Groupe Interalcool Rhône Alpes

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Moulin - Espérance ...

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Actualité du Centre de l'Espérance à Hauteville Lompnes

Dr Frédéric Moulin - avril 2009

Faisant partie du Centre Hospitalier Public, ce service comporte 50 lits et reçoit pour un gros pourcentage des patients de la région Rhône-Alpes (87%), mais aussi de Franche-Comté. Ces patients vont bénéficier de ce qu’on appelle "accompagnement psychologique au sevrage éthylique".

Il s’agit d’une prise en charge de 4 semaines, réalisée par une équipe pluridisciplinaire.

La prise en charge est groupale, en groupe fermé (toute personne quittant le groupe, quelle qu’en soit la raison n’est pas remplacée).

Ces patients viennent pour trouver une solution à leur problématique alcoolique et notre rôle est d’accompagner le patient dans sa réflexion sur les causes et les conséquences de cet alcoolisme, en leur proposant l’abstinence comme base de reconstruction.

Ces patients nous sont adressés, soit par leur médecin traitant, les services hospitaliers, les CCAA, les associations…le point de départ du soin étant toujours une démarche personnelle.

Le travail d’équipe est basé sur un programme établi dont le déroulement est progressif, afin que le patient prenne conscience de sa maladie alcoolique puis chemine dans le projet thérapeutique.

PREMIERE SEMAINE

Consacrée aux entrées qui s’échelonneront sur 3 jours et à la formation des groupes (entre 11 et 13 personnes).

Le moment de l’accueil est prépondérant et reste un moment privilégié où va s’établir la confiance au travers d’une mise en sécurité et d’une déculpabilisation ; ce moment va favoriser l’intégration. Les patients vont découvrir l’Unité, prendre leurs repères (un parrain leur sera alloué), au cours de cette première semaine, le contrat de soins leur sera expliqué et les informations sur la maladie alcoolique leur seront également présentées.

La dynamique de groupe se réalisera d’autant mieux que le groupe sera soudé et cette première semaine leur donne le temps de se découvrir, de mieux se connaître afin qu’un climat de confiance et de respect s’établisse.

DEUXIEME SEMAINE

  • Prise de conscience de la maladie alcoolique et de ses mécanismes.
  • Travail au travers d’entretiens motivationnels.

Films et débats sont proposés pour permettra au patient de se situer par rapport à sa maladie alcoolique.

  • Evocation de la nécessité d’un changement, habitudes de vie.
  • Découverte de l’atelier, du réveil corporel et de la relaxation.
  • Préparation de la première permission.

TROISIEME SEMAINE

  • Travail avec les différents partenaires sur leur contexte de vie, dans la perspective du changement d’habitudes de vie : il s’agit de la prise de conscience de la maladie alcoolique dans ses dimensions familiales et sociales.
  • Elaboration de projets indispensables à toute modification d’habitudes
  • Travail sur les émotions, l’estime de soi et l’affirmation de soi.
  • Travail également sur la dépendance psychologique.

QUATRIEME SEMAINE

Cette quatrième semaine est consacrée essentiellement au retour à domicile avec la mise en place de stratégies de protection de la rechute au travers d’outils.Les patients rencontreront également les associations et leur rôle dans le suivi ; il leur sera remis les adresses nécessaires à un bon accompagnement après la cure.Cette dernière semaine fera l’objet d’une rencontre avec l’entourage, par le biais d’une réunion au cours de laquelle seront abordés les différents points de la maladie alcoolique.

Tout au long du séjour les patients sont vus en visite médicale, à l’entrée, mais aussi les deuxième et quatrième semaines. Il existe par ailleurs une permanence médicale tous les jours.

 

Virginie Pavis, Psychologue

LA  CURE

Ce que le Centre de l’Espérance propose aux patients malades alcooliques c’est une cure de 4 semaines.

Une cure c’est avant tout un temps et un espace spécifique.

Pendant 4 semaines les patients vivent 24h sur 24 dans un lieu nouveau qu’ils apprennent à connaître, et dans lequel ils vont devoir trouver de nouveaux repères.
C’est un moment, un temps différent, un rythme autre.

Nous accueillons souvent des patients pris dans une "gestion" du temps extrême, de l’hyper ou l’hypo activité. L’Espérance fonctionne avec un programme qui alterne des cours et des moments de creux. Ce programme peut confronter le patient dans ses difficultés à mobiliser son énergie et son attention, mais pour d’autres, la difficulté apparaît au contraire dans les temps libres, lorsqu’ils sont seuls avec eux-mêmes, sans cet intermédiaire de l’activité.

Dans ce temps et dans cet espace, le patient est temporairement coupé d’un ensemble de repères extérieurs, et c’est bien ce qui va l’aider à se rencontrer, à être au plus prêt de lui-même, à sentir tout ce qu’il emmène partout avec lui dans sa tête quel que soit l’endroit et le moment.

Ce qu’on emmène partout avec soi, c’est une manière singulière de fonctionner avec les autres, avec soi-même et des attaches affectives toutes aussi singulières.

Le travail fait pendant la cure va donc nécessairement rencontrer la question des relations : Les relations aux parents, au conjoint, aux enfants, à soi-même, et même au monde parfois. Aborder cela est aussi délicat qu’essentiel.

L’objectif n’est pas de juger de qui a tort et de qui a raison, mais d’aider le patient à percevoir 3 choses :

  • quels sont ses besoins,
  • quels sont ses moyens, et bien sûr aussi,
  • quelles sont ses limites.

L’ensemble étant intriqué dans un contexte relationnel où de fait, il n’a ni tous les pouvoirs ni tous les devoirs.

Le travail de la cure c’est donc un peu un travail de tri, d’organisation de la pensée et de ses émotions aussi.

Comment le patient arrive en cure ?

Après une demande personnelle. S’il est vrai que nos patients arrivent bien souvent poussés par leur entourage familial ou par  leur médecin, c’est seulement après une demande de leur part qu’ils seront inscrits.

Le fonctionnement global de la cure

La cure se déroule à partir d’un programme obligatoire clairement défini et mené par une équipe pluridisciplinaire qui s’attache à proposer aux patients une écoute et des outils pour soutenir la  personne dans sa globalité.

Médecins, Aides Soignants et Infirmiers, Art-thérapeute, Animatrice, Kiné-sithérapeute, Assistante Sociale, Diététicienne, Psychologues, assurent des ateliers d’informations médicales, la projection et la discussion de films, l’art-thérapie, les promenades, le réveil corporel, la relaxation, le suivi social, l’information nutritionnelle, et le travail psychologique.

Nous fonctionnons avec des groupes de 9 à 13 personnes au départ. Ces groupes sont fermés (s’il y a un départ de patient celui-ci ne sera pas remplacé). Les patients vont suivre tous les cours ensemble.

La cure repose sur un contrat, dont les engagements principaux concernent l’abstinence totale pendant toute la durée de la cure (contrôle par éthylotest), le strict respect de la confidentialité des échanges en groupe de travail (partage de la vie privée, de moments forts…), et l’assiduité à l’ensemble du programme.

Chaque patient s’engage également à respecter la stricte confidentialité des échanges en groupe de travail.

Programme : Travail de groupe – Différents professionnels qui animent un ensemble de cours avec l’objectif d’apporter une écoute et des outils à la personne dans sa globalité.

Le travail psychologique en groupe.

La formule n’est pas très jolie mais il ne s’agit ni de groupe de parole ouvert et "facultatif", ni d’une thérapie de groupe au sens strict.

Ce travail psychologique de groupe fait parti du programme obligatoire de la cure.

Le rythme est de 4 séances par semaine. Il est demandé aux patients de respecter la parole de l’autre notamment par l’écoute et de respecter bien sûr la confidentialité des échanges.

Ce travail qui s’inscrit sur 4 semaines est soutenu par une trame plus ou moins modulable.

Les tous premiers jours sont consacrés à la rencontre du groupe, les patients vont se présenter et ils seront invités à exposer leur motivation actuelle pour se soigner.

Ensuite seront abordés les rituels.

Nous proposons aux patients de prendre un moment dans leur temps libre pour écrire le déroulement d’une "journée d’alcoolisation" puis l’exposer au groupe. Le travail d’écriture demande au patient une attention particulière et l’objectif est  d’engager le patient à se regarder rétrospectivement fonctionner avec l’alcool pour une meilleure prise de conscience de la dépendance et des effets négatifs sur sa lucidité, son énergie voir même sa dignité.

Avec le rituel, les patients vont mieux percevoir ce qu’ils partagent les uns avec les autres, la dynamique de groupe est en train de se constituer au travers des différents temps de travail collectif.

Ce rituel permet aussi parfois de sentir qu’avec l’alcool le patient s’autorisait ce qu’il ne se permettait pas à jeun. Par exemple on peut entendre des rituels où les personnes sont prises dans des activités continuelles dans un rythme hyper soutenu, et ne peuvent se pauser qu’avec l’alcool,  en se mettant "KO".

Après cette première étape de rencontre et de prise de conscience, le travail va s’approfondir avec ce qu’on appelle "les rivières". Cette expression reprend le nom d’un film qui utilise la métaphore de la rivière pour évoquer le parcours d’une vie, vie atteinte à un moment par la maladie alcoolique. Ce film fait partie du programme et un Aide Soignant, souvent Pierre, explique aux patients le travail qui leur est demandé.

Cette rivière est le cœur du travail de la cure, le patient est invité à retracer son parcours de vie depuis sa naissance et non depuis les débuts de son alcoolisation, et jusqu’à aujourd’hui.

C’est un travail particulier qui ramène la personne à son enfance et aux épreuves de la vie qu’il a dû surmonter.

Le patient se confronte là à la question de sa sensibilité et à celle de ses limites, c’est une prise de conscience importante qui va permettre de mieux se percevoir dans la continuité des différentes époques de sa vie.

Dans chaque rivière même les plus douloureuses, ce que nous  mettons en évidence ce sont les ressources que le patient a mobilisé à chaque fois, ses capacités.

Nous l’aidons aussi à percevoir là où il a perdu de l’énergie, dans quelle logique néfaste il était pris, et à imaginer un fonctionnement différent pour mieux "la gérer". Toute la question des relations dont j’ai parlée avant, des moyens, des besoins et des limites, est abordée ici.

Cette rivière que le patient a écrite pendant son temps libre seul ou avec l’aide d’un professionnel, est un travail de rencontre avec soi-même et d’organisation de sa pensée de ses souvenirs. Il s’agit d’une esquisse que chacun complètera par la suite à sa manière. Pendant la cure les patients peuvent demander des entretiens individuels dans ce but.

Les derniers jours de la cure les patients vont faire leurs bilans. Un bilan individuel qui reprend les motivations de départ, le travail fait pendant la cure et les perspectives à court et moyen terme. Un bilan de groupe que les patients réalisent ensemble sans les professionnels, et qui évoque la rencontre du groupe, le travail fait ensemble et le sentiment groupal à l’approche de la séparation.

Travail entretien individuel

A la demande des patients :

  • Approfondir les points particuliers qui ne peuvent être qu’effleurés en groupe.
  • Occasion pour certains, c’est le cadre qui le propose, où ils s’autorisent ce qui n’est quelquefois pas envisageable à l’extérieur, parce que cela demande un autre niveau de prise de conscience de leur sensibilité et engage dans une dynamique de changement.

La prise en charge 24h sur 24 représente une sécurité.

Témoignage d'une cure : Pierre Bourquin, Aide Soignant

Ce texte n'est composé que de témoignages écrits par des patients venus se soigner au Centre de l'Espérance, complétés parfois de mes propres souvenirs d'alcoolique rétabli.

Est-ce un instinct de survie, de conservation, de refus de la déchéance qui m'a amené ici ?

Le car vient de me déposer devant l'entrée de l'Espérance. 100 m avant, j'avais repéré le bar du PMU, et là, sur le trottoir, j'ai longtemps hésité. Ce qui m'a décidé, c'est qu'il n'y avait pas de barrière à l'entrée de ce grand parc arboré, avec au fond, un bâtiment de 4 étages plutôt sympa ; et puis, j'avais assez forcé la veille !

Autant que je me souvienne, j'avais le sentiment sans exagérer, que le car, c'était un peu une bétaillère, et c'est résigné que j'allais à l'équarrissage. Des films, je m'en étais faits ces dernières 48 heures, de l'hôpital psychiatrique attaché sur un lit, en passant par la cure de dégoût. Dégoût de tout et de soi-même sûrement !

Comment en étais-je arrivé là ? Une cure pour alcooliques ! Ah ! Mais là, attention, "moi, c'est pas pareil", je ne suis pas un poivrot, d'ailleurs je n'ai jamais été ivre. Imbibé, oui, mais jamais on ne m'a vu soûl, j'ai toujours su ne pas prendre le dernier verre qui…

Ce matin-là, mes jambes ne me portaient plus, mes yeux étaient fixés sur le bout de mes chaussures, ma valise pesait une tonne.

J'ai à peine entendu un "Bienvenue au club", lancé par quelques gars qui fumaient dehors. Mois, j'étais MAL…HEUREUX ; l'alcool, c'était pas ma préoccupation première. Les mots comme dépendance, abstinence, ça n'avait pas de sens. J'en pouvais plus de ma vie, j'étais en survie. Au moins là, j'étais loin de la maison, loin du regard accusateur de ma femme, des menaces de mon patron, loin du téléphone et de la boîte aux lettres, oublié le vide dans la tête au petit matin, incapable de se rappeler des conneries de la veille..

Et puis, une jeune aide-soignante est venue à ma rencontre avec un franc sourire : "soyez le bienvenu Monsieur, je peux vous aider ?"

Monsieur ? C'est à moi qu'elle s'adresse avec cette voix si douce ?

L'entrée administrative est vite faite. On me prend même en photo (pour les besoins du service parait-il). J'ose déjà pas regarder les gens en face, alors, ma photo, vous pensez !

Le hall d'entrée est un peu triste, mais on me montre la salle à manger, lumineuse, où il n'y a qu'une cinquantaine de places. Finalement, une grande bâtisse pour peu de monde.

"Vous verrez, on mange très bien ici, les premiers temps, si vous le désirez, vous pouvez avoir double ration". C'est vrai que j'ai très vite retrouvé de l'appétit. Le matin, j'aurais avalé une flûte entière, ces derniers mois, je ne mangeais… que du liquide.

Puis, elle m'explique rapidement le programme de la semaine affiché au rez-de-chaussée.

Il y a 4 groupes de 12 ou 13 personnes qui se succèdent toutes les semaines avec la même prise en charge.

Une voix bienveillante me dit : "vous savez, ici, tout le monde a le même problème, il faut être fier de votre démarche".

Mon groupe s'appelle "BALEARES", Baléares à la montagne ?

Je ne savais pas tout, mais on me rassure, j'aurai vite pris le pli et puis un parrain, un gars qui est là depuis 15 jours me réexpliquera tout, me fera visiter la maison, et surtout, me dira comment il vit sa cure.

Présentation de l'infirmerie, des infirmières à la pelle – il faut dire que c'est le jour des entrées – eh ! Plutôt mignonnes !

Contrôle, éthylotest, ça me rappelle de mauvais souvenirs. Mais là, il y aura zéro, c'est sûr, ah non, 0,50x2 quand même ; et je n'ai rien bu ce matin.

Voilà ma chambre, c'est un peu ancien, mais il y a une belle vue et un grand balcon. Mon voisin est arrivé un peu avant moi. Il a au moins 60 ans, et pas très frais (je saurai plus tard qu'il n'a que 45 ans).

Une infirmière arrive avec une perfusion et malgré son sourire, je n'en mène pas large. Trois jours avec ça, et il faudra aller en salle à manger avec ! Ah non, alors. Elle tente de me rassurer mais je suis si tendu qu'elle n'arrive pas à me piquer. Enfin, elle me pose des questions pour mieux me connaître et cerner ma motivation.

-         "écoutez, faîtes-moi tout ce que vous voulez, et puis c'est tout".

-         "Non, non, me dit-elle, ici, il faut venir se SOIGNER et non pas SE FAIRE SOIGNER".

Cette phrase a été déterminante à l'entrée ; bien que l'alcoolisme soit une maladie, nous sommes acteurs de notre guérison.

J'avais déjà été hospitalisé en urgence dans des services de gastro, d'alcoolos ! Mais là, je n'ai jamais vu d'infirmière (s) comme elle (s) là. Une voix douce, un sourire, du respect à faire fondre toutes les carapaces. Je vais lui confier mon mal-être, ma souffrance, pleurer même. Ça ne m'était jamais arrivé, ça me soulage et j'ai déjà moins honte.

Puis le médecin me reçoit (2 médecins alcoologues pour 50 patients). On sent que c'est quelqu'un qui aime les gens et puis je pourrai venir le voir tous les jours, en cas de bobos.  Je pousse un OUF de soulagement, je me sens déjà bien ici, mais pourquoi ne m'en a-t-on pas parlé plus tôt ?

L'accueil a été pour moi un déclic et ainsi je me suis investi à fond pour comprendre, pour ME comprendre.

Grâce à cette chaleur et à cette écoute, je ne me suis pas enfermé dans ma carapace et ainsi, je me suis senti libre de parler avec d'autres patients, ce qui m'a permis de me rendre compte que je n'étais pas le seul dans le même cas.

Les hommes comme les femmes, ressentent la même honte, culpabilité, dégoût de tout et de soi-même. J'ai parlé de cette maudite maladie, je n'avais plus honte. Il y a même des jours, on en rigolait. Je connaissais le soigné (soi-nié) mais il y a aussi le guérir (gai-rire).

Je suis arrivé un mardi et dès le vendredi, une machine se met en route, parfaitement huilée, qui ronronne bien, qui vous prend par la main pour 4 semaines. Pour peu qu'on lui fasse confiance, elle vous déculpabilise, elle fait de vos soi-disant faiblesses, des forces. Un travail sur l'estime de soi, basé sur le respect de l'autre et de soi-même, qui vous oblige à croire en vous et à des jours meilleurs.

J'ai apprécié l'équilibre voulu entre les temps de travail en groupe (ou en individuel à ma demande), les informations sur la maladie, délivrées par les médecins, les temps de détente et les temps de réflexion imposés.

J'appréhendais une cure de groupe, je me suis trompé, j'ai beaucoup appris, j'ai avancé et pris conscience que d'autres ont ressenti les mêmes pulsions, les mêmes troubles, les mêmes espoirs et désespoirs. Les drames de vie, les traumatismes psychiques de certains, m'ont permis de relativiser mes propres problèmes.

De l'encadrement thérapeutique, j'étais sur la défensive par crainte de ne pas être compris et mis à l'écart sans soins. Là aussi, je me suis trompé : je ne me doutais pas qu'il existait autant d'écoute et de chaleur humaine.

A l'Espérance, j'ai osé dire la souffrance qui m'étouffait, j'ai tout raconté : les coups, les humiliations, le chagrin, le vide. On m'a accompagné avec beaucoup de respect et tant d'amour…

"La rivière" a été une arme pour évacuer cette souffrance. Pourquoi garder en soi des secrets empoisonnés ? J'ai redouté faire ma rivière, mais quel chemin ! Merci aux psychologues (des psys pas trop psys !).

  • Sylvie, toujours de bonne humeur m'a redonné le goût de la gym', de la marche, et même de la danse (le Madison). Que de fous rires, de vrais gosses. Et que dire des séances de relaxation, et de massages du dos, s'il vous plait ! Elle m'a permis de décompresser, de me défouler, et de mettre en pratique le dicton : "un esprit sain dans un corps sain".
  • Je remercie Marie-Claire, l'animatrice de l'atelier si  compréhensive, si patiente, si disponible. L'atelier nous permet de nous évader, en tout cas, je l'ai ressenti comme un bon moment de détente, chose qui ne m'était pas arrivée depuis longtemps et m'a fait découvrir des dons que j'ignorais (je ne suis plus bourré d'alcool, je suis bourré de talents).
  • L'assistante sociale m'a aidé à remettre de l'ordre dans mes papiers et dans ma tête. Je n'ai pas vu passer ces 4 semaines car au programme, il y avait aussi :
  • Une rencontre avec les associations d'anciens buveurs,
  • Une rencontre avec les CCAA du secteur,
  • Une réunion avec nos familles qui ont été alcooliques sans boire,
  • La projection d'une dizaine de films, suivie d'un travail personnel dans sa chambre et d'un débat le lendemain : "le vécu de l'autre qui fait résonance chez moi".
  • J'allais oublier Chantal et l'Arthérapie, une révélation.
  • Coco et son Salon de Coiffure et de maquillage : "je veux leur prouver que j'ai changé" et ainsi, lire ma transformation dans le regard de l'autre.

Enfin, une vraie marque de confiance : pouvoir sortir seul dès le dixième jour ; que de belles balades j'ai faites ! et aussi la possibilité de prendre 2 permissions par mois.

  • Et tout cela encadré par une véritable équipe soudée, et très impliquée.

Peu motivé pour venir en  cure, aujourd'hui je peux vous affirmer regretter de ne pas m'y être rendu plus tôt.

J'ai été acteur de ma cure, je me suis réapproprié mon histoire, en devenant mon propre thérapeute. Je me suis rendu compte que c'était mon alcoolisme qui m'avait fait perdre pied. Les forces morales et physiques n'étaient plus là, et j'ai bien failli me noyer.

Ici, à l'Espérance, j'ai posé mon fardeau, je me suis RELEVE. Même si je me considère encore fragile, j'ai une meilleure estime de moi, je ne suis plus en conflit avec moi-même et maintenant :

"mon passé, laissez moi passer".

Je n'ai plus qu'à faire rimer l'espérance avec les mots : abstinence, vigilance et persévérance.

Mise à jour le Vendredi, 19 Août 2011 15:48