Groupe Interalcool Rhône Alpes

réfléchit, échange, publie...

  • Augmenter la taille
  • Taille par défaut
  • Diminuer la taille

Vulin - création...

Imprimer PDF

La prise en charge de la problématique alcoolique : Intervention et discussion avec Michèle Monjauze,  Psychologue Clinicienne, spécialiste de la pathologie alcoolique

Acte de création artistique en alcoologie :
Marie-Béatrice Vulin, Arthérapeute à la Clinique La Roseraie

D’un contenu latent à un contenu manifeste, sublimation pulsionnelle, rôle cathartique, la création artistique questionne sur son origine et sa fonction. De même nous pourrions nous poser les mêmes questions quant aux origines et fonctions d’une consommation excessive d’alcool.

Il semble que le sujet alcoolodépendant résout quelque chose d’intime en buvant, et d’une certaine façon l’artiste aussi en créant.

L’artiste donne une forme à l’innomé en s’adressant directement aux perceptions. Par son acte artistique, il fait œuvre de transformation ou de symbolisation de ce qui n’a pas encore été reconnu en s’éprouvant lui-même dans un temps et un espace donné. L’oeuvre peut donc s’inscrire dans le champ intra psychique de l’artiste et le champ inter psychique par ce qu’il donne à voir au public.

Si l’oeuvre fait exister son auteur, elle fait aussi exister le spectateur par ce qu’elle lui renvoie de lui ou par les brèches qu’elle ouvre sur le réel. Ce qui se nomme n’est souvent pas la même chose pour l’artiste et le spectateur, mais ce qui reste est ce lieu de rencontre intime au travers de l’œuvre. Un lien se crée, s’intériorise, évolue.  Par sa capacité de renouvellement et de questionnement, il reste créatif.

Le sujet alcoolodépendant est en quête d’existence, mais une existence qui ne s’incorpore pas, qui ne limite pas l’intérieur de l’extérieur. Une existence en "continu", "liquide" dont le moteur serait l’indifférenciation, l’annulation de soi et de l’autre. Sa quête et son action sont paradoxales. L’alcool se partage mais les effets s’éprouvent seul, sans construire de liens durables. La dépendance alcoolique rejoue sans cesse "ce sentiment d’inexistence dû à l’absence de relation signifiante avec l’objet maternel" dit Michèle Monjauze dans  L’homme desespécé.

La création et l’alcoolisme sont tous deux du domaine de l’agir et, tous deux comme des tentatives d’exister autrement que dans la parole. Seulement l’un crée du lien, l’autre l’annule. Ainsi comment allier ces deux univers afin que se tisse un sentiment d’existence et s’élabore une abstinence ?

L’expérience fonde l’action thérapeutique des ateliers à médiation artistique. Une expérience sensible qui met en mouvement une forme de pensée et le sentiment d’exister.

C’est peut-être à cet endroit que nous sollicitons le noyau créatif du patient, il s’approprie ce qui vient de l’extérieur et aussi de lui, il y répond en le restituant sous une forme artistique qui s’apparente au langage. Le regard de l’art-thérapeute donne du sens par ce qu’il voit, ressent mais aussi par la légitimité donnée par les histoires de l’art. Ainsi le sens culturel donné à l’acte artistique, aide le sujet à rejoindre un sentiment d’appartenance à une communauté humaine d’où souvent il s’était exclu.

L’agir artistique sortirait de la répétition mortifère de l’alcool pour "laisser la part proscrite de soi s’exprimer" dont Michèle Monjauze parle dans son livre "La problématique alcoolique".

Ainsi à quelles conditions l’accompagnement à travers l’expérience artistique pourrait-il être un moyen d’éviter les deux écueils dont M. Monjauze parle, qui sont : fournir des mots que le patient ne pourra s’approprier ou entrer dans la régression alcoolique et y perdre le penser ?

Quels apports structurants la médiation par la création artistique peut elle apporter aux sujets alcoolodépendants ?

Quelle complémentarité trouvez vous dans cette approche avec votre travail de thérapeute?

Mise à jour le Samedi, 16 Juillet 2011 07:16