Groupe Interalcool Rhône Alpes

réfléchit, échange, publie...

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Munier - Colloque

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Colloque 18 septembre 2015

Le fabuleux destin de deux psychologues en addictologie :

Quelle place pour une approche psychothérapique en addictologie ?

Michèle MUNIER, psychologue clinicienne, CMS Les Bruyères - (Marion CHAMPAGNE-COUDEYRAS, psychologue clinicienne, ELSA CH St-Joseph/ St-Luc, qui a participé à l'écrit de l'intervention.

 

 

D'après diaporama

Le scénario

La commande :

  • Une  intervention transgénérationnelle à deux voix (à deux voies ?).
  • La place des psychothérapies.

Notre réponse :

  • Regards croisés sur une aventure personnelle.
  • Regarder d’où l’on vient, pour comprendre où l’on est, et savoir là où on va…

Le décor et les acteurs

  • De l’homme sans visage aux racines (psychiques) du mal.
  • Entre corps et psyché.
  • Entre objet et rejet.

C’est une maison bleue

  • Un bouleversement idéologique.
  • Inventer une nouvelle clinique.
  • De nouveaux lieux pour une nouvelle prise en charge.

Requiem for a dream

  • La réduction des risques.
  • Le changement de profil des consommateurs.
  • La naissance de l’addictologie.
  • La chimie des sentiments.
  • L’apport de la neuro-biologie.
  • Les limites de la neuro-biologie.

  • Un psychologue tout terrain

  • L’évolution des pratiques.
  • L’évolution des outils.

Drôle d’endroit pour une rencontre

Rencontre du troisième type

  • Le paradoxe du soin.
  • La psychothérapie comme espace transitionnel.

Les accessoires de la rencontre

  • Priorité au produit ?
  • Priorité aux représentations psychiques ?
  • Priorité au patient !

Drôle d’endroit pour une rencontre

Les outils

  • Les diverses approches psychothérapiques.
  • La multiplicité des outils.
  • La souplesse est de rigueur !

Epilogue

Où il est question d’accordage plus que d’artillerie

25 ans d'échanges au

GROUPE INTERALCOOL RHONE-ALPES

Réseau, Réflexion, Recherche

Quels futurs en addictologie ?

Passé, Présent, A venir...


Association Loi 1901

N° W691056709

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Mr Serge LUC

Président

Equipe de Liaison de Soins en

Addictologie

Groupe hospitalier Nord (HCL)

 04 26 73 26 02

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Mme Martine BUHRIG

Vice Présidente

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Dr Pascale CHEVRY

Présidente honoraire

 06 89 47 56 55

Mr Michel KAIRO

Trésorier

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Mr Pierre BUREL

Trésorier Adjoint

Le Gontey

55, chemin du May

69530 ORLIENAS

04 78 05 37 63

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Mme Nadia KANTOROWICZ

Secrétaire

Equipe de Liaison de Soins en

Addictologie

Groupe Hospitalier HEH

 04 72 68 46 45

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Mme Renée CHAPELLE

Secrétaire chargée de mission

par le Bureau

 06 99 17 42 06

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Mr Julien CADEAU

Chargé de mission par le Bureau

Administrateur Site GIARA

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Quelques mots sur le colloque

Par Serge LUC

Pour nous contacter :

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Notre site :

http://groupeinteralcool.free.fr



Ouverture, Serge LUC (président du GIARA)



Modérateurs :

s Dr Ghislaine CALLIES de SALIES (addictologue, Hôpital de L'Arbresle) et

s Dr Olivier JAILLET (addictologue, GHM Les Portes du Sud)




Avec le fil rouge de Olivier Luge et ses dessins sur le vif

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GROUPE INTERALCOOL : une association atypique

Un mot pour le dire : des membres fondateurs, des acteurs, des participants témoignent : Dr Daniel SETTELEN (psychiatre),

Dr Pascale CHEVRY (psychiatre), Cécile PLANCHE (psychologue), Michel KAIRO (intervenant en addictologie), Georgette CARNEVALE (Vie Libre), et Gilles CHAMPIOT-BAYARD (infirmier).

Dr Daniel SETTELEN (psychiatre)


Dr Pascale CHEVRY (psychiatre)

C'est sûrement ce côté atypique qui m’a conduite à participer puis à être présidente de cette association 10 ans.

Atypique car entre deux, entre le domaine du travail, et les loisirs : c’est un groupe bien ancré dans la vie associative : importance des relations, reconnaissance de chacun, liberté des idées et de l’adhésion, un groupe en marge des institutions, et en contre-pouvoirs de la pensée de celles-ci et de leurs évolutions : une entité à part, qui a son individualité propre.

Atypique donc Dynamique ou Dynamisant.

Et de ce fait, c je n’ai pas envie de parler du passé, mais de mon présent.

Pourquoi ? Exerçant comme psychiatre de CMP et psychiatre de liaison en hôpital général maintenant à Manosque, l’addictologie fait toujours partie de mon quotidien en tant que psychiatre. Je remarque surtout que le Groupe Interalcool contribuait à Lyon, pour moi, de connaître et rencontrer des personnes marquées par l’alcoolodépendance, directement ou indirectement, et que cela favorisait les liens avec des membres d’associations néphalistes, en diminuant le jugement ou bien aussi, la lecture binaire simpliste dépendants /non dépendants..

Dans le 04 (Alpes-de-Haute-Provence) ou j’exerce, la première association d’entraide est à 45 km, et hors du département, j’ai donc dû changer mes habitudes de faire valoir l’entraide autour de la notion de dépendance à un toxique.

Naturellement, je suis allée d’un côté vers les addictologues présents localement, qui sont tous devenus des collègues proches,  et d'autre part, du coté de l’entraide entre des personnes de groupes de parole que j’anime : autour de crise psychique, dans le cas de souffrance psychique aiguë,  ou recherchant un espace de thérapie groupale en CMP.

Dans ces groupes de parole, l’alcoolodépendance y est souvent évoquée, et l’addictologie également, la dépendance à un comportement toxique aussi. Ce que je peux y remarquer c’est la gravité et la complexité des situations dès lors que  deux problèmes de santé se superposent. Nous appelons cela la  co-morbidité en médecine, lorsqu’il s’agit de pathologies individualisables : En  particulier la problématique bipolaire (de la cyclothymie à la psychose maniaco-dépressive) et l’alcoolodépendance. Cette notion est déjà bien décrite (*). Étant psychiatre, je peux éclairer sur les aspects de la maladie bipolaire. Étant addictologue, je pourrais aussi soigner ces personnes du point de vue de l’addictologie. Or j’ai remarqué que les deux types de soins sont nécessaires, en parallèle, ou l’un après l’autre, par des professionnels différenciés, pour que la personne concernée puissent prendre en compte les deux problématiques à la hauteur de leur gravité et non une seule à la fois. Et considérer la prudence à avoir dans ce que j'avais décrit déjà par l'expression “un train en cache un autre”.

En conséquence, la spécificité de l’alcoologie ou du soin de la dépendance à un toxique est à préserver pour le meilleur pronostic de nos patients. L’avenir est donc selon moi, la préservation de la complémentarité des approches dès lors que la superposition de deux problématiques ou plus est connue. Il importe de la reconnaître, de la rechercher, sans banaliser.

Je vous remercie.

(*)http://www.troubles-bipolaires.com/maladie-bipolaire/comorbidites-maladies-associees/

Alcool et troubles mentaux: De la compréhension à la prise en charge du double diagnostic, 2013

Par Amine Benyamina,Michel Reynaud,Henri-Jean Aubin, p180


Cécile PLANCHE (psychologue)

Cet anniversaire est l’occasion de rendre hommage à ceux qui nous ont précédés et qui nous ont légué leur héritage. Merci à Simone Veil, ministre de la Santé de 74 à 79, qui préconise en 1977 l’ouverture d’unités d’alcoologie et recommande de réserver des lits en centres hospitaliers pour accueillir des malades alcooliques, dans l’idée que l’alcoolisme ne doit plus être considéré comme une maladie psychiatrique. La circulaire de 83 officialisera ces unités qui deviendront Centres d’Hygiène Alimentaire et d’Alcoologie (les CHAA) dont la mission sera d’assurer l’accompagnement médical, psychologique et social du buveur excessif et du malade alcoolique.

En 1982, dans ce contexte sociopolitique favorable, Monsieur Besnard, directeur de la DDASS de Lyon (Direction des Affaires Sanitaires et Sociales devenue l’ARS, Association Régionale de Santé en 2010) et le Dr Nicole Léry (médecin légiste, Présidente de Santé, Ethique et Liberté, SEL) fondent le Groupe Interalcool pour coordonner les soins. Les Docteurs Gonnet, Settelen, les assistantes sociales Marie-Thérèse Coulon, Martine Mabboux et Jocelyne Pagès les rejoignent pour assurer la logistique et l’organisation des réunions. Conduit, et mené fermement jusqu’en 1992 par Nicole Léry, figure emblématique et personnage haut en couleur, que les anciens ne peuvent oublier, le Groupe Interalcool devient en quelques années une instance de référence  incontournable dans le domaine médical, social, juridique, et auprès des services publics et des entreprises privées…

Il est :

Un lieu d’échanges d’informations,

un lieu de réflexion, pour repérer notamment les limites éthiques de nos actions,

un lieu de recherche pour répondre aux besoins à partir duquel a germé l’idée du Centre d’Alcoologie C2A créé en 1988 aujourd’hui Lyade-C2A,

un lieu d’études : l’enquête sur "le consentement au soin de l’ivresse aiguë" a été réalisée sur la demande la Mairie de Lyon, par exemple,

un organisateur de colloques qui rassemblait des intervenants au niveau régional et national.

En 1986 : "Alcool, alcoolisme, alcoolisation, une approche plurielle".

En 1987 "Alcool et travail".

En 1990 "Ethyl, Ethique et toc"

En 1989, le Groupe Interalcool se constitue en Association loi 1901 pour favoriser son fonctionnement interne et ses relations avec d’autres structures privées ou publiques spécialisées ou non en alcoologie. Il rassemble des professionnels de tous horizons de Lyon et de la région Rhône-Alpes, concernés de près ou de loin par les problèmes d’alcoologie et de toxicomanie. Au cours de ces 5 réunions par an, j’ai le souvenir de vifs débats à cause des opinions divergentes au sujet de la conception du soin et de la prise en charge des malades, des polémiques et des controverses qui témoignaient de notre enthousiasme et révélaient notre engagement dans cette approche plurielle de la dépendance et des poly-dépendances.

Quand j’ai présenté en 1985 la pratique originale de la vidéo-thérapie que nous menions au centre d’hygiène alimentaire d’Albertville, je n’imaginais pas que j’en deviendrai la Présidente 10 années plus tard.

Elue en 1995, après le départ de Nicole Léry, et un moment de flottement, j’ai cru bon :

de renforcer son assise en lui donnant des statuts plus rigoureux ;

de réactualiser son mailing en fidélisant ses adhérents et en en sollicitant d’autres ;

de créer un site Internet pour une meilleure communication avec la collaboration précieuse de François Crochon, le Secrétaire de l’Association.

A cette époque, la politique de la Santé, et "la mode", était de rechercher un langage commun (?), de construire (artificiellement ?) un réseau de soins et de développer toujours plus d’actions. J’ai surtout voulu faire partager ma vision de psychologue autour de l’accompagnement du sujet alcoolique en intégrant son entourage familial, social et professionnel.

Certes, il était naturel de continuer à faire connaître "les menus thérapeutiques" et les "boites à outils" des structures de la région -j’utilise ici les expressions de Nicole Léry- c’est-à-dire de reconnaître la spécificité de chacun et de chaque institution, pour proposer au malade et à sa famille, les soins à lui prodiguer au bon moment et au bon endroit.

Mais aussi, je jugeais important de relever au moins trois défis :

1. Accueillir l’intervenant, qu’il soit professionnel ou bénévole, dans un espace où les hiérarchies du milieu professionnel et de la société sont abolies, pour l’entendre de la place singulière qu’il occupe dans son institution et dans le réseau, afin de dynamiser ses énergies et de l’encourager à créer des liens.

2. Penser le sujet malade dans sa dimension psychique pour ne pas le réduire à son symptôme mais en comprendre le sens.

3. Penser le sujet malade dans sa dimension familiale jusqu’à considérer la famille et l’entourage comme des alliés, voire comme des co-thérapeutes.

Le Groupe Interalcool a enrichi ma vie et ma pensée de psychologue à C2A, à la Coordination Alcool des Prisons de Lyon mise en place à la même période avec Brigitte Bouvier-Laurent (ex-Poulat) et Pascale Chevry, et à ma consultation libérale en ville. Les rencontres m’ont permis de partager les interrogations, les doutes, et d’élaborer des réponses envers ceux qui souffrent dans leur corps et leur psychisme. Il m’a entraîné dans cette belle aventure humaine d’apprendre à reconnaître l’autre (hors de toute stigmatisation normale ou pathologique) dans sa singularité et sa différence…

Bon anniversaire !


Michel KAIRO (intervenant en addictologie)

Si je devais exprimer ce que représente le Groupe Interalcool pour moi, je l’associerais à un journal ou plutôt un magazine spécialisé ? Un bi-mensuel puisqu’il se réunit tous les 2 mois.

D’ailleurs n’imprimons-nous pas un recueil annuel chaque année pour les adhérents en groupant toutes les interventions.

Donc un travail journalistique, mais pas n’importe quels journalistes !

Des reporters, des journalistes d’investigations où l’actualité et la politique nous obligent sans cesse à se remettre en cause, à réfléchir sur des nouvelles analyses et travailler sur nos interventions afin d’enrichir les participants à nos réunions.

Les intervenants sont principalement des membres du Groupe Interalcool, ce qui montre également l’implication de ces membres et le professionnalisme avec lesquels ils ne manquent jamais de s’exprimer. Ces interventions sont pluridisciplinaires et rassemblent médecins, psychologues, psychiatres, infirmières bien entendu, mais également tous les thérapeutes qui sont en lien avec l’addictologie sans oublier les associations néphalistes.

Tous les 2 ans, nous nous réunissons pour définir les thèmes qui seront abordés les prochaines années !

Les sujets retenus sont souvent liés à l’actualité mais également aux difficultés que nos professionnels peuvent rencontrer.

25 ans d’interventions qui représentent un fabuleux panorama de l’évolution de l’addictologie dans notre région, certes avec ses qualités et ses faiblesses !

L’addictologie reste une spécialité particulière ! Qui bouscule sans cesse notre conscience, notre moral, nos a priori, et parfois notre culture médicale.

Ne faut-il pas être un peu, voire beaucoup ! militant pour s’embarquer dans cette spécialisation qui ressemble davantage à une grande aventure qu’à un long fleuve tranquille.

Encore un moment très très important dans notre rencontre ! La pause ! Et oui la pause, un moment privilégié autour d’un café qui favorise les rencontres !

Dans un monde de plus en plus informatisé et déshumanisé, ces rencontres deviennent un moment exceptionnel, mettre un visage sur un nom ! Échanger autrement que par mail ou par téléphone, ou par personne interposée !

Se toucher ! Se serrer la main, enfin se rencontrer.

Se connaître, c’est un formidable raccourci pour la prise en charge de nos patients.

Nous savons que ce n’est pas facile et que votre temps est précieux, mais dans la mesure du possible, essayer d’institutionnaliser votre présence au Groupe Interalcool afin que chaque structure y soit représentée.

Je finirai en rappelant que le Groupe Interalcool, pour fonctionner, ne peut compter que sur vos adhésions, qui s’élèvent à 16 euros pour les adhésions individuelles et 32 euros pour les structures.

Je vous invite à nous rejoindre,

Merci

Georgette CARNEVALE – Abstinente volontaire du Mouvement VIE LIBRE- Secrétaire de la région Rhône Alpes.

Dès la création du Groupe Interalcool, des militants Vie Libre y ont adhéré tels que Jean Roche, Daniel Thollon aujourd’hui disparus, Jean Paul Thoral, Daniel Pruvot.

Depuis 20 ans je participe au Groupe Interalcool et je me sens bien intégrée au Groupe en tant que membre d’association parmi tout le monde médical (médecins, directeurs de centres de soins ou d’hôpitaux, psychologues, infirmiers, assistantes sociales, etc…). On est tous sur un même pied d’égalité. Chacun y trouve sa place. On a droit à la parole, sans jugement. On est complémentaire des uns des autres. On partage nos expériences au service des malades de l’alcool et maintenant des autres addictions, ce qui nous permet de mieux conseiller les personnes en souffrance quel que soit le produit consommé.

La connaissance des différentes structures de soins, du personnel, nous facilite pour orienter les malades en fonction de leurs besoins, de leur cas, car ils nous font confiance. Pour eux, on connaît le travail en réseaux, on sait, on connaît le problème pour y être passé.

Les réunions du Groupe tous les 2 mois sont très enrichissantes grâce à des thèmes renouvelés chaque année. Les interventions ne sont pas trop techniques et nous permettent d’enrichir notre savoir.

A une époque nous avons participé au PRS (Projet Régional de Santé).


Gilles CHAMPIOT-BAYARD (infirmier)

De la santé communautaire à la santé publique : itinéraire de la réduction des risques


Dr Aurélie BERGER-VERGIAT (psychiatre, addictologue, CSAPA d’HEH)


Thierry RELAVE (membre du CA d’ARIA et bénévole au CAARUD RuptureS)

Historique de la RDR

Préambule

Engagement bénévole à RuptureS il y a plus de 10 ans, la découverte d'un CAARUD (Centres d’Accueil et d’Accompagnement à la Réduction des risques pour Usagers de Drogues) et de la RDR, (Réduction des Risques) les rencontres formidables, mon enrichissement personnel, l'engagement au sein du Conseil d'Administration, coup de chapeau aux travailleurs sociaux...

Introduction

Il n'existe pas de stratégie unique qui puisse répondre de manière vertueuse ou systématique aux problèmes liés aux addictions (quelles qu'elles soient. Le champ addictif s'élargissant de plus en plus : drogues, alcool, tabac, sexe, argent, jeux, consommation frénétique de médicaments etc) et dont l'attrait pour beaucoup d'entre-elles, est directement sollicité par nos modèles de société et par des biais que nous connaissons très bien ; l'appât du gain, le mercantilisme, le libéralisme économique, le marketing etc, dont les intérêts sont très rarement en adéquation avec les problématiques de santé. Ces sociétés donc, celles-là même qui sont sensées nous protéger favorisent dans bien des cas l'attrait pour l'addiction. Bref, pas de stratégie unique donc mais une convergence d'actions complémentaires (j'aime ce mot !) qui doit s'articuler afin de les rendre le moins dommageable possible. Et ce "moins dommageable possible" EST le cheval de bataille, LA priorité essentielle de la RDR.

Les origines

L'approche de la RDR dans sa version la plus ancienne remonte à 1926 en Grande-Bretagne. Suite à un rapport démontrant que les personnes héroïnomanes avaient tendance à arrêter leur consommation au bout de 10 à 20 ans si tant est qu'elles aient pu rester en vie jusque là. Réduire les risques liés à la consommation apparaît donc comme une alternative au sevrage et à l'abstinence immédiate jusqu'alors préconisés et pratiqués avec des méthodes qui font froid dans le dos aujourd'hui. La politique de santé publique du Royaume-Uni va être influencée tout au long du XXème siècle par cette approche, notamment par des prescriptions légales d'héroïne et de morphine par certains médecins,jusqu'à la distribution de seringues et l'accès au traitements de substitution au milieu des années 80. Le principe étant de garder l'usager en bonne santé le plus longtemps possible, jusqu'au moment ou il s'engagera dans un changement de son comportement d'usager. En France, depuis 1916, seul l'usage de drogue en société était pénalisé. Au début des années 70, suite aux révoltes de 68 et à l'émergence du mouvement hippie, les politiques craignent un développement massif de la consommation de drogues (cannabis et héroïne principalement). Le gentil législateur va donc tracer une frontière entre le mal "relatif" ; l'alcool et le tabac, et le mal "absolu" : la drogue. Cette loi dont on pourrait discuter durant des heures de son absurdité (ou pas) à être maintenue, est connue de tous comme la loi du 31 décembre 1970, dite "Loi 70". Sont alors regroupés sous le nouveau terme de "stupéfiants", les substances pharmacologiques les plus diverses pour en pénaliser l'usage, y compris l'usage privé, sans distinction d'âge, d'intensité ou de circonstances. A cette loi, se rajoutera un décret de 1972 restreignant l'accès aux seringues. Le principe dominant est donc de contrarier au maximum l'usage et l'usager pour l'inciter à se soigner ; parce que c'est forcément un "malade".

Les années 80-90

Début 80, face à la diffusion de l'héroïne, des premières scènes ouvertes de deal et de consommation, de la hausse de la délinquance liée au trafic, l'Etat durcit encore la répression : hausse des interpellations qui touchent sans distinction trafiquants, consommateurs, revendeurs. Mr Chalandon, ministre de la justice de l'époque, tente d'alourdir l'arsenal répressif pour "désintoxiquer" de force les "drogués", avec la création de places de prison et un soutien à l'association "Le Patriarche" et ses pratiques fondées sur la coercition et la glorification du maître fondateur (là aussi, on pourrait s'arrêter quelques minutes pour discuter de ce système mais, pressé par le temps...). Face au tollé des professionnels et d'une partie des politiques, les mesures sont retirées. Le choc le plus important vient de l'épidémie de sida dont la peur ouvre une brèche dans la RDR. D'abord minorée par les pouvoirs publics, l'épidémie fait des ravages chez les usagers, les injecteurs principalement du fait de la politique de répression et d'usage. Le mouvement de lutte est lancé par "Médecins du Monde", qui, au nom des exclus rencontrés lors de sa mission France, va ouvrir les premiers centres de dépistage du VIH anonymes et gratuits, mettre en place l'échange des seringues et un kit d'injection, créer un bus "Méthadone" bas seuil etc. Les usagers militants via Aides, Act-Up, ASUD... développent de nouvelles façons d'intervenir comme l'auto-support, l'action communautaire etc. Plus discrètement, du côté de l'alcool, se développe une politique de repérage précoce et d'intervention brève. En 87, Michèle Barzach (ministre de la Santé) libéralise, à titre expérimental, le commerce des seringues. La mesure est renouvelée et pérennisée en 89 : l'évaluation des premiers programmes d'échanges de seringues montre leur forte appropriation et qu'ils n'entraînent pas une augmentation de l'usage de drogues par intraveineuses, mieux, ils favorisent une prise de conscience par les usagers de la gravité de leur situation. Une nouvelle note apparaît : l'usager devenant acteur de sa propre santé. Une autre cruelle vérité sera dévoilée ; près d'un quart des usagers ne fréquentait ni le système de soin spécialisé, ni celui du droit commun. L'approche binaire délinquance/abstinence n'a pas mieux contenu les usages, mais elle a largement contribué à la dégradation de la santé des usagers.

Années 1990-2000

Les priorités s'inversent et la protection des usagers prend le pas sur la stigmatisation et la répression. Cette décennie est marquée par des avancées impulsées par les acteurs et suivies de près par les pouvoirs publics.

- Développement de l'outreach ou travail de rue à la rencontre des usagers.

- La distribution dès 89 des premiers kits d'injection par MDM et Aides.

- L'extension des plans d'échange de seringues (PES).

- Ouverture des "boutiques", ancêtres des CAARUD, consistant en une aide à la vie quotidienne de toxicomanes actifs et l'échange de matériel.

- La création du premier « Sleep-in » à Paris en mars 95.

L'arrivée des traitements de substitution aux opiacées (TSO) va être l'occasion d'un vrai changement de paradigme dans le soin des toxicomanes entre une communauté de professionnels, d'abord peu enclins à des traitements médicamenteux, et un pouvoir politique très divisé sur la question. La Méthadone sera généralisée en 95, et l'engagement des médecins en 96. La Buprémorphine hautement dosée, est mise sur le marché et largement prescrite par les généralistes. La nouveauté, c'est bien d'aller au-delà de la seule réduction du risque infectieux, et d'accepter que la réduction soit une approche globale, permettant à l'usager de prendre la responsabilité de ses usages, d'en réduire les risques et les dommages, et d'accéder à des offres de soins diversifiées.

Les années 2000

On aura compris que la loi mortifère de 70, en privilégiant l'utopie d'une éradication totale de la drogue à l'objectif d'en civiliser les usages, en aura accentué considérablement les dommages, laissant dans la marginalité violente de "l'illicite", les uns, abandonnant les autres aux excès du marché, bien évidemment non régulé. Ces 15 dernières années ont mis, et mettent encore à l'épreuve les différents acteurs de l'éducation et de la promotion de la santé. On peut en déterminer les causes.

- Nous vivons dans un environnement sociétal de plus en plus addictogène et sous des formes multiples : jeux d'argent en ligne, abus d'écran, progression des défonces à l'alcool, développement des "designers drugs" (drogues de synthèse) sur Internet, le maintien à un haut niveau de l'usage de cannabis chez les ados, etc…

- Les mutations des contenants sociaux, culturels et familiaux.

- L'augmentation des facteurs de vulnérabilité (désociabilisation, chômage, précarité...)

- Le renforcement des stimulations sensorielles (via le marketing et les nouvelles technologies) complique la construction des moyens d'autocontrôle, il contribue à l'augmentation des expérimentations des usages problématiques, il associe des comorbidités somatiques et/ou psychiatriques, des polyconsommations multiples et complexes, et précarise encore un grand nombre d'usagers.

Conclusion

Ce sont donc bien nos modes de vie qui sont ainsi questionnés aujourd'hui encore, on pourrait même dire "surtout" ! Et les réponses à apporter ne peuvent se suffire de généralités ou de complaisance. Après l'introduction de la RDR en réponse au Sida, la politique de santé va évoluer vers l'addictologie et inviter les professionnels du licite et de l'illicite à travailler ensemble, à décloisonner. Les lois évoluent sans cesse mais ne modifient toujours pas l'essentiel : la frontière entre le licite et l'illicite qui va être un sujet qui va s'installer dans la société, et auquel il faut être préparé. C'est ce que très modestement, au travers de mon engagement d'administrateur, j'essaye de faire.


Précarité et addictions

Maxence THOMAS (psychologue clinicien, équipe mobile d’addictologie, ARIA)

Addiction et précarité

Psychologue clinicien dans l’équipe mobile en addictologie du CSAPA du griffon, association ARIA, je mène dans le même temps un travail de recherche en thèse de doctorat, à l’université Lyon 2, laboratoire CRPPC. C’est à ce double titre que j’interviens aujourd’hui. Pour rappel, l’équipe mobile en addictologie a pour objectif de rencontrer les personnes qui souffrent d’addiction mais qui ne parviennent pas à accéder au soin. L’équipe constituée d’une infirmière, d’un médecin addictologue et d’un psychologue se déplace dans des centres d’accueil et d’hébergement de grands-précaires. Je vais donc aujourd’hui tenter de proposer une lecture des enjeux psychiques liés à l’addiction chez les sujets grands précaires.

L’objectif, lorsque j’ai débuté cette recherche partait d’un intérêt pour un ensemble de la population peu étudiée dans l’univers de la psychopathologie, se composant de sujets dits "exclus", avec l’idée que ces personnes étaient probablement les personnes les plus vulnérables aux mutations des sociétés contemporaines

Sur la base de mon travail de clinicien, je me suis interrogé sur la forte présence des produits psychoactifs dans l’univers de ces personnes. L’idée était d’explorer en profondeur ce qui m’avait plus ou moins "sauté aux yeux", c'est-à-dire que les consommations d’alcool ou de drogues, loin d’être des formes de vices ou de maladies organiques strictes, étaient plutôt des éléments de repères et d’équilibre dans les vies chaotiques de ces sujets. Consommés de manière paroxystique ou chronique, générateurs de sidération, les effets des produits psychoactifs m’apparaissaient aussi comme pourvoyeurs de repères, de traces, tout autant repérables par le sujet lui-même que par les personnes environnantes. Avant d’aller plus loin, je pense qu’il est utile de préciser certains préalables aux idées que je propose.

Le choix des mots.

Le stéréotype que l’on a en tête lorsqu’on parle d’une personne exclue, est celui d’un homme ou d’une femme, emmitouflé dans des couches de vêtements, couché sur le sol, une main tendu en quête d’une pièce, l’autre main refermé sur le goulot d’une bouteille de vin bon marché. Parfois un chien occupe l’espace autour de lui.

Sale, malodorant, les passants se détournent de lui pour ne pas croiser son regard. C’est un peu la description que fait P. Declerck dans "les naufragés", celle du SDF, celui qui vit dans la rue. Cela a constitué, et cela constitue toujours une forme de stéréotype du SDF, du très pauvre, celui qui a tout perdu et qui demeure, comme condamné, dans l’isolement et l’indifférence. Cette image est assez proche d’une partie de la population des grands précaires, mais elle ne saurait bien sûr, pas en être une représentation juste et totale.

Dans les centres d’hébergements, on retrouve une pluralité de parcours de vie qui ont conduit à une pluralité de formes d’exclusion. On peut résumer cela à partir de trois axes : la psychiatrie, la rue et la prison. Que les personnes viennent de l’un de ces lieux, ou de plusieurs à la fois, on repère un ensemble de fragilités communes qui se traduisent par une difficulté à se lier à l’ordre social et à y trouver sa place.

Cependant, pour que ces personnes soient exclues, encore faudrait-il qu’elles aient été incluse. Encore faudrait-il qu’à un quelconque moment de leurs vies, ces personnes aient pu connaître une vie normative, "une vie d’inséré", vie trop rapidement résumée au triptyque : travail – maison – famille. On se rend compte que personne n’est réellement inséré, l’espace social n’est pas facile à définir, et les travaux de nombreux sociologues convergent vers le social comme un espace complexe, hétérogène.

Comment peut-on parler d’exclusion sociale quand on sait que l’ "espace sociale", c’est un mot, mais pas une chose. Il y a une différence entre la représentation et le réel. Les personnes qui sont désignées comme exclues sont toujours reliées à diverses strates du social. Mal liées à des instances du social, peut-être, en souffrance dans les relations sociales, probablement, mais en tout cas liées – différemment- mais toujours liées à quelque chose de notre société. C’est en cela que le mot "exclusion" parle plus d’un fantasme que d’une réalité objective. On les nomme exclu, mais l’exclusion, c’est souvent ce que ces personnes font vivre. On n'entre pas facilement en contact avec des "exclus", les barrières sont multiples, pas toujours manifestes. L’état d’ébriété, l’état de défonce, la saleté, l’odeur, les chiens, l’effet de groupe, la violence, les traces sur le corps, la voix ou la posture sont autant de marqueurs qui peuvent nous maintenir à distance. Eux se sentent exclus, mais ils font aussi ressentir l’exclusion à leur entourage, aux travailleurs sociaux ou aux soignants qui tentent de s’approcher. On n'entre pas dans le monde d’un "exclu" si facilement.

La précarité :

A ce terme d’exclu, j’ai préféré le terme de précaire, qui renvoie à quelque chose d’une instabilité. Instabilité, incertitude liée à un autre, au bon vouloir de quelqu’un d’autre. Le précaire renvoi à ce qui s’obtient par la prière, c'est-à-dire une chose dont on ne peut assurer la présence permanente et qui dépend de la volonté d’autrui. Cette incertitude, chez les sujets précaires, on la retrouve dans le lien. L’autre en tant que personne est potentiellement menaçant, malveillant, profiteur, et il faut le mettre à distance, ou alors tenter de le maîtriser, pour qu’il n’agresse pas. L’autre est menaçant parce qu’il peut partir, s’éloigner et laisser seul. C’est aussi en cela que la précarité peut se penser sur le versant narcissique, du coté des troubles identitaires, car le narcissisme en tant qu’enveloppe est fragile, il protège peu le sujet des agressions internes et externes, et il rend la personne vulnérable aux changements dans le lien.

Il y a aussi la question économique. Le piège, lorsque l’on tente de définir la population des sujets en situation de grande-précarité, c’est de penser que la situation financière d’une personne suffit à la définir comme précaire. Les évènements de vie des sujets rencontrés dans les centres d’hébergement forment des fragilités qui touchent tous les secteurs de leur vie sociale, ils sont alors pris entre délinquance, folie et pauvreté. Mais comme l’indique J.Furtos, on peut être pauvre sans être précaire. Les évolutions sociales récentes rendent les pauvres précaires, mais ce n’est pas un postulat transposable dans tout type de société. Dans certains pays, les pauvres ne sont pas isolés, ils ne sont pas honteux de posséder peu, et cela ne les marginalise pas autant que dans nos pays dits "développés".

Enfin, la précarité s’accorde bien avec l’addiction. L’addiction a une correspondance avec la précarité au sens étymologique : l’esclave (l’addict) est sous l’emprise d’un maître, il dépend aussi du bon vouloir de ce maître. Dans l’addiction, le maître c’est le produit, ou parfois, c’est le dealer. Mais il est certain que les effets du produit sont moins insécurisants que la relation humaine, fluctuante de nature. On risque moins d’être abandonné par les effets d’une bouteille d’alcool que par un être humain. En ce sens, l’être addicté est fondamentalement précaire dans le lien à l’autre, quel que soit son statut social, et le produit psychoactif est son remède.

Bien entendu, une fois que l’on a tenté de resituer quel était l’objet d’une recherche, il faut ensuite pouvoir en dessiner les limites. La limite que je me suis fixée, ou plutôt l’axe sur lequel j’ai tenté de me concentrer, c’est la question des processus de transformations psychiques, en jeu chez les sujets en situation de grande précarité, et le rôle de l’objet d’addiction dans leur économie psychique. Comme je l’ai déjà un peu abordé auparavant, mon intuition était que les produits psychoactifs jouaient un rôle dans les processus de transformation psychique, c'est-à-dire que l’addiction n’était pas un symptôme "bête", mais bel et bien une composante de l’activité psychique. C’est certainement parlant dans tous les cas relevant de l’addictologie, mais il m’a semblé que chez les grand-précaires, c’était plus présent, plus prégnant dans leurs problématiques. L’alcool ferait par exemple figure d’opérateur psychique : que les alcoolisations soient chroniques ou paroxystiques, elles déclenchent des crises, des esclandres, elles expriment, tout haut en parole ou en acte, ce que ces personnes repliées sur elles-mêmes, n’osaient plus penser tout bas.

Au fil de ma recherche, j’ai aussi noté que lorsque l’on étudie l’addiction, on recherche trop souvent une cause unique pour l’expliquer  (circuit de récompense, théories sociologiques, théories psychanalytiques centrées dans un premier temps sur les problématiques sexuelles, puis sur les dépressions, etc…). En ce sens, et dans la limite de mes compétences, je me suis attaché à étudier l’addiction chez les grands-précaires en postulant (sur la base des travaux de J. Mcdougall) que l’addiction n’était pas une solution uniquement psychique, mais qu’elle était une solution somato-psychique, c'est-à-dire qu’elle s’adressait tout autant au corps qu’a la psyché, et surtout, que les effets des produits psychoactifs jouaient un rôle dans le lien entre psyché et soma. C’est sur ces points que j’ai fondé mes hypothèses de travail, parce que quoi que l’on puisse en penser, la scène du corps est toujours extrêmement présente chez ces sujets : que cela soit au niveau des somatisations, des blessures, des stigmates des injections, de la saleté, de l’odeur, de la dentition, de la posture, du regard et de la voix, le corps parle et dit quelque chose que la parole ne traduit pas toujours.

Le corps et l’affect :

Ce qui se met en jeu, dans les situations cliniques que j’ai rencontrées, m’a semblé s’ancrer autour d’un clivage entre le corps et la psyché. J. Furtos a beaucoup insisté sur le gel des affects chez les sujets précaires en situation d’auto-exclusion. Ces personnes se coupent de leurs affects, de leur ressenti, et pour se faire, ils se coupent de leurs sensations physiques. L’émotion, le ressenti premier qui émerge face à un évènement donné, se construit d’abord dans le corps, puis, dans le meilleur des cas, il s’élabore psychiquement pour que le sujet puisse donner une réponse. Lorsque certains évènements ont été trop douloureux, lorsqu’ils ont réactivé des souffrances anciennes et insupportables, il arrive que l’on se coupe de ces ressentis, que le psychisme se retire de la scène du corps et se retranche. C’est ce qui explique, parmi de nombreux autres phénomènes, l’absence de ressentis douloureux chez certains patients précaires gravement blessés, touchés par des fractures par exemple. Le corps est devenu une surface inerte et les sensations sont annulées.

Le rôle de l’objet d’addiction, dans ces cas là, est paradoxal. On pourrait dire qu’il est une tentative de restaurer le lien entre corps et psyché, en se plongeant dans un bain de sensation. Mais dans un second temps, il semblerait que les effets des produits psychoactifs viennent décharger un appareil psychique menacé par l’excès de pensée attaquante, parfois même délirante. L’une des idées principales serait que l’addiction correspondrait à un processus inversé, dans lequel le psychisme ne serait plus régulateur des tensions somatiques, mais plutôt l’inverse, c'est-à-dire que les conflits psychiques seraient déchargés et donc régulés via l’espace somatique.

Dans toutes ces hypothèses, on remarque que le corps et l’esprit sont désarticulés, ils ne fonctionnent plus ensemble.

L’errance

Par ailleurs, toujours dans une prise en compte du corps, on observe chez les sujets grand-précaires un besoin d’errer, de mettre son corps dans l’espace, en mouvement dans la cité, ou de le fondre dans le décor de certains lieux. Je pense que l’errance est à mettre du même coté que l’addiction, c'est-à-dire qu’il s’agit d’une activité somatique qui génère des effets, qui régule une activité psychique débordante et débordée. L’errance peut conduire n’importe ou, elle peut permettre de se perdre, mais elle constitue aussi pour certains sujets un défilement de lieux connus contenant une histoire, des souvenirs et bien souvent des objets cachés, comme des bouteilles derrière un buisson ou de vieilles couvertures derrière un mur... L’errance, comme l’addiction, jouerait un rôle d’organisateur et de régulation pour ces sujets.

La pensée envahissante

Quand la pensée menace…

Impression d’une pensée qui tourne, impossibilité de la stopper

Des éléments psychiques bruts qui ne peuvent se transformer ou s’élaborer.

Saturation de l’appareil psychique.

Processus de décharge sur le corps via le produit.

Quand on interroge les personnes vivant dans les centre d’hébergements et qu’on leur demande ce qui les empêche de dormir, ou ce qui les décide à consommer des produits, on tombe souvent sur l’idée de quelque chose qui tourne en rond dans la tête, comme des pensées un peu persécutrices qui viennent troubler non seulement l’esprit, mais aussi influer sur la tension corporelle. La réduction de l’état de tension global nécessaire au sommeil n’arrive pas à être atteinte, ces personnes sont en permanence sous tension. Dans ces situations là, regret, culpabilité, honte, désespoir, ou même contentement et joie sont des affects qui n’arrivent pas à se vivre sans produit, sans un filtre qui permette de les transformer.

L’hypothèse centrale, c’est donc que l’alcool, la drogue ou les médicaments sont là pour permettre un retour des processus d’autorégulation entre le soma et la psyché, c'est-à-dire que le retour à la normale, à la sérénité ne peut avoir lieu que grâce au produit.

Chez les personnes dîtes insérées, cette tendance est bien sûr présente, mais parfois moins exacerbée. Chez le sujet précaire, les écueils de la vie psychique sont insupportables et ils ne peuvent se vivre qu’avec un produit.

Le deuil comme paradigme de la perte

Dans les situations d’addiction et de grande précarité, il y a presque toujours un deuil en souffrance. L’objet d’addiction agit comme si la perte n’avait pas eu lieu.

On peut dire que lors des premiers temps de la vie psychique, quand les choses se passent suffisamment bien, la perte est possible parce qu’un petit bout de chiffon ou une peluche par exemple, permet à l’enfant de symboliser la perte et l’objet perdu. L’important, c’est que l’objet transitionnel aide à gérer la perte. En revanche, dans les situations où la perte et le deuil sont devenus impossibles, l’objet devient addictif, car il va aider le sujet à fonctionner comme si rien n’était perdu, comme si la personne qui manquait était toujours là.

Je renvoie par exemple aux effets euphoriques de l’alcool. C’est en cela que les effets des produits psychoactifs sont inévitables, car ils permettent aux addicts de fonctionner comme s’il ne manquait personne. Dans la question que pose la grande précarité, on s’aperçoit que ce qui accompagne aussi le processus de deuil, c’est le sentiment de rejet. Ce qui marque l’histoire subjective de ces personnes, c’est le fait d’être rejeté, probablement avec de la honte, lorsqu’une personne devient absente. Ces patients interprètent l’absence comme un signe de rejet d’eux-mêmes par un ou plusieurs autres, probablement suite à un vécu de perte difficilement élaborable et traumatique, à un moment de leur vie. C’est comme si finalement, le seul moyen de ne pas se sentir impuissant, démuni ou passif devant la perte était de se persuader que l’on était responsable de cette perte : au moins en se sentant rejeté on peut fantasmer que l’on y peut quelque chose, que l’on a joué un rôle dans la rupture du lien.

L’objet d’addiction est alors le remède efficace contre le retour de ces vécus traumatiques. Temporairement efficace certes, mais aussi pourvoyeur d’espoir car les effets des produits tentent de sortir ces personnes de leurs vécus effroyables en les transformant. La transformation est éphémère, et le contenu fait retour, puis répétition. Il ne me semble toutefois pas moins vrai que l’addiction est une tentative de guérison pour ces patients, et qu’elle ne devrait pas être considérée que sur un versant négatif, mais aussi comme une lueur d’espoir, mince éclair dans une vie de désarroi.

Vignette clinique

Mr A. est âgé d’environ 35 ans lorsque je le rencontre pour la première fois, lors d’un temps de permanence dans un CHRS. Bien connu de ma collègue infirmière, dans d’autres lieux et d’autres temps, le contact se fait facilement et Mr A. me demande de le rencontrer en entretien individuel.

Sa situation est complexe, après une vie de jeune adulte passée entre fin d’étude et délinquance, l’alcoolisation festive prend une place particulière dans sa vie aux alentours de ses 25 ans. L’alcoolisation devient alors rapidement chronique, il perd alors le contrôle de sa vie, tandis que sa compagne le quitte. Ils ont ensemble un enfant qu’il voit de temps en temps, mais dont le souci est constant. Venant d’une famille prise entre culture traditionnelle et mode de vie hypermoderne, il se retrouve souvent a envoyer de l’argent à sa famille restée dans le pays d’origine, malgré ses soucis financiers. Cette dette, à laquelle sacrifie sa stabilité financière, résonne avec d’autres conduites à risques.

Dans la rue, Mr A. se bat souvent, prétextant avoir voulu protéger une personne. En quelque sorte, il se sacrifie, joue le rôle de bouclier. Le plus souvent très alcoolisé dans ces moments là, il contracte des lésions importantes qui iront jusqu'à la perte d’un organe essentiel. Ces conduites sacrificielles ont pour moi valeur d’énigme : je n’y trouve guère de sens. Il y a bien le fait qu’il soit l’aîné d’une famille nombreuse, et qu’il trouve dans cette position une justification à se dévouer. Cependant, les observations des travailleurs sociaux dans le CHRS m’apprennent qu’il entretient ce positionnement au-delà de son cercle familial : il tente de protéger un peu tout le monde, de pacifier les conflits et d’encaisser les coups. Cela se traduit notamment à un moment par un envahissement constant de sa chambre, dans laquelle de nombreux résidents viennent faire la fête.

Parfois bien loquace en entretien, envahissant l’espace par des expressions toutes faites, Mr A. se montre à d’autres moments bien silencieux, dans une atonie dépressive. Ne pouvant parler, je lui propose alors de passer par la médiation, qu’elle soit incarnée par l’écriture ou par le dessin. Parfois très résistant à cette approche, il se montre à d’autres moments très réceptif à ce mode de travail psychique. Prompt à décrypter ses propres énigmes, ses dessins sont entremêlés de mots, faisant apparaître un matériel clinique coloré, éclaté en différentes scènes sur le papier, dans une globalité très dynamique, faisant ressortir du mouvement. Je ne peux pas détailler plus en avant ce travail de médiation, car cela prendrait énormément de temps. L’idée, c’est que cette médiation fait apparaître chez ce patient quelque chose d’un processus constant qui vise à incorporer, c'est-à-dire en quelque sorte "avaler tout cru" des éléments psychiques non transformés. Au fil des ans, au fil des rendez-vous ratés et des retrouvailles réussies, témoignant aussi probablement d’un désir de vérifier si je survivais bien à son absence, et si le lien pouvait perdurer malgré ces trous d’air, les dessins ont évolué, laissant place à de nombreux points d’interrogation, à des coffres fermés à clé, à la reconnaissance de sa vulnérabilité psychique.

Durant ces quelques années de suivi psychothérapeutique, de suivi médical et d’accompagnement social, son état s’améliora, sans pour autant que l’on puisse dire qu’il fut guéri ou hors de danger. Ses alcoolisations importantes le menèrent plusieurs fois à l’hôpital pour pancréatite aiguë. Il fut en mesure de renoncer à l’idéal que constituait l’abstinence pour faire la demande, de lui-même, d’un traitement par baclofène. Nous avons alors pu observer un baisse sensible de ses consommations, mais probablement pas suffisante pour sa santé. Cependant, il ne contracta pas d’autres pancréatites.

Lors des derniers temps de suivis, un élément de son histoire, jamais raconté jusqu’alors, permet d’éclairer un tant soit peu la problématique de ce patient : dans sa petite enfance, ses parents l’avaient amené, ainsi que sa petite sœur, dans leur pays d’origine. Malheureusement, des conditions de vie délicates provoquèrent un affaiblissement de ces deux enfants, qui tombèrent malades. Des deux frère et sœur, seul Mr A. survécut, mais ce ne fut qu’au prix d’un second drame, mois fulgurant, lors duquel il dut vivre les premières années de sa vie avec une mère endeuillée et dépressive. Ces derniers éléments éclairent, de mon point de vue, ce qui se traitait chez lui dans ses grands mouvements d’alcoolisation. Il s’agissait certainement d’expier quelque chose qu’il n’avait jamais pu traiter autrement, c'est-à-dire une forme de syndrome du survivant. Mr A. souffrait depuis tout jeune de la culpabilité et de la honte d’avoir survécu, là ou un autre enfant, sa sœur, avait disparu.

Ces éléments avaient créés chez lui, dans sa toute prime enfance, une sorte de malstrom dépressif qui avait, une fois l’âge adulte atteint, tout emporté sur son passage. L’effet de l’alcool était alors à la fois l’anesthésiant d’une douleur sans nom et le moyen de traiter, sur un mode sensoriel et corporel, la souffrance liée à un sentiment de culpabilité.


Les nouvelles drogues de synthèse

Dr Alexandra BOUCHER (pharmacienne, CEIP (Centre d'évaluation et d'information sur la pharmacodépendance).


Neurobiologie des addictions : Quelles implications thérapeutiques ?

Dr Filipe GALVÃO (psychiatre, addictologue, Service Universitaire des pathologies psychiatriques résistantes, CH Le Vinatier)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

TDCS et craving

 

 

Etude

Substance

Nombre de sujets

Zone de stimulation

Paramètres

Evaluation

Résultats

Boggio et al. 2008

Alcool

13

Anodale du CPFDL droit ou gauche

2 mA

20 mn

3 séances

AUQ

Diminution du craving et du craving induit

 

 

 

 

TDCS et craving

 

 

Etude

Substance

Nombre de sujets

Zone de stimulation

Paramètres

Evaluation

Résultats

Boggio et al. 2010

Cannabis

25

Anodale du CPFDL droit ou gauche

2 mA

20 mn

1 séance

EVA

Diminution du craving après stimulation anodale gauche

Au niveau moléculaire

 

Tous les psychotropes addictogènes aboutissent à un effet sur la voie dopaminergique méso-cortico-limbique

Libération de dopamine dans le noyau accumbens par tous les produits addictogènes

 

 

 

 

 

 

 


Le fabuleux destin de deux psychologues en addictologie :

Quelle place pour une approche psychothérapique en addictologie ?

Michèle MUNIER (psychologue clinicienne, CMS Les Bruyères) et Marion CHAMPAGNE-COUDEYRAS (psychologue clinicienne, ELSA CH St-Joseph/ St-Luc) qui a participé à l'écrit de l'intervention.

D'après diaporama

Le scénario

La commande

La commande

* Une  intervention transgénérationnelle à deux voix (à deux voies ?)

* La place des psychothérapies

Notre réponse

* Regards croisés sur une aventure personnelle

* Regarder d’où l’on vient, pour comprendre où l’on est, et savoir là où on va…

Le décor et les acteurs

* De l’homme sans visage aux racines (psychiques) du mal

* Entre corps et psyché

* Entre objet et rejet

C’est une maison bleue

* Un bouleversement idéologique

* Inventer une nouvelle clinique

* De nouveaux lieux pour une nouvelle prise en charge

Requiem for a dream

* La réduction des risques

* Le changement de profil des consommateurs

* La naissance de l’addictologie

* La chimie des sentiments

* L’apport de la neuro-biologie

* Les limites de la neuro-biologie

¡ Un psychologue tout terrain

* L’évolution des pratiques

* L’évolution des outils

Drôle d’endroit pour une rencontre

Rencontre du troisième type

* Le paradoxe du soin

* La psychothérapie comme espace transitionnel

Les accessoires de la rencontre

* Priorité au produit ?

* Priorité aux représentations psychiques ?

* Priorité au patient !

Drôle d’endroit pour une rencontre

Les outils

* Les diverses approches psychothérapiques

* La multiplicité des outils

* La souplesse est de rigueur !

Epilogue

Où il est question d’accordage plus que d’artillerie


Elles, addictes : souffrances cachées

Sandra DEVISE (éducatrice spécialisée, CHRS Le Grand St Jean)

- Un parcours difficile, Elodie DEVAUX (malade alcoolique

Elles, addictes :

Souffrances cachées…

La maladie peut atteindre chacun d’entre-nous quelle que soit sa situation socio-économique. Ses femmes sont de tous les âges et exercent tous les métiers. Elles sont de toutes origines culturelles et religieuses.

Nous ne sommes pas égaux devant l’alcool. Pourquoi un homme qui tient bien l’alcool se voit-il gratifié d’un qualificatif superlatif, alors qu’une femme qui "boit trop" se voit dégradée dans son statut de femme ?

La Bible, L’ange de l’Eternel répondit à Manoah : "La femme s’abstiendra de tout ce que je lui ai dit. Elle ne mangera rien du produit de la vigne, et elle boira ni vin ni boisson enivrante et elle mangera rien d’impur."

Dans l’antiquité il arrivait que l’on exécute les femmes qui buvaient.

Sous le règne d’Hammourabi les prêtresses de Babylone étaient enterrées vivantes lorsqu’elles s’aventuraient à boire de l’alcool. (1792-1750 av JC)

Il y a plus de mille ans "Toute femme devrait être accablée de honte de la pensée qu’elle est femme".

William Cobbett (XVIIIème siècle) "Celle qui vide son verre de liqueur avec plaisir et exprime sa satisfaction d’un claquement de la langue n’est bonne que pour le bordel."

Ce tabou historique reposerait sur trois grandes croyances :

- l’incompatibilité du vin et de la fonction reproductrice de la femme.

- La femme et son sang menstruel impur risquent de souiller le vin.

- Boire du vin est l’apanage de femmes sans moralité : prostituées, femmes légères, concubines, femmes adultères.

Les femmes alcooliques sont jugées plus sévèrement que les hommes. L’alcoolisation des hommes a longtemps été associée à l’idée de convivialité, de robustesse et autres valeurs viriles voire martiales. A l’opposé l’alcoolisation des femmes a longtemps été vécue comme une débauche inacceptable, et ce d’autant plus qu’elle sortait de la sphère privée et devenait visible. Les femmes alcooliques incarnent la déchéance et le mauvais exemple mais aussi les failles du "sexe faible".

La femme est culturellement la femme épouse, mère nourricière et gardienne du foyer, responsable de la préparation des repas du compagnon et surtout des enfants, cela exclut toute représentation neutre de la femme ivre.

L’alcool chez la femme est assimilé à un vice, c’est carrément dégoûtant… Ces femmes sont qualifiées de pochtronnes, de soûlardes, de mauvaise mères.

Comment échapper à ces jugements de valeurs qui rendent l’alcoolisation de la femme intolérable ?

Pour échapper au regard d’autrui, les femmes passeront plus rapidement d’une consommation publique à une consommation privée, d’abord dissimulée, puis clandestine.

Les raisons qui conduisent à l’alcoolisation sont diverses et multiples :

Honte de ce que je suis devenue, fautive.

Honte de ce que je fais, culpabilité, tristesse.

Honte de me montrer devant mes enfants, ma famille, puis les autres. Volonté de ne plus voir personne, rupture du lien social.

Honte d’exister et de causer autant de peine aux gens que j’aime et qui m’aiment.

Se sentir seule.

Vivre l’ennui, le vide, se replier pour éviter les situations liées à la peur d’être jugé.

Sentiment de ne pas être à la hauteur, enfermement sur soi.

La femme ne parle pas de tout ce mal-être, c’est ainsi que l’alcool restera là. Il deviendra son anxiolytique. Elle boit pour s’assommer, dormir pour oublier, car la vie est dure à assumer, pour échapper au stress de la vie et pour oublier qu’elles boivent. Prendre du produit pour soigner son mal-être, une anesthésie pour "se sentir moins mal" .

L’alcool permet de laisser croire que cela est plus supportable et d’échapper à la sensation de "vide intérieur".

Dans l’entourage, on ne parle pas de l’alcoolisme, on reste dans de multiples non-dits. L’entourage est aussi dans le tabou, la honte.

Les femmes alcooliques consultent moins souvent et plus tard du fait de la stigmatisation de leurs conduites d’intoxications.

Les personnes soignantes et les travailleurs sociaux abordent moins cette addiction auprès des femmes car elles savent particulièrement bien dissimuler leur trouble.

Leurs histoires sont différentes à chacune, pour des raisons diverses elles sont malades.

Maltraitance.

Abus physiques et/ou sexuels.

Violence conjugale.

Grossesse souvent déroulée dans un contexte de relations familiales décrites comme mauvaises ou inexistantes.

Traumatismes survenus dans l’enfance.

Alcoolisme préexistant dans la famille ou troubles dépressifs et anxieux.

La perte d’un amant, fécondité, parents, relations. Parvenir à avoir des relations sexuelles, persuadée qu’il lui faut consommer pour faire certaines choses qu’elle ne ferait pas sans produit.

Souvent, ces femmes feront passer le plaisir de leurs relations affectives avant le leur.

Les hommes présentent des troubles caractériels et des comportements violents alors que les femmes sont plus souvent dépressives et anxieuses

Hypersensibilité.

Sous estime de soi.

Dépendance affective importante.

Difficulté à s’affirmer, à dire non.

Timidité.

Manque de confiance en soi.

Pas de prise de risque pour éviter les situations angoissantes.

Troubles dépressifs et anxieux.

Douleurs musculaires et articulaires.

Troubles alimentaires.

Répercussions sur la famille, la grossesse, la maternité.

La prise de produit leur a volé leur mémoire, leur capacité de concentration, leur corps, leur spontanéité.

Les idées reçues, les considérations morales, les jugements, les sanctions ne trouvent pas leur place dans notre métier d’accompagnateur.

Nous ne devons avoir aucun jugement moral. Nous devons être vigilant à ne pas renforcer ce sentiment de honte, de culpabilité et/ou d’incompétence d’être femme, mère…

Elles cherchent de la confiance, de la franchise, de la tolérance, de l’écoute, de la compréhension, du soutien, des encouragements et surtout du respect.

Il ne faut pas imaginer qu’on ne peut pas leur faire confiance, il ne faut pas les considérer avec beaucoup de vigilance et de méfiance.

Quand elles décident de faire des soins, elles se mettent à nu. Elles souhaitent pouvoir parler de leur histoire avec beaucoup de souffrance, de désespoir, mais toujours avec beaucoup de courage.

Nous, accompagnant, nous ne sommes que des béquilles, un pilier sur lequel elles s’appuient.

L’équipe pluridisciplinaire permet la prise en compte globale (médicale, psychologique et sociale) du sujet dans son environnement et l’élaboration d’un projet personnalisé.

Un projet individuel assorti d’un travail sur le plaisir, le lien, la rencontre avec un programme multidisciplinaire, qui permet de restaurer l’image de soi, développer les compétences sociales et professionnelles.

Le lien mère-enfant est aussi important pour l’avenir de la mère que pour l’évolution psychologique et sociale de l’enfant.

Améliorer l’opinion que les femmes ont d’elles-mêmes en tant que mères.

Prendre en compte l’enfant, la place occupée par celui-ci et les interactions.

Au cours du soin il faudra trouver, expérimenter, proposer des alternatives à la prise de produit pour supporter les difficultés rencontrées.

Nous essayons d'identifier les moments qui déclenchent l’envie de consommer. Trouver comment remplacer l’élément déclencheur. Cela veut dire tolérer les angoisses et se rendre compte que l’on est capable de les surmonter.

Les aider à apprendre à redevenir elle, en optant pour un autre fonctionnement de comportement et une autre philosophie de la vie.

Il ne faut pas hésiter à répéter encore et encore avec ténacité, une dimension récurrente du travail social effectué auprès de ces femmes.

La question d’espace de soins réservés aux femmes permet de parler plus librement des problématiques ayant trait à la sexualité, la féminité ou la maternité.

Les discussions permettent de mettre des mots sur des maux, ne pas se sentir seules.

Au cours des re-consommations, elles sont terriblement exigeantes vis-à-vis d’elles-mêmes et il faudra de la confiance pour pouvoir en parler.

Elles doivent apprendre la patience, la tolérance, et la générosité vis-à-vis d’elles-mêmes.

Elles doivent apprendre à se connaître, à s’aimer, à s’aimer telles qu’elles sont.

Quelques chiffres

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Bibliographies

chrslegrandsaintjean.overblog.com (site Internet)

Pour l’amour d’une femme, 1994, de Luis Mandoki avec Meg Ryan et Andy Garcia. (Film)

Les femmes face à l’alcool, 2013, de Fatma BOUVET de la Maisonneuve. (Livre)

Désirs d’ivresse, 2000, dirigé par Carmen Bernand. (Livre)

A sa santé ! 2005, de Dr Maurice Titran et Laure Gratias. (Livre)

Addictions au Féminin, 2004, Sous la direction de Francoise Facy, Marie Villez, Jea-Michel Delile, Sylvain Dally. (Livre)


Le rôle associatif dans le rétablissement :

L’accompagnement du malade et de son entourage, Yves MOUCHET (Vie Libre)

1. l'existant :

Dans nos sections nous prônons :

- Le partage d'expérience et de vécu.

- La prise en compte de la souffrance du malade mais aussi de celle des proches.

- L'écoute par des pairs et l'absence de tout jugement.

- La resociabilisation du malade et des siens.

- La promotion du buveur guéri dans puis hors l'association.

- Le témoignage et la prévention dès qu'on nous en donne l'opportunité.

- Le militantisme comme une béquille sur le parcours de résilience.

- Le don de soi et la revalorisation personnelle.

2. Le Groupe Interalcool pour nous, c'est :

- une partie de notre formation continue.

- Le plaisir de partager au sein du groupe.

- Le climat égalitaire et la reconnaissance par les professionnels de nos savoirs empiriques.

- Apprendre et mieux comprendre auprès d'eux.

- Développer et renforcer les réseaux déjà existants.

- Améliorer nos connaissances des structures et possibilités de soin.

- Des relations amicales fortes et le sentiment d'appartenance à un groupe solidaire.

- Un plus indéniable pour favoriser l'accompagnement de nos malades.

3. Les perspectives d'avenir avec de nombreuses difficultés telles que :

- L'évolution sociétale moderne avec des malades de plus en plus isolés, d'où, pour nous, moins de familles et moins d'adhérents.

- Un véritable consumérisme associatif avec des malades qui nous quittent dès qu'ils se croient guéris, sans renvoyer l'ascenseur.

- La crise du monde associatif en général et des difficultés de renouvellement dans une société du "tout ! tout de suite !" où les gens rechignent à tout engagement non ponctuel.

- Une nécessité de formation accrue pour répondre à la hausse des poly-toxicomanies.

- L'attente de politiques plus ambitieuse de l'état pour pouvoir répondre aux nouveaux défis.

- Envisager par exemple des formations courtes en addictologie dans le cadre des Droits Individuels à Formation.

- Pourquoi pas un diplôme validant nos acquis pour intervenir dans les écoles et/ou entreprises ?

- En parallèle je tire un signal d'alarme pour ce qui concerne les associations professionnelles style Amitié, La Poste, car elles sont en train de s'éteindre dans un monde économique où les systèmes de prévention sont les premiers secteurs touchés par la récession et les économies budgétaires.

- Sans une prise en compte de la nécessité de survie du monde associatif et d'un soutien gouvernemental appuyé pour nous aider à répondre aux besoins, nous ne serons bientôt plus que des dinosaures en voie de disparition.

- Nous avons par chance, encore, des bénévoles dynamiques et motivés mais il est urgent de les reconnaître et d'en favoriser le renouvellement par des mesures incitatives fortes et significatives pour que nous puissions tous ensemble fêter le cinquantenaire de ce groupe dans 25 ans…

Telle sera ma conclusion que j'aurais souhaitée moins pessimiste, mais la balle reste dans le

camp des pouvoirs publics.

En effet depuis trop longtemps nous réclamons vainement des axes politiques ambitieux pour répondre aux 37 milliards d'Euros de dépenses annuellement générées par l'alcool, selon l'INSEE, sans parler des drames humains induits.

ALORS AIDEZ – NOUS ! ! !

L'Acceptation de Soi, Jean (Narcotiques Anonymes)


Table ronde : Quelles perspectives pour l’addictologie de demain, quelles priorités, quels objectifs, quels moyens ?

Dr François BAILLY (gastro-entérologue, addictologue, hôpital de la Croix-Rousse), Sylvain JERABEK (directeur de Lyade), Damien THABOUREY (directeur d’ARIA), Yan PREUD'HOMME (directeur de l’ANPAA)


Conclusion et synthèse, Martine BUHRIG (assistante sociale, anthropologue)

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Mise à jour le Dimanche, 11 Octobre 2015 15:45