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CMS Les Bruyères à Letra : Présentation et évolution du Centre
Carole Mazoyer, Directrice du Centre, Malorie Monier et Michèle Munier, Psychologues
(février 2008)

1. Introduction

But de cette intervention : informer nos collègues professionnels de l’alcoologie des différents changements qui ont eu lieu dans notre centre, expliquer et préciser ces différentes évolutions.

Avant d’évoquer ces changements, il est important de souligner qu’ils  s’inscrivent dans une continuité d’un projet thérapeutique qui, lui, n’a pas changé et qui repose sur deux axes :

  • La thérapie institutionnelle basée sur :

-         Une ambiance institutionnelle caractéristique du fait d’une population homogène ce qui permet des mouvements identificatoires.

-         Un contrat de soins explicite et explicité aux patients.

  • D’autre part, une prise en charge groupale focalisée sur le vécu toxicomaniaque de l’alcoolodépendance et les mécanismes psycho-comportementaux qui en découlent.

En résumé, ce projet thérapeutique est né d’une analyse des constantes de la dépendance et s’est développé sous la forme d’activités thérapeutiques telles que : informations sur la maladie, relaxation, psychothérapie de groupe….

Cette base n’a pas changé, le projet thérapeutique et le cadre institutionnel restent le fondement du travail de l’équipe des Bruyères.

Cependant, deux facteurs nous ont amené à réfléchir sur un aménagement de notre projet thérapeutique ces 2 dernières années.

  • En premier lieu, notre analyse concernant l’évolution de la population reçue au Centre Médical Spécialisé Les Bruyères :

-         Environ 40 % de personnes en situation sociale précaire.

-         De 20 à 30 % de patients polyconsommateurs (majoritairement tabac, cannabis, benzodiazépines et, de plus en plus, substances psychoactives diverses : Subutex, cocaïne, ecstasy…).

D’où un nombre croissant de sevrages complexes du fait de ces polydépendances et la nécessité de réfléchir à  une prise en charge spécifique.

-         Des pathologies somatiques et cognitives de plus en plus lourdes nécessitant une prise en charge médicalisée plus soutenue et souvent plus longue.

-         Un nombre croissant de co-morbibités psychiatriques.

  • En second lieu, la nécessité d’appliquer au mieux les nouvelles recommandations de pratiques professionnelles, notamment sur les polyconsommations.

Et dans le même ordre d’idée, notre travail dans le cadre de la certification V2, nous a permis de faire un bilan de nos pratiques professionnelles et de les faire évoluer.

 

2. Projets de service découlant de cette analyse

-         Mise en place d’un programme Post-cure.

-         Création de 14 lits de Médecine permettant de proposer des sevrages courts (1 semaine) ou longs (2 semaines) avec la particularité d’être dans  un cadre institutionnel.

-         Développer la prise en charge des polydépendances.

-         Développer, en amont et en aval de l’institution, l’accompagnement médico-psychologique par le biais du CSA (Centre de Soins en Alcoologie).

-         Développer l’accompagnement social et le réseau médico-social : relais avec d’autres structures, CCAA, CSST… mais aussi foyers d’hébergement, intervenants médico-sociaux…

-         Entretiens motivationnels par un psychiatre pour favoriser une bonne implication.

3. Historique des évolutions du Centre

-         Novembre 2005 : ouverture de 30 lits supplémentaires (de 57 lits nous passons donc à 87 lits de SSR) pour répondre à une demande importante qui nous obligeait à avoir une liste d’attente de plus de 3 mois.

-         Courant 2006 : post-cure (sans lits supplémentaires).

-         Février 2007 : ouverture de 14 lits de Médecine (101 patients).

-         Développement du CSA par des consultations le samedi.

  1. 4. Moyens : Equipe étoffée (embauches) et pluridisciplinaire

-         Une assistante sociale (3/4 temps).

-         Un relaxologue temps plein.

-         2 psychologues temps plein + 2 psychologues temps partiel (dont une est chargée plus spécifiquement de la prise en charge des patients en post-cure).

-         Equipe de 19 infirmiers et infirmières (16 équivalents temps plein) dont une infirmière formée à l’approche corporelle des patients polytoxicomanes (massages, auto-massages…), une infirmière formée en art-thérapie, un infirmier formé en TCC (thérapie cognitive comportementale).

Perspective 2008 : projet d’utiliser ces compétences en développant des activités spécifiques.

-         Equipe médicale composée de 7 médecins (4 ETP (équivalent temps plein)) dont 2 psychiatres, 4 addictologues (avec des spécialités telles que tabacologie, auriculothérapie, TCC) et une somaticienne (rattachée plus particulièrement au service de Médecine)

5. Détail des différents projets de service mis en place

Medecine

1) But :
a)     Sevrage pour des patients qui envisagent de faire la cure.

b)     Sevrage programmé sans cure consécutive ; 2 possibilités :

  • sevrage court (1 semaine) ou
  • sevrage long (2 semaines).

Indications :

  • Patients pas prêts à envisager une cure.
  • Rechute ou réalcoolisation après une cure qui ne nécessite pas forcément une nouvelle cure.

En sachant que ces sevrages sont programmés après une consultation CSA (il ne s’agit pas d’un service d’urgence).

2) Avantages de ce service :

a)     Surveillance médicale accrue dans le cadre des pathologies plus lourdes sur le plan somato-psychique et des sevrages complexes.

b)     Sevrage médicalisé institutionnel favorisant un renforcement de la motivation individuelle par l’effet groupe.

Prise en charge psychologique dès l’entrée par le biais de l’immersion institutionnelle + développement des entretiens motivationnels dès le 3ème jour après l’entrée par un psychiatre (évaluation de la motivation + évaluation du parcours addictologique autre que l’alcool, renforcement du travail sur l’ambivalence  et sur l’implication  dans le soin).

Cette approche motivationnelle et la thérapie institutionnelle peuvent inciter un patient venu pour un sevrage à envisager un soin plus complet en cure

CENTRE DE SOINS EN ALCOOLOGIE

1) But :

-         Accompagnement au long court à toutes les étapes du parcours du patient.

-         En amont : perspective de préparation à la cure ou au sevrage.

-         Suivi et accompagnement à la mise en place de l’abstinence.

-         Accueil des personnes en rechute.

-         Proposition de consultations pour l’entourage du patient.

Les intervenants du CSA :            un psychiatre et un addictologue.

-         Consultations individuelles.

-         Groupe de parole.

-         Entretiens familiaux.

POST-CURE

1) But :

-         Libérer le patient pendant la cure de ses préoccupations diverses pour se centrer sur le problème de la dépendance.

-         Répond au constat de précarisation et au fait que la prise en charge sociale se complexifie.

Cependant indications un peu + larges que les seules indications sociales :

2) Grandes  indications :

a)     Patients en situation sociale précaire ayant besoin de temps pour régler les problèmes de logement, problèmes financiers…

b)    Co-morbidités :

-         Patients qui ont besoin de plus de temps pour consolider le travail psycho amorcé en cure

-         Patients présentant des troubles somatiques ou cognitifs : ces patients ont besoin de temps pour récupérer physiquement et pour gérer les conséquences psychologiques qui empêchent d’entrer tout de suite dans la cure donc reprise de certains éléments de la cure.

Et plus généralement consolider l’abstinence chez des patients ambivalents ou présentant des co-morbidités psychologiques : dépression primaire, anxiété majeure.

Nous ne cherchons pas à tout régler pendant la post-cure, mais à se donner + de temps pour :

-         Personnaliser le suivi.

-         Organiser un suivi psychologique et social au long cours (prise de contact avec des référents sociaux, prise de RDV pour un accompagnement psychologique ou psychiatrique…).

-         Mettre en place un traitement adapté.

3) Parcours de la post-cure :

-         Evaluation de l’indication dès la demande du patient.

-         Choix de référents (médecin, psycho, A.S.)  Pour déterminer les objectifs de la post-cure.

-         Projet personnalisé.

-         Soutien psychologique individuel et en groupe, consultations médicales, consultations sociales.

PROJET 2008

Prise en charge des polyconsommateurs d’autres substances psychoactives

Basé sur 2 constats :

-         Augmentation du nombre de polyconsommateurs :

Soit usage concomitant de l’alcool et d’autres substances psychoactives,

Soit déplacement d’une addiction vers l’alcool.

-         Difficultés que cela nous pose en terme de cadre, de conflits identificatoires, de rapport à la loi.

Question que nous nous sommes posés : Comment ne pas exclure ces patients et leur proposer une prise en charge adaptée ?

1) Moyens :

-         Formation d’une partie du personnel à la prise en charge des toxicomanes

-         Renforcement réseau CSST, services spécialisés

2) Projet :

Pendant le sevrage : évaluation pour chaque patient de l’usage d’autres substances psychoactives que l’alcool.

Proposition d’une prise en charge personnalisée avec 1 médecin référent et une psychologue référente

3) Objectif au cas par cas :

-         Sevrage simultané,

-         Sevrage successif,

-         Réduction.

4) Substances concernées :

Cannabis, tabac évidemment, benzodiazépines.

Et de manière plus ponctuelle : Subutex (surtout s’il est détourné), cocaïne, héroïne, ecstasy…

De façon plus globale, même si on garde notre spécialisation alcoologique, mise en place d’actions plus centrées sur les polyaddictions :

-         Une info spécifique,

-         Des films sur la toxicomanie suivis de débats,

-         En psycho de groupe : réflexion sur une prise en charge plus adaptée pour des groupes qui, de fait, sont des groupes mixtes c’est à dire regroupant à la fois des patients alcooliques sans autre addiction et des patients polyconsommateurs.

Nous ne pouvons pas faire de bilan puisque cette prise en charge est en plein développement.

En revanche, pour les projets présentés précédemment, nous avons déjà du recul :

Cela fonctionne bien, la prise en charge a été enrichie de nouveaux projets et nous avons le sentiment d’être davantage en adéquation avec les besoins des patients.

Mise à jour le Jeudi, 11 Août 2011 16:55