Groupe Interalcool Rhône Alpes

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jcb - errance...

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Témoignage de Monsieur Jean-Claude B. sur son parcours d'errance

Je m'appelle Jean-Claude B. J'ai 53 ans et je suis le père de deux enfants. J'habitais dans le nord, une région où l'on buvait pas mal. Lorsque j'étais gamin, les premiers coups à boire se passaient dans les communions, les mariages... A l'adolescence, c'était les bandes de copains avec qui ont boit, c'était pour se donner de la force, pour draguer, ou pour "faire le con" ou être à la hauteur.

Puis, dans ma période de travail, j'avais un poste d'attaché de direction aux services économiques dans le milieu hospitalier, c'était les pots avec les collègues, pour les anniversaires, avec les représentants.

Je suis devenu alcoolique dépendant, il me fallait ma dose de plus en plus. A cause de tout ça j'ai perdu ma maison, ma femme, mes enfants, ma famille...

Et puis un beau jour, j'ai décidé de prendre le sac et de partir sur la route. J'ai eu une période d'errance de 10-11 ans pendant laquelle j'ai vendu des journaux de rue, j'ai fait la manche pour me payer l'hôtel ou ma maîtresse qui était la bouteille.

C'était ma maîtresse car c'était la seule chose qui comptait. Cette image reflète vraiment ce qu'est l'alcoolisme. Tant que je n'avais pas ma dose, ça n'allait pas. De jours en jours, de mois en mois, d'années en années, j'ai plongé au plus profond. C'était les foyers d'accueil et d'urgence du type Père Chevrier, l'Armée du Salut, les chambres d'hôtel quand je pouvais les payer, chez les "amis" quand ils voulaient bien m'héberger,

C'était l'errance totale et à la fin  je n'étais que dans la rue. Je refusais tout ce qui était soin, je refusais tout ce qui était conseil. On me disait blanc je disais noir et si on me disais noir je disais blanc.

Pour me soigner de la maladie alcoolique, il m'a fallu 18 ans.

J'ai fait quatre cures et une post-cure. Si j'ai fait les premières cures, c'était pour faire plaisir à la famille et à mon ex-femme, pour faire plaisir à mon employeur. Donc, à chaque fois, je le faisais contre mon gré. Ca ne servait à rien du tout et il y a même des cures où j'allais boire un canon à côté avant la fin de la cure.

Puis en 2005, après plusieurs séjours en cellule de dégrisement et un événement de ma famille, j'en ai eu ras le bol. Là, j'ai eu le déclic et je me suis soigné.

Je connais la date exacte à laquelle j'ai arrêté de boire : le 12 octobre 2005 à 12 h 05. A partir de là, avec ma référente sociale du C.A.O. (centre d'accompagnement et d'orientation de Lyon) Nadine Michel, nous avons commencé par une chambre d'hôtel. Puis après avoir prouvé que je tenais le coup, que j'étais sérieux, je suis passé en résidence hôtelière. Puis nous sommes partis sur la solution maison-relais où je suis actuellement.

Ce que je souhaite maintenant, c'est d'avoir un petit appartement comme tout le monde et retrouver du boulot, pour pouvoir vivre normalement comme tout le monde. Je tiens à signaler que j'ai fait tout de même un C.E.S. (contrat d'emploi solidarité) et un C.A.E. (contrat d'accompagnement dans l'emploi). Mais je sais qu'à mon âge ce n'est pas évident de retrouver un boulot stable et je reste toujours plus ou moins dépendant du système. Mais j'essaye et je fais tout pour m'en sortir. Voilà en gros mon itinéraire.

Au sortir de ma post-cure je suis allé dans une autre association : "Vie Libre". C'est un groupe de personnes avec lequel je me sens bien. Ce groupe de personnes m'a aidé à lutter contre l'alcoolisme et m'a beaucoup aidé à me soigner.

Depuis un an, j'estime que m'ayant aidé, c'est à mon tour d'aider les gens qui veulent se sortir de la maladie alcoolique, car l'alcoolisme est une maladie dont on peut se soigner si on le désire.

Je fais des interventions au Centre Les Bruyères à Létra (Centre Médical Spécialisé), les lycées à Rillieux la Pape comme le lycée Lamarque, et je commence à porter mon témoignage via le C.A.O. à travers des séminaires comme celui de ce matin. Je continue à m'engager et cela m'apporte beaucoup de choses. Cela me rappelle que je suis un malade guéri mais toujours en rémission, comme pour un cancer. Je dois faire attention et surtout TOLERANCE ZERO.

Mise à jour le Samedi, 20 Août 2011 08:16