Addictions et sommeil
Yasmine Spitz, psychiatre - Service Deniker - CH Le Vinatier
D'après diaporama
LE SOMMEIL
• Besoin physiologique fondamental.
• Facteur primordial de bonne santé physique et psychique.
• Au niveau comportemental :
→ Suspension des activités conscientes.
• Au niveau electrophysiologique :
→ Ondes cérébrales spécifiques
• Série d’états cérébraux contrôlés avec précision.
L’INSOMNIE
• Troubles d’endormissement.
• Réveils nocturnes.
• Réveil précoce.
• 20 à 30 % d’insomnie peu sévère.
• 5 à 15 % d'insomnie sévère.
• 15 à 20 % utilisation occasionnelle de somnifères.
• 10 % en font un usage régulier.
• La somnolence diurne excessive atteint 8 % de la population française.
PHYSIOLOGIE DU SOMMEIL
• Le NSC gouverne diverses fonctions synchronisées avec le rythme veille-sommeil
(température, PA, sécrétion d’hormones, diurèse).
• Double processus de régulation de l'alternance veille-sommeil :
- processus circadien,
- Processus homéostasique,
• Rôle des hormones et neurotransmetteurs.
schéma à insérer
LES STADES DU SOMMEIL
• Etat de veille (MOR)
• Phase 1
• Phase 2 Sommeil à
• Phase 3 ondes lentes (pas de MOR)
• Phase 4
• Sommeil Paradoxal (MOR)
schémas à insérer
MODIFICATION PHYSIOLOGIQUES AU COURS DU SOMMEIL
• Sommeil à Ondes lentes
- MO lents,
- métabolisme "bas".
• Sommeil Paradoxal
- MO rapides.
- métabolisme "haut"
- "paralysie relative".
EVALUER UN TROUBLE DU SOMMEIL
à Interrogatoire, recueil de plaintes subjectives.
• Temps de latence de l’endormissement.
• Durée des éveils en cours de nuit.
• Nombre de ces éveils nocturnes.
• Réveil matinal prématuré.
• Temps total de sommeil.
• Efficacité du sommeil.
• Etat diurne : fatigue, hypersensibilité diffuse, troubles de l’attention, irritabilité, performances psychomotrices altérées.
→ Questionnaires de repérage
- Echelle d’Epworth (quantifier la somnolence).
→Agenda du sommeil.
→Enregistrement polysomnographique.
Agenda du sommeil : non reproduit
ADDICTIONS ET SOMMEIL
• Effet de l’insomnie sur l’addiction :
- Insomnie persistante = risque X 2 d’abus d’alcool.
• Effet de l’addiction sur le sommeil:
- Abus d’alcool = risque X 2 de tous types de troubles du sommeil.
• Conduites addictives présentes chez 10 à 15 % des consultants pour insomnie.
• Effet subjectif :
- "somnifère",
- "anxiolytique".
• Versus Effet électrophysiologique :
- ↓ du temps total de sommeil,
- ↓ du temps de sommeil paradoxal.
• Relation de causalité complexe et probablement réciproque.
ÉLÉMENTS DE PHYSIOLOGIE
- Rôle des neuromédiateurs.
→ GABA, glutamate, acetylcholine, norépinéphrine, adénosine, dopamine.
→ Action centrale spécifique sur vigilance/sommeil/rythme circadien/autres fonctions.
→ Action commune sur la voie mésolimbique.
→ Adaptation du système avec diminution de l’effet sédatif par phénomène de tolérance
- Neurotoxicité de l’alcool.
NATURE DES TROUBLES DU SOMMEIL
• Effet pharmacologique de la substance identifiée + autres drogues prises en parallèle.
• Symptôme relatif à pathologie médicale ou psychiatrique associée à l’addiction.
• Effet pharmacologique de certaines drogues agissant à distance de leur arrêt.
• Trouble primitif du sommeil sans lien direct avec l’addiction ou son traitement.
CARACTÉRISTIQUES DE LA POPULATION DE DÉPENDANTS AUX DROGUES :
• "Maîtrise" de la somnolence.
• Habitudes de vie pathogènes: mauvaise hygiène de sommeil, difficultés de
synchronisation des rythmes biologiques.
• Contexte de fragilisation : isolement relationnel, inactivité professionnelle, précarité
sociale.
CONSEQUENCES DES TROUBLES DU SOMMEIL
• Asthénie chronique.
• Somnolence diurne.
• Altération des performances de la vie quotidienne.
• Troubles de mémoire.
• Augmentation du risque de dépression.
• Complications sociales et professionnelles.
• ↓ Santé physique.
• ↓Qualité de vie.
ALCOOLISATION AIGUE
• Réveils anxieux, douleurs.
• Insomnie avec sommeil instable et agité ou hypersomnie.
• Hypovigilance diurne.
• ↓ Latence d’endormissement dose dép.
• ↓SOL.
• ↓ SP voire disparition.
• Fragmentation du sommeil.
ETHYLISME CHRONIQUE
• Latence d’endormissement normale ou augmentée.
• Changements de stades augmentés.
• Nombre d’EIS augmenté.
• Mouvements corporels augmentés.
• Sommeil léger augmenté.
• Sommeil profond très diminué.
• Sommeil paradoxal de distribution anormale.
• Risque de SAS augmenté (30%).
• Syndrome des jambes sans repos augmenté et plus sévère.
TROUBLES DU SOMMEIL APRES ARRET DE LA CONSOMMATION D'ALCOOL
• 30-70 % d’insomnie en période de sevrage.
•↓ Durée totale de sommeil.
• ↓ Latence d’endormissement.
• Cauchemars, instabilité psychologique.
• Abstinence récente: insomnie++ puis amélioration progressive.
• Persistance possible plusieurs mois voire années.
LES TROUBLES DU SOMMEIL ET LA RECHUTE ALCOOLIQUE
• Troubles du sommeil = facteur de risque majeur de reprise des alcoolisations.
→ Troubles d’endormissement ++
• Nécessité de prendre en charge simultanément troubles du sommeil et dépendance.
TABAC
• Surdosage nicotine :
- difficultés d’endormissement,
- durée de sommeil raccourcie,
- hyperactivité diurne.
• Sevrage nicotine :
- fragmentation du sommeil,
- somnolence diurne,
• Sous substitution (étude 18 patients)
- ↑ SOL et SP,
- ↑ micro éveils,
- peu d’impact sur aspects subjectifs.
CANNABIS
• Effet anxiolytique si prise occasionnelle, s’estompe en cas de prise régulière.
• Désorganise les rythmes du sommeil.
• ↑ SOL → sentiment de mieux dormir.
• Mais ↓ SP.
• Effet subjectif :
- facilitation de l’endormissement,
- amélioration de la continuité du sommeil,
- sentiment de sommeil réparateur.
• Données polysomnographiques :
Effets de la prise répétée :
- diminution importante du temps de SP (↓ MOR)
- augmentation SL profond (peu significatif)
Effet de sevrage :
- augmentation +++ des MOR,
- baisse massive mais transitoire du stade 4.
PSYCHOSTIMULANTS
Amphétamines et Cocaïne :
- inhibition recapture DA (blocage site transport).
Ecstasy :
- vidange des terminaisons pré synaptiques 5HT.
Effets cliniques :
- ↑ durée d’éveil intra-sommeil (modérée).
- ↑ latence d’apparition du SP
- ↓ SP
Subjectivement (dépendance) :
- plainte de mauvais sommeil chez 88 % des utilisateurs.
Sevrage amphétamine et cocaïne :
= syndrome de "déplétion de dopamine centrale»
• Anhédonie, asthénie.
• Impulsivité
• Hypersomnie.
• Puis ↑ SP.
METHADONE
A court terme :
• Augmentation latence SP.
• Augmentation EIS.
• Diminution SP.
• Diminution efficacité du sommeil.
PRISE EN CHARGE/TRAITEMENT
• Arrêt de l’alcool ou autres SPA.
• Recherche d’un facteur associé.
• Hygiène de sommeil.
• Synchronisation des rythmes nycthéméraux.
• Prescription médicamenteuse temporaire.
• Mesures non spécifiques d’accompagnement social.
TRAITEMENT D’UN FACTEUR ASSOCIÉ
• Douleur.
• Maladie aiguë.
• Consommation de tabac.
• Broncho-pneumopathie chronique obstructive qui favorise aussi l’apnée du sommeil
• Gastrite.
• Neuropathie périphérique.
• 2 autres causes sont à rechercher en priorité :
anxiété et dépression.
MESURES D’HYGIÈNE DE SOMMEIL
OUI
• Se coucher et se lever à horaires réguliers.
• Dormir selon les besoins mais pas plus ;
• Prendre des repas réguliers chaque jour.
• L’heure qui précède le coucher doit être une étape de détente (lecture, bain tiède).
• Douche chaude le matin, fraîche le soir (pour accompagner l’évolution physiologique de la température corporelle).
• Pratiquer de l’exercice physique de façon régulière, mais 3 heures au moins avant le coucher.
• Température de la chambre autour de 18°.
• Chambre sombre et calme.
• Avoir un lit confortable.
• Sortir de chez soi quotidiennement quand il fait jour.
MESURES D’HYGIÈNE DE SOMMEIL
NON
• Eviter les siestes trop longues (sup à 1h) ou trop tardives (après 16h).
• Pas de caféine le soir.
• Eviter le tabac et les autres drogues.
• Ne pas utiliser l’alcool comme un somnifère.
• Eviter les repas copieux ou trop arrosés le soir.
• Limiter l’apport hydrique le soir.
• Pas d’exercice physique dans les 3 heures précédant le coucher.
• Pas de douche chaude avant le coucher.
TCC
• Restriction de sommeil : balance éveil/sommeil.
• Contrôle du stimulus :
- se coucher pour dormir et seulement quand on est fatigué,
- ne pas utiliser son lit pour d’autres activités que le sommeil,
- lit = endormissement (20’).
- éviter de faire des exercices physiques, de manger, de fumer, de prendre une douche ou un bain chaud la nuit.
- se lever à heure fixe le matin, indépendamment du temps de sommeil.
- ne pas dormir la journée.
• Techniques de relaxation.
SYNCHRONISATION DES RYTHMES NYCTHÉMÉRAUX
• Horaires réguliers.
• Activité physique.
• Luminothérapie.
• Chronothérapie.
• Mélatonine (ou agoniste).
TRAITEMENTS MEDICAMENTEUX
• Benzodiazépines et apparentés :
à Traitement efficace mais risque de transfert de dépendance donc à éviter.
- Durée de traitement limitée.
- Respecter la dose prescrite et les heures de prise.
- Informer sur les effets résiduels possibles et leur durée moyenne, notamment sur la vigilance et la mémoire.
- L’arrêt du traitement doit être prévu dès la prescription.
- Eviter la conduite, les travaux de précision et les tâches à risque.
• Antidépresseurs
- traiter la dépression améliore la qualité du sommeil.
- dosages faibles (amitryptiline, miansérine).
- antidépresseur mélatoninergique.
• Hydroxyzine
- traitement anxiolytique et sédatif.
- pas de risque de dépendance.
Prévoir un mésusage d’hypnotiques :
- antécédent de conduites addictives,
- existence de troubles psychiatriques chroniques,
- plus généralement, existence d’une cause durable de mauvais sommeil.
• En cas d’antécédents de conduites addictives :
- choisir un psychotrope ayant un pouvoir addictif moindre (antidépresseur sédatif, par exemple).
- si pas possible, proposer au patient un contrôle de la délivrance d’hypnotiques en pharmacie.
• En cas de cause durable de mauvais sommeil :
- choisir un psychotrope sans tolérance.
RESUME ET MOTS CLES
• Lorsqu’une personne se plaint d’insomnie, il est important de rechercher une consommation excessive d’alcool.
• La consommation d’alcool perturbe l’architecture du sommeil.
• Chez les personnes présentant un abus ou une dépendance à l’alcool, les troubles du sommeil sont très fréquents.
• L’arrêt de l’alcool est le traitement de choix de ces troubles du sommeil, mais malgré l’abstinence certaines anomalies peuvent persister pendant plusieurs mois, voire plusieurs années.
• La persistance de troubles du sommeil après l’arrêt de l’alcool est liée à l’hyperexcitabilité glutamatergique et représente un facteur de risque important de rechute.
• La prise en charge après le sevrage doit associer des soins de prévention des risques de rechute et le traitement des troubles du sommeil.
• 1ère intention : arrêt de l’alcool + prise en charge non médicamenteuse (éducation à l’hygiène du sommeil, TCC, relaxation, resynchronisation).
• Pas de traitement de référence pour traiter les troubles du sommeil chez les patients souffrant d’addiction.