Groupe Interalcool Rhône Alpes

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Romanat - insertion

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Le "dépannage social", accompagnement, à partir du point de vue de l’insertion professionnelle.

Guy-Pierre ROMANAT, Éducateur, conseiller dans l’insertion professionnelle

 

Depuis début octobre 2002 j’ai entrepris de rencontrer diverses structures s’occupant d’insertion au niveau du plan d’insertion par l’économique et aussi des structures de soin pour tenter d’ouvrir une discussion sur l’utilité d’une interface que j’appelle « dépannage social ou dépannage d’insertion »

J’ai donc essayé de rencontrer pour essayer de savoir qui parmi ces structures pouvaient se sentir compétentes sur le plan de ses capacités d’accompagnement des personnes,…..plus ou moins sujettes à la question de l’addiction alcoolique…

Deux mots sur ma formation et sur mon expérience professionnelle…je suis de formation éducative …j’ai été formé en cours d’emploi à une période ou je travaillais au CAP,  montée de Choulans…structure recevant un public féminin…adultes…

Suite à cela j’ai plus ou moins travaillé dans les actions d’insertion ceci dès 83 avec quelques petit bouts ou j’ai repris une fonctions plus éducative…j’ai notamment travaillé dans les premières actions qui se sont mis en place avec le R.M.I.…(dans le cadre d’une association inter-communale l’ASS-INTER-COM dans le sud ouest Lyonnais) d’abord j’ai fait du travail en groupe …puis de l’individuel puis à nouveau …quelques fois des semblant de groupes lorsque les personnes me l’ont elles-mêmes proposé……

Une illustration pour introduire un questionnement sur le « concept » de « dépannage social »

Madame Bull’mot’…

Je reçois Mme Bull’mot’ le 8 juin 95 dans l’un des bureaux d’un CCAS dans le sud Est Lyonnais.

Il y a eu 30 entretiens d’une heure environ. ;….madame Bull’mot’ est « au » RMI

Ce qui est significatif de cette relation au départ c’est : une très vague allusion à la prostitution dont elle est déjà sortie avec l’aide de « son foyer ». En tous cas le problème alcool n’était pas vraiment présent ni dans les propos ni dans mon esprit au début de l’action…et cela durera grosso modo un peu plus d’un an.

Madame est reconnue par la COTOREP comme inapte à la fonction d’aide soignante son dos la faisant souffrir dans certaines positions ou dans certain gestes professionnels.

Après avoir longuement parlé de ses difficultés et désirs ou possibilités professionnelles, nous proposons sa candidature comme agent de médiation dans les transports urbains…

Lors de l’entretien de candidature à un poste dit d’emploi consolidé, sa candidature ne sera pas retenue : elle pensait elle que ce poste n’entraînerait pas d’inconvénient majeur pour son dos ….qu’en tous cas elle était prête à faire l’essai... bref l’avis de ses interlocuteurs a été différent…

D’autres propositions ont été faites dans cette période. (Je ne me souviens plus lesquelles exactement)

En juin elle me téléphone pour me dire qu’elle ne viendra pas à un nouveau rendez-vous qui lui a été fixé… », elle s’est trouvé un stage de remobilisation dans un centre de formation.

Nous décidons d’espacer les rendez-vous…en convenant qu’elle peut m’appeler si ça lui est nécessaire dans la suite de ses démarches…

En octobre elle vient à un rendez-vous… (peut-être à la demande de la personne dite « instructeur du dossier »)

Et là elle me parle d’un problème d’alcool et d’une amie de la croix bleue qu’elle a rencontré. Elle connaissait déjà cette personne et c’est elle qui l’a aidé à prendre la décision de commencer peut-être un soin….

Par la suite, elle et son amie de la croix bleue ont donc fait ce qu’il fallait faire pour qu’une prise en charge ait lieu à la Roseraie... A moi elle me demande clairement : « juste d’aller la voir dans cette période » …

Je souligne dans ce moment que cette situation à ce moment a de simple pour moi du point de vue relationnel…et en même temps extrêmement difficile à valider du point de vue du cadre habituel de l’insertion dans le contexte...bref…je ne veux pas trop rentrer dans les détails.

Donc…effectivement, lorsque je suis allé la voir elle me dit que la clinique s’occupe seulement de son sevrage…et elle a besoin de parler à quelqu’un… (effectivement je le constate dans les faits) je sens qu’elle me met à la place d’un « pote »…quoi …! ?

Je manifeste mon étonnement devant le fait qu’il n’y ait pas de temps de parole prévu…tout à fait volontairement je ne vérifie pas ce fait... je le prend comme elle me dit les choses…je suis sceptique bien sûr au fond de moi…je reste plutôt sur l’idée qu’elle est maître de sa démarche et que jusque là ...les choses se sont déroulé comme elle l’a prévu…c’est elle qui organise, selon son besoin…

Elle fera un stage pratique dans une société de transport...(il s’agit de magasinage... et donc toujours d’une travail « à problème pour elle » on n’y fait pas allusion…Dans cette période elle me téléphonera souvent …suivant un code…un mode d’emploi  que nous avons fixé ensemble…elle ne viendra donc pas trop aux rendez-vous fixés…(ce qui fonctionne assez bien mais rend les choses difficiles pour montrer l’efficacité de mon travail) c’est elle qui « fait tout » …

Le 11 septembre avec une collègue nous présentons sa candidature dans un « JEK » une groupement d’entreprise.

Le 17 décembre elle suit les regroupement du « club emploi » dans la structure ou je travaille.

Le 9 décembre elle commence un travail d’employée de libre service en fruit et légumes….Au bout d’une quinzaine de jours elle se dispute avec son patron et part…

Dans le club emploi une collègue lui propose de faire un stage dans les métiers d’aide à la personne du 19 mars qu 31 juillet…CDD d’auxiliaire de vie (retour à la case départ) …et c’est bibi qui va expliquer ça dans les « commission d’insertion »

Vers le mois d’août,

Bilan de l’action à sa très claire demande… elle me dit dans ce bilan ou je pointe un peu les contradictions …je l’interroge sur le rôle que j’ai joué là dedans…

Elle me dit enfin d’une manière détaché ...pour moi c’est « absolument positif »… (je suis surpris qu’elle le dise comme ça…) elle me dit en mesurant ses termes « pour moi c’est le résultat qui compte ...pour l’alcool ça va »…

En conclusion au delà des méandres relativement embrouillée de son parcours d’insertion, il me semble que cette approche a rendu cela possible comme un choix …je veux dire le choix de faire quand même, en conscience, malgré tout, d’une certaine façon... le boulot, les types de boulots, qui ne lui sont pas conseillés par la COTOREP…

Lors de ce bilan, nous avons mis un  terme à cette relation, je quittais alors, l’institution et nous avons entrevu la possibilité…selon sa demande et sa situation, par rapport au R.M.I. …qu’il était possible que quelqu’un d’autre prenne en charge le « suivi.. » je n’en sais pas plus…

J’espère que cette situation aura suffisamment  montré à quel point dans ce travail d’insertion professionnelle…la démarche de soin réel, telle que la personne l’a mené……à embrouillé les pistes…..et je crois que si je n’avais pas été convaincu que c’était comme ça qu’il fallait prendre la situation…j’aurais eu plein d’occasion d’arrêter le travail de refuser …cette action avec elle…qui a été coûteuse en temps et vraiment pas évidente à justifier en temps réel...en gros … « ce sont les autres qui font mon boulot »…et il faut que j’accepte de « mal faire mon boulot » de « pas être suffisamment carré.. » …etc. etc.…je le fais de cette manière, dans ce cas,  parce que je crois que c’est nécessaire.

Dans ce travail 2 ou 3 hypothèses me guident…

-orientation de mon attention et de l’attention de la personne vers ce qu’elle a elle-même déjà mis en place….

- Utilisation d’un espace lacunaire…pour créer un espace de choix pour elle... Mme Bull'mot'…elle peut décider des moments ou elle n’est pas obligée de me voir…et en même temps il y a l’exigence qu’elle me dise d’une façon ou d’une autre…pour que je sache « où j’en suis avec elle »

- Assumer les contradictions avec les autres intervenant…parfois carrément disqualifiantes pour moi….lui dire mes limites lorsque ça n’est plus possible…tout en laissant la porte ouverte à ce qu’elle me demande réellement sans l’analyser... sans le verbaliser de cette manière…

- Chercher à lui attribuer les résultats qu’elle trouve positif... et négocier un travail hors cadre…le suivi non négocié de la personne de la croix bleu et la visite à la clinique …

 


 

Références utilisées par l’intervenant au sujet de « l’alcoolisme »

1 – La notion de failles narcissiques… ? chez la personne chez les intervenants…dont moi-même.

2 - Insu Kim Berg… « Alcool, une approche centrée sur la solution » 92 et Steve De Chazer 94 « les mots étaient à l’origine magique » ….la solution que met en place la personne ne doit pas forcément grand chose à la manière dont la personne pense son « symptôme »…ou ce que les accompagnants en pensent… qu’est-ce qu’un trou-Tout noir… ?

3- L’hypothèse de la double marginalité de la personne dite alcoolique Morenon… (cf. son site)…marginale lorsqu’elle boit…et marginale lorsqu’elle ne boit plus…sauf peut-être au moment du soin ou elle est reconnue dans ce qu’elle est dans son désarroi sa faiblesse…

4- Autre référence celle d’un psychanalyste singulier… " Dans la « chaussée d’Antin " 1978 François Perrier.

5- Les mouvements d’entr’aide.

Mise à jour le Vendredi, 30 Décembre 2011 17:05