Groupe Interalcool Rhône Alpes

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Marcand - sensibilisation

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04 avril 2003

L'alcool : un risque méconnu pendant la grossesse.

Présentation du travail de sensibilisation et d'information des professionnels et des publics sur ce thème par :

Dr Colette MARCAND, Médecin, centre C2A,

Isabelle VERCHERAT, Chef de projet, centre C2A.

 

ALCOOL ET GROSSESSE

I – L’action de C2A

C’est grâce à un colloque organisé à Lyon par le Groupe Interalcool en décembre 93 que l’équipe de C2A a découvert et mesuré l’importance des problèmes posés par la consommation d’alcool par les femmes pendant leur grossesse.

Comme la plupart des équipes d’alcoologie, nous ne voyons pratiquement jamais de femmes enceintes à la consultation ; par contre nous voyons beaucoup de femmes en difficulté avec l’alcool et dont un certain nombre ont consommé de l’alcool pendant leur grossesse.

Grâce à un financement alloué par la DDASS, la MILDT, la Caisse Primaire d’Assurance Maladie, financement complété par des fonds européens, nous avons commencé par une enquête auprès d’un certain nombre de professionnels (gynécologues obstétriciens, sages femmes, puéricultrices, médecins généralistes, diététiciens …), enquête qui nous a confirmé ce que nous soupçonnions et que l’on retrouve dans tout le territoire national, c’est à dire que la question d’alcool n’était pas ou peu ou mal abordée auprès des femmes pendant la grossesse.

Logiquement nous avons décidé de poursuivre cette action, action que nous orientée dans 2 directions :

-          en direction des professionnels,

-          en direction du public.

1°/ Action en direction des professionnels :

Grâce à une collaboration avec le service de PMI, nous avons organisé un premier cycle de sensibilisation et formation de 2 jours avec le programme suivant : la psychogenèse des dépendances, les conduites d’alcoolisations, l’accompagnement des personnes en difficulté avec l’alcool, « l’alcool et la grossesse », le cycle se terminant par une table ronde réunissant alcoologues, pédiatres et gynécologues.

Le premier cycle a réuni 80 personnes du service de PMI du Rhône ; les années suivantes nous avons ouvert ce cycle de 2 jours aux maternités et à d’autres professionnels ainsi qu’à des bénévoles (mouvements d’entraide).

A l’heure actuelle, environ 250 personnes ont assisté à ces cycles de 2 jours (un par an depuis 1999).

Parallèlement, nous avons organisé des sensibilisations informations sur une journée à l’intention de groupes plus restreints de 10 à 12 personnes.

Au cours de ces formations, nous ne nous contentons jamais de parler du seul problème « alcool et grossesse » mais de toujours parler du sens de l’alcool dans le fonctionnement des personnes, des différentes conduites d’alcoolisation, du sens du soin, de comment parler d’alcool aux femmes enceintes, et comment aider celles qui apparaissent en difficultés.

Naturellement nous espérons que ces formations que nous proposons depuis 5 ans vont passer dans ce que l’on pourrait appeler le droit commun c’est à dire s’inscrire dans le cursus normal des études médicales et paramédicales et aussi de la formation continue.

2°/ Action en direction du Public

a)      Edition d’un dépliant à l’intention du public et notamment des femmes enceintes, informant que l’alcool peut être nocif pour le bébé, rappelant la règle des 10g par verre standard et affirmant que si on est en difficulté avec l’alcool on peut être aidé.

b)      Parallèlement nous avons édité une cassette vidéo de 7 mm, disponible à la commande, et   que nous avons conçue comme outil de médiation pour parler d’alcool. Nous pensons que cette vidéo est adaptée à différents publics : groupes de préparation à la naissance, groupes de femmes, jeunes, écoles d’infirmières ou sages femmes, centre de planification …

Nous souhaitons par ailleurs que dépliant et vidéo soient « portés » par des professionnels qui aient des informations sur les conduites d’alcoolisation et le sens du soin et qui aient réfléchi un minimum au sens de l’utilisation des produits dans le fonctionnement des personnes ; ceci afin de réduire les risques d’effets paradoxaux à savoir : stimuler l’angoisse peut être responsable d’une aggravation des consommations et de la fuite des consultations prénatales.

Cette question de la consommation d’alcool pendant la grossesse commence à être mieux connue, notamment grâce aux médias, et nous sommes de plus en plus fréquemment sollicités par différentes structures ou associations ou institutions pour parler de ce sujet.

II - L’alcool, un risque méconnu pendant la grossesse

L’alcool passe directement du sang de la mère dans le sang du bébé ; le placenta ne fait pas barrière à la circulation des molécules d’alcool.

A titre d’exemple si l’alcoolémie de la mère est de 0.50g par litre, celle du bébé est

sensiblement de 0.50g par litre.

Or le corps du foetus en développement, est particulièrement sensible aux effets de

l’alcool qui, comme certains médicaments ou autres produits, peut entraîner des anomalies de certains organes et tout particulièrement du système nerveux central.

Les effets toxiques de l’alcool sur l’enfant pendant la grossesse ont été décrits pour la première fois en 1968, par un pédiatre nantais, Paul Lemoine et ont été appelés «  Syndrome d’Alcoolisation Fœtale » (S.A.F.).

Contrairement à certains médicaments ou virus, l’alcool exerce une toxicité tout au long de la grossesse ; en sachant que le type et la gravité des conséquences dépendent de plusieurs facteurs dont :

-          le stade de la grossesse au cours duquel a lieu l’alcoolisation,

-          la fréquence et la durée d’alcoolisation,

-          les quantités d’alcool consommées,

-          des facteurs individuels encore inconnus de vulnérabilité du fœtus à la toxicité de l’alcool.

Effets potentiels de la consommation d’alcool pendant la grossesse :

-          avortement spontané,

-          naissance prématurée,

-          retard de croissance intra-utérin,

-          microcéphalie,

-          dysmorphie crâniofaciale,

-          malformations, notamment cardiaques, musculo-squelettiques, rénales, urogénitales et cutanées

-          des désordres neuro-développementaux, qui font toute la gravité de la maladie qui peuvent apparaître dans la petite enfance mais aussi à l’âge scolaire, et à l’adolescence (retard des acquisitions, déficit sensoriel, troubles de la coordination motrice et mentale, troubles de l’attention, de la mémorisation, de l’abstraction, de la résolution des problèmes, troubles des fonctions exécutives, difficultés d’intégration sociale et risques addictifs).

-          Les formes complètes de SAF (avec la dysmorphie) sont rares, à l’inverse des formes dites incomplètes moins faciles à reconnaître et associant retard de croissance et troubles du développement psychomoteur et intellectuel.

En France, on estime à 1 à 2 naissances pour 1000 la prévalence des formes avec la

dysmorphie et les malformations, et de 4 à 5 pour 1000 la prévalence des formes sans dysmorphie.

Le syndrome d’alcoolisation fœtale apparaît comme la première cause évitable des

retards psychomoteurs et intellectuels des enfants.

Qu’en est il des doses toxiques ?

Il a été démontré qu’une consommation moyenne de 40g par jour entraîne un gros

risque de SAF.

De petites doses peuvent être responsables ainsi que des alcoolisations aiguës, unique ou répétées.

Aucun effet seuil n’a été démontré jusqu’à présent et il semble préférable de conseiller l’abstention d’alcool pendant la grossesse.

Bibliographie

-            Les conduites d’alcoolisation au cours de la grossesse – recommandation de la Société Française d’Alcoologie – Revue Alcoologie Addictologie, juin 2003 – Tome 25, supplément au n°2

-            Alcool, effets sur la santé. Expertise collective INSERM 2001

-            La grossesse et l’alcool par Philippe DEHAENE, collection que sais je n°2934 (PUF).

-        Vidéo « l’alcool, un risque méconnu pendant la grossesse, C2A, 2001 »

Mise à jour le Vendredi, 30 Décembre 2011 16:38