Présentation du Point Ecoute Parents
Corinne PAUGET-STERNIK, Assistante de Direction de l’association Centre Jean Bergeret. (février 2007)
Propose de revenir sur l’histoire de l’association et de donner dans un deuxième temps quelques éléments statistiques sur l’activité des points écoute.
- Années 1970 : Au départ un laboratoire de recherche en sciences humaines au sein de l’Université Lyon2
- 1988 : création de l’association : Centre National de Documentation et sur Les Toxicomanies et autres difficultés de la jeunesse :
- missions nationales de documentation sur les toxicomanies (édition + réponses de documentation nationales)
- stages de formation pour les professionnels (stages DDASS sur semaine présentant l’ensemble du champ des addictions dans le Rhône et formations à destination des administrations pénitentiaires)
- 1993-1994 : interventions en milieu scolaire et création d’expos (1ère exposition de prévention : le tunnel : Dépendance = Toxicomanie)
- 1997 : Mise en place des PAEJ
- La mise en place de ces dispositifs a fait l'objet de deux circulaires : la première, du Ministère du Travail et des Affaires sociales (DAS, 1996), qui cible plus particulièrement les publics marginalisés et les adolescents en rupture ; la seconde, du Ministère de l'Aménagement du territoire, de la Ville et de l'Intégration (DAS, 1997), qui intègre les familles et parle des jeunes démunis sur le plan social et familial et de l'engagement dans des consommations de produits.
- Les points d’accueil et d’écoute jeunes sont un lieu de soutien de jeunes en difficultés. Ils sont destinés aux jeunes et à leurs parents avec pour objectif la prévention des conduites à risques des jeunes. Le public visé :
- Les adolescents et jeunes majeurs (10-25 ans) rencontrant des difficultés particulières (telles que conflits familiaux, mal être, échec scolaire, conduites à risques, délinquance, fugue, errance ) ainsi que leurs familles.
- Perte des missions nationales de l’association au profit d’un niveau régional. La perte qui en découle est importante, aussi afin de ne pas mettre en péril la structure et le directeur étant un psychologue clinicien, on nous propose d’ouvrir le premier point écoute du département.
- 2001 : ouverture du point écoute de Saint-Priest.
- 2002 : ouverture du point écoute de Rillieux-la-Pape.
Ces deux points écoute voient le jour après plusieurs années d’intervention au titre de la prévention et de la politique de la ville dans le cadre des actions des CCPD, de permanences au sein des centres sociaux et de travail en mise en réseau des partenaires.
- 2002 La circulaire du 12 Mars 2002 du Ministère de l’Emploi et de la Solidarité crée un dispositif unifié des PAEJ, défini les modalités d’intervention des PAEJ et précise le cahier des charges. Ce texte propose un cadre définissant une réponse de proximité qui s’articule étroitement avec l’ensemble des dispositifs existant en direction des jeunes, tout en excluant les prises en charge lourdes.
- 2004 : changement de nom pour prendre celui du fondateur de l’association, le Pr. Jean BERGERET.
- 2007 : travail préparatoire à l’ouverture d’un point écoute sur Meyzieu (un temps de psychologue pour l’écoute et un autre de psychologue pour d’animation d’un théâtre d’improvisation autour des questions de la parentalité et de l’adolescence). Ce point écoute est né de la venue de l’exposition "Il était une fois une famille : Etre parents d’adolescents" qui a permis la mobilisation des partenaires autour de la question de la parentalité et fait émerger le besoin d’un lieu d’écoute et d’échanges.
Actuellement le centre Jean Bergeret est composé de deux services :
Un Centre de Prévention qui comporte :
- Le centre-ressources sur la prévention des conduites suicidaires,
- Trois points écoute,
- Des consultations de prévention des usages de cannabis,
- Un service d’intervention qui réalise des programmes de prévention, de formation et de recherche, intervient en milieu scolaire, crée et gère des expositions de prévention qui circule dans la région.
- Direction assurée par Patrick PELEGE
Un Centre Régional d’Information et de Ressources sur les Drogues et les Dépendances Rhône-Alpes qui est un lieu de ressources documentaires, humaines et d’expertise pour tous les professionnels confrontés dans leurs pratiques aux drogues et aux dépendances.
- Direction assurée par Catherine MIACHON
Le personnel est composé de 22 salariés pour 14,63 ETP.
Quelques éléments statistiques concernant les Points Ecoute :
En 2006 les Points Ecoute ont assuré 1733 entretiens pour 585 familles ou jeunes.
- Dans 62.5 % des cas le jeune est présent,
- La mère dans 37.3 % des cas,
- Les parents ensemble 10.6 % des cas,
- 70.5 % des entretiens sont individuels,
- Le suivi parental représente 18.8 % des entretiens,
- Les suivis familiaux 8.7 %,
- 39.4 % des entretiens sont des entretiens thérapeutiques,
- 28.1 % sont des premiers accueils de conseil ou d’orientation sans suivi.
- Consultations de jeunes
- 87 % de garçons et 13 % de filles.
- Les jeunes sont surtout des adultes de 18-25 ans à 53.3 %, 19 % de + 25 ans et 16.2 % de 16-17 ans ; 36.3 % d’entre eux vivent chez les parents et 27.2 % ont un appartement indépendant. Le niveau d’étude est BEP CAP.
Les motifs de consultations des jeunes :
- Produits : Les jeunes consultent à 62.3 % pour des problèmes de cannabis, l’alcool et le tabac respectivement 4.3 %, autre produit 15.9 %.
- 58 % pour des problèmes en lien avec la justice.
- 8.7 % pour dépression.
- 5.8 % pour problèmes de communication.
Les jeunes sont adressés par la justice 64 %, l’éducation nationale 11.3 %.
- Consultations de parents
Les parents reçus en entretien sont mariés à 39.6 % des cas et divorcés ou séparés dans 36.9 %. Les familles ont deux enfants dans 42.4 % des cas. Familles nombreuses 13.8 %, enfant unique 18 %.
Les parents sont adressés par un travailleur social 18.4 %, des relations 17 %, l’éducation nationale 10 %, 6 % par des services téléphoniques ou ont connu nos services par une brochure.
Les motifs de consultation des parents :
- Dépression : 32 %
- Consommations de produits, dépendance : 24 %
- Conduite suicidaire : 16 %
- Délinquance violence : 12 %
- Troubles de la conduite alimentaire 8 %
(plaquettes à venir)
Max PAVOUX, Psychologue Clinicien sur le Point Ecoute de Lyon et Saint-Priest et coordinateur des Actions Prévention-Justice.
Présentation du dispositif point d’accueil et d’écoute
En 1992, une circulaire paraît sur la prévention de la délinquance. Elle propose, pour la première fois, la création de lieux d’accueil et d’écoute pour lutter contre les ruptures des liens et prévenir précocement les facteurs qui provoquent l’entrée dans des conduites de transgression. En 1996, une nouvelle circulaire propose la création de points d’accueil jeunes (PAJ). Ces points d’accueil jeunes sont destinés aux jeunes qui rencontrent des difficultés particulières : conflits familiaux, errances, fugues, échec scolaire, etc. Ils peuvent assurer des missions de médiation avec la famille, d’écoute des adolescents et des missions légères d’hébergement transitoire ou de restauration. Ils doivent agir sur le lien famille/adolescents et sur les liens entre l’école et les adolescents pour des jeunes qui sont en rupture avec leurs attaches familiales ou scolaires.
Ces centres s’adressent à des jeunes à partir de 10 ans. Cette volonté d’action précoce correspond à ce qui a été observé chez certains adolescents, notamment dans les zones sensibles : Entrée précoce dans des consommations de produits toxiques ; absentéisme solaire important, incivilités, violences correspondent souvent à des situations de grande fragilité, de carences éducatives ou de souffrances importantes.
Les points d’écoute jeunes et les points écoute parents
Une autre circulaire d’un service différent (la Direction Générale de l’Action Sociale et Sanitaire) institue en 1997 des Points Ecoute Jeunes et des Points Ecoute Parents qui sont soutenus par des budgets liés au secteur des toxicomanies. Ces PEJ ou PEP s’adressent aux jeunes de 16 à 25 ans ou aux parents les plus démunis sur le plan social et familial. Ils doivent s’adresser particulièrement à ceux qui présentent des conduites à risque et aux parents marginalisés qui ont besoin d’appui, de conseils et de reconnaissance sociale.
Ces points écoute sont chargés d’organiser, de manière souple, un accueil, une écoute et une attention plus grande aux jeunes et aux parents. Ils peuvent organiser des échanges en groupe, des informations sur les conduites à risque. Ils sont également chargés de la concertation locale et du soutien des initiatives locales sur la prévention des conduites à risque.
Ils sont majoritairement implantés sur des quartiers précis et ils fonctionnent sur un mode partenarial ou communautaire. Ils s’entourent d’un réseau de partenaires professionnels et d’habitants pour se constituer. Il ne s’agit donc pas de créer des institutions qui vont faire des actions pour des habitants mais de s’inclure dans une des orientations de la politique de la ville qui consiste à "faire avec" plutôt que de "faire pour".
Les centres créés sont de taille modeste, sont des équipements de proximité et agissent sur la prévention des conduites à risque et sur la prévention des ruptures parents/adolescents.
Les permanences écoute ou les points santé
De multiples expériences locales ont utilisé ces orientations sans obligatoirement bénéficier d’un financement de l’état. Des initiatives souvent bénévoles créent des permanences écoute reliées ou non à des services d’appel téléphoniques dans des petites communes rurales ou péri urbaines. Quelques permanences écoute apparaissent dans des établissements scolaires plus souvent privés que publiques.
Des centres municipaux de santé et d’action sociale s’adjoignent des services d’écoute psychologique préventive pour répondre aux préoccupations des adolescents et réaliser un travail partenarial avec les institutions d’insertion et d’éducation. Certains centres d’information se créent de services centrés sur l’écoute vis à vis des problèmes de santé ou de conduites à risque. Enfin, les missions locales se dotent de personnel psychologique pour aider les adolescents et jeunes adultes à mieux aborder leur insertion par l’intermédiaire de l’écoute, de la santé et des conduites à risque.
On peut également noter que les équipes médico sociales des établissements scolaires orientent parallèlement leur travail autour de l’écoute et de l’échange et se définissent comme des organisateurs et acteurs de la prévention dans les établissements scolaires. La généralisation des CESC atteste de cette volonté d’organiser la prévention autour de l’écoute et des échanges.
Un rapport national d’évaluation sur les points écoute[1] est diffusé en 2000 par l’Observatoire Français des Drogues et Toxicomanies.
Les points d’accueil et d’écoute jeunes
Les deux services du ministère de l’emploi et de la solidarité, créateurs des deux textes précédemment cités, rédigent un texte unique relatif aux points d’accueil et d’écoute jeunes (PAEJ) en 2002.
"Elle s’appuie sur plusieurs évaluations qui ont mis en évidence la spécificité et la pertinence de ces modes d’intervention en raison, d’une part, de leur capacité à effectuer un travail de proximité avec les publics en difficulté et, d’autre part, de leur complémentarité avec les dispositifs de droit commun : Etablissements de soin, sociales, dispositifs d’insertion et de prévention, etc." [2]
Les PAEJ constituent des formes d’intervention légères qui jouent un rôle de proximité défini autour des fonctions de prévention, d’accueil, d’écoute, de sensibilisation, d’orientation et de médiation au contact de jeunes et de leur entourage adulte.
Les PAEJ ne sont pas des lieux de réduction des risques des toxicomanies qui sont gérés sur un budget spécifique depuis la création de cette circulaire. Ils s’adressent prioritairement aux jeunes et aux parents qui adoptent une attitude de rejet ou de retrait ou bien encore d’esquive et qui ne s’adressent pas spontanément aux services de droit commun. Le texte met en évidence la nécessité de respecter les orientations de chaque projet local et d’intensifier le partenariat qu’il peut nouer avec les autres institutions qui se préoccupent du mal-être des jeunes ou des parents.
Les PAEJ doivent permettre aux jeunes et aux adultes d’exprimer leur mal-être, de commencer d’en comprendre le sens, de formuler leur attente et ainsi de retrouver une capacité d’initiative et d’action. Il s’agit également de restaurer la fonction parentale. Enfin, il prend en compte la diversité d’expression des conduites à risque.
Pourquoi créer des points d’accueil et d’écoute jeunes ?
Le cadre proposé par les points d’accueil et d’écoute n’est pas une alternative au droit commun, qu’il soit soignant ou social. Il agit en complémentarité avec ces structures en facilitant l’accès à ces institutions. En privilégiant l’accueil et l’écoute, il se fonde sur une grande accessibilité, sur la disponibilité et la proximité de ses intervenants attentifs à ce qui fait souci dans la vie quotidienne de chacun. Toutefois, ce qui détermine le cadre proposé, c’est qu’il est construit à partir de réflexions sur les nouvelles formes prises par les adolescents pour exposer leurs souffrances et par les caractéristiques des demandes des adultes qui sont exposés aux conduites à risques des adolescents.
Le cadre éducatif et clinique des points d’accueil et d’écoute se constitue également à partir des besoins des adolescents et de leurs parents d’être accompagnés, d’être soutenus et finalement des besoins de trouver des lieux où une communication puisse à nouveau se dérouler quand les liens ou les sentiments parentaux ou filiaux risquent d’être rompus ou risquent de se détériorer. Il s’agit donc de créer une clinique de l’accompagnement ou une clinique des liens où c’est d’abord l’appui groupal ou familial de chacun qui sera en jeu au cours des entretiens, des médiations ou des groupes qui sont proposés.
L’accueil et l’écoute deviennent une médiation pour reconstruire des liens symboliques du fait de l’affrontement au vide auquel répond la profusion de conduites à risques ou du fait de l’affrontement à l’excès de perceptions et des traumatismes provoqué par les conduites à risque dans la société ou dans l’entourage des adolescents.
La prévention se différencie du soin dans la mesure où elle va être institutionnellement plus attentive aux petits détails qui sans forcément entraîner des perturbations importantes ou invalidantes, freinent les capacités de se développer harmonieusement, perturbent l'accès au plaisir et gênent l'adaptation au milieu.
C'est ce qui explique que les intervenants des points d’accueil et d’écoute sont d'abord attentifs à la compréhension de ce qui transforme la communication ou l'empêche, de ce qui se dit de la relation entre les personnes, des interactions familiales et des modalités d'expression des affects et des émotions. Ils s’attachent à inscrire ces soucis dans une dimension biographique, dans le temps dramatique des évènements qui ont pu se produire dans les espaces groupaux ou familiaux.
La prévention offre une possibilité de contenir ce qui était jusqu’alors organisé autour de la rupture, et de construire à nouveau les bases d’un espace transitionnel où chacun pourra trouver une sécurité suffisante pour que parents et adolescents puissent à nouveau reprendre une parole individuelle et quitter les réactions de fatalisme ou de résignation.
Les conduites à risques organisent souvent un isolement et un repli liés à des attitudes de désengagement ou de résignation.
Les points d’accueil et d’écoute agissent prioritairement sur l’écoute de ce désengagement pour faire surgir une réflexion collective, parfois individuelle sur les demandes de reprise de l’implication sociale et de cette quête d’une place reconnue par les autres dans la société. Ils contribuent, en proximité, à la reconnaissance sociale de chaque personne dans la cité.
[1]JACOB E., JOUBERT M., TOUZE S., Evaluation des Points Ecoute Jeunes et/ou Parents, n° 23 Paris, RESSCOM, OFDT, 2000.
[2]Circulaire DGS-DGAS N° 2002/145 du 12 mars 2002.