Groupe Interalcool Rhône Alpes

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CHEVRY-colloque

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Dr Pascale CHEVRY, psychiatre

Colloque du 18 septembre 2015 - Un mot pour le dire.

C'est sûrement ce côté atypique qui m’a conduite à participer puis à être présidente de cette association 10 ans.

Atypique car entre deux, entre le domaine du travail, et les loisirs : c’est un groupe bien ancré dans la vie associative : importance des relations, reconnaissance de chacun, liberté des idées et de l’adhésion, un groupe en marge des institutions, et en contre-pouvoirs de la pensée de celles-ci et de leurs évolutions : une entité à part, qui a son individualité propre.

Atypique donc Dynamique ou Dynamisant.

Et de ce fait, c je n’ai pas envie de parler du passé, mais de mon présent.

Pourquoi ? Exerçant comme psychiatre de CMP et psychiatre de liaison en hôpital général maintenant à Manosque, l’addictologie fait toujours partie de mon quotidien en tant que psychiatre. Je remarque surtout que le Groupe Interalcool contribuait à Lyon, pour moi, de connaître et rencontrer des personnes marquées par l’alcoolodépendance, directement ou indirectement, et que cela favorisait les liens avec des membres d’associations néphalistes, en diminuant le jugement ou bien aussi, la lecture binaire simpliste dépendants /non dépendants..

Dans le 04 (Alpes-de-Haute-Provence) ou j’exerce, la première association d’entraide est à 45 km, et hors du département, j’ai donc dû changer mes habitudes de faire valoir l’entraide autour de la notion de dépendance à un toxique.

Naturellement, je suis allée d’un côté vers les addictologues présents localement, qui sont tous devenus des collègues proches,  et d'autre part, du coté de l’entraide entre des personnes de groupes de parole que j’anime : autour de crise psychique, dans le cas de souffrance psychique aiguë,  ou recherchant un espace de thérapie groupale en CMP.

Dans ces groupes de parole, l’alcoolodépendance y est souvent évoquée, et l’addictologie également, la dépendance à un comportement toxique aussi. Ce que je peux y remarquer c’est la gravité et la complexité des situations dès lors que  deux problèmes de santé se superposent. Nous appelons cela la  co-morbidité en médecine, lorsqu’il s’agit de pathologies individualisables : En  particulier la problématique bipolaire (de la cyclothymie à la psychose maniaco-dépressive) et l’alcoolodépendance. Cette notion est déjà bien décrite (*). Étant psychiatre, je peux éclairer sur les aspects de la maladie bipolaire. Étant addictologue, je pourrais aussi soigner ces personnes du point de vue de l’addictologie. Or j’ai remarqué que les deux types de soins sont nécessaires, en parallèle, ou l’un après l’autre, par des professionnels différenciés, pour que la personne concernée puissent prendre en compte les deux problématiques à la hauteur de leur gravité et non une seule à la fois. Et considérer la prudence à avoir dans ce que j'avais décrit déjà par l'expression “un train en cache un autre”.

En conséquence, la spécificité de l’alcoologie ou du soin de la dépendance à un toxique est à préserver pour le meilleur pronostic de nos patients. L’avenir est donc selon moi, la préservation de la complémentarité des approches dès lors que la superposition de deux problématiques ou plus est connue. Il importe de la reconnaître, de la rechercher, sans banaliser.

Je vous remercie.

(*)http://www.troubles-bipolaires.com/maladie-bipolaire/comorbidites-maladies-associees/

Alcool et troubles mentaux: De la compréhension à la prise en charge du double diagnostic, 2013

Par Amine Benyamina,Michel Reynaud,Henri-Jean Aubin, p180

Mise à jour le Vendredi, 04 Décembre 2015 17:47