécifique d’intervention et il est souvent nécessaire de rappeler comment il fonctionne. Il est aussi évoqué dans cette réunion les modalités (2h dans une seule et même salle) et la présence obligatoire d’un adulte de l’établissement pour l’enseignement publique, ainsi que son rôle pendant l’intervention. Il n’est pas l’autorité, ni le sens moral, sa voix a la même valeur que celle des jeunes. Pas plus pas moins. La présence d’un adulte n’a pas permis de déceler une différence de thèmes ou de contenus évoqués par rapport à un groupe sans adulte. En général, les professeurs arrivent à assumer cette position et les jeunes à accepter l’adulte comme leur égal pendant ces deux heures. Il est bon de rappeler que l’adulte de l’établissement doit respecter les mêmes règles que présenter plus haut, notamment la confidentialité.
Une deuxième réunion a lieu ensuite en deux temps : une rencontre de représentants de chaque groupe d’élèves pour échanger sur ce qui s’est passé, les thématiques évoqués, ce qui n’a pas pu l’être, sur ce qui aurait été apprécié en terme d’évocation, les questionnements en suspens…
Ensuite une autre réunion avec les personnes qui se sont saisis de ce mode d’intervention (principalement les infirmières scolaires, mais aussi des directeurs d’établissement) afin de donner des pistes de travail, de voir avec eux ce qui pourrait compléter, ce qui pourrait être mis en place en terme d’évolution ou de continuité de travail (sur tous les niveaux mais de manière différente ou sur un seul niveau de classe…) mais aussi parfois les conditions qui n’ont pas été respecté, les soucis éprouvés par les intervenants ….
Les thèmes évoqués sont multiples et vont de la sexualité aux sports extrêmes, la violence sous toutes ses formes, les produits psychoactifs, les conduites alimentaires, l’isolement, avec un accroissement des pratiques liées aux nouvelles technologies …. Rappelons le, ce sont des intervention de prévention, on évoque donc des situations qui ne sont pas forcément vécues ou déjà expérimentées par les élèves pour justement préparer une rencontre de la situation qui puisse avoir déjà été pensée.
Parmi les autres outils que peuvent utiliser les intervenants du centre Jean Bergeret, on peut noter les mots inducteurs. En se basant sur des mots précis, on demande aux jeunes de faire des liens avec deux ou trois autres mots et par exemple à l’aide de Post-it, on organise ces mots pour obtenir une sorte de schéma de liens qui sert ensuite de support à des questions ou des expressions.
Enfin des expositions sont proposées sous formes d’affiches ou d’espaces d’activité qui sont loués par les établissements et nécessitent une formation des adultes de l’établissement à leurs utilisations.
« Vivre l’adolescence, mes ressources » est une suite d’activités qui permettent d’observer, reconnaître, distinguer et utiliser des compétences psycho-sociales afin de viser implicitement un épanouissement du jeune.
« c’est juste une question d’équilibre » est un ensemble de panonceaux qui évoquent des thématiques adolescentes schématisées et proposent au public adolescent une réflexion, des informations et des messages sur les expérimentations et les abus de drogues, afin d'être plus lucide et plus responsable dans ces choix.
L’ADES
L’ADES est un lieu de ressource pour les professionnels. L’association qui travaille directement en lien avec l’INPES en diffusant des supports informatifs (affiches, flyers, livrets) et propose des formations et des conseils méthodologiques. L’ADES met aussi en œuvre des projets d’éducation à la santé. Mon intervention se fait en partenariat avec Madiana Barnoux chargée de projet sur l’éducation à la santé auprès des personnes en situation de précarité et sur la prévention des toxicomanies.
Nous utilisons deux modes d’intervention actuellement qui sont financés de la même manière que les interventions du centre Jean Bergeret et qui sont orientés sur la consommation de produits psychoactifs. L’objectif de ces animations est de permettre aux jeunes rencontrés d’exprimer leurs opinions, leurs idées. L’acquisition de connaissance est un objectif secondaire qui est réalisé en fonction des attentes et des questions du public.
Le premier mode d’intervention est basé sur l’abaque de François Régnier (1973) qui utilisait des couleurs pour symboliser rapidement les avis d’un grand nombre de personnes. La couleur rouge symbolisant pour notre intervention le désaccord avec l’affirmation présentée et la couleur verte l’accord. Le fait de présenter les deux couleurs montre un non avis ou une incapacité à répondre. Les affirmations peuvent être : « S’arrêter c’est toujours possible, il suffit de le vouloir » ; « Le cannabis, c’est convivial » ; "Prendre une « cuite » c’est pas grave ".
Nous l’utilisons aussi de manière corporelle : un côté de l’espace est réservé à l’accord, l’autre au désaccord et au milieu, l’entre-deux. Ce qui permet à la fois une mobilisation du corps et donc une dynamique mais permet aussi aux jeunes, à travers l’espace de se positionner dans les deux sens du terme, et d’observer de manière rapide où se trouve la majorité des réponses, comment s’agence le groupe. On demande au groupe le plus important d’expliquer son choix et on permet à tous de s’exprimer pour se confronter aux différents avis. L’animateur pourra compléter les échanges par un apport de connaissances. Les produits ciblés sont principalement l’alcool, le tabac et le cannabis.
L’autre mode d’intervention est un protocole de travail sur la réflexion face à la pression du groupe par une mise en situation. Après un bref brainstorming sur les raisons qui peuvent conduire à consommer, on utilise un jeu de rôle avec des groupes de 4 élèves. On utilise pour symboliser une boisson alcoolisée, de l’eau teintée avec un colorant alimentaire. L’un des jeunes est non consommant et ne souhaite pas consommer, deux autres souhaitent consommer et faire consommer le premier, un dernier joue l’observateur et doit noter les arguments donnés par chacun des partis. A l’issue du jeu de rôle, on récupère tous les arguments et on les présente à la réflexion du groupe pour les analyser et les catégoriser (chantage, déni/minimisation du risque, arguments publicitaires vantant les effets…). Ce temps permet d’insister sur l’effet de la pression, son usage, ses stratégies mais aussi valoriser les arguments pour ne pas consommer. Le tout visant à donner des arguments positifs permettant de déconstruire l’influence et se défendre face à la pression. On élargit ensuite la perspective aux autres produits psychoactifs.