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Bunzli - socio-esthétique...

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Socio-esthétique en addictologie

Hélène BUNZLI, socio-esthéticienne

février 2014

Qu’est-ce que la Socio-esthétique ?

La socio-esthétique est un moyen d’accompagner, par une pratique esthétique adaptée, des personnes, dans leur parcours de soin ou de vie, au sein de structures médicales, sociales ou médico-sociales et dans le cadre d’une prise en charge pluridisciplinaire.

A qui s’adresse-t-elle ?

  • HOMMES, FEMMES et ENFANTS

fragilisés par une atteinte à leur intégrité physique, psychique ou en détresse sociale.

Dans quel cadre ?

  • Travail en interdisciplinarité
    • Inscription dans les projets de soin et de vie établis par les équipes pluridisciplinaires.
    • Chaque intervention répond à un besoin spécifique.

Quels sont les apports ?

  • BIENFAITS MULTIPLES
    • Bien-être et Détente.
    • Valorisation de l’image de soi.
    • Meilleure estime de soi.
    • Augmentation de la confiance en soi.
    • Resocialisation/Maintien du lien social.

Quels sont les avantages ?

  • Ecoute non médicalisée.
  • Approche différente et complémentaire.
  • Participe à une prise en charge globale des personnes accompagnées.

La socio-esthétique, en pratique ?

Deux types d’interventions

  • Séances individuelles.
  • Ateliers collectifs.

Interventions en séance individuelle

  • Conseils d’hygiène et de beauté.
  • Soin du visage.
  • Beauté des mains/ pieds.
  • Modelage Détente.
  • Conseil en image.
  • Création ligne de sourcils.
  • Maquillage.
  • Coiffure.

Interventions en atelier collectif

  • Atelier "Comment prendre soin de soi ?"
  • Atelier "Conseil en image".
  • Atelier "Senteurs".
  • Atelier "Maquillage".
  • Atelier "Soin visage".
  • Atelier "Soin des mains".

Chaque intervention est pensée préalablement en équipe. Des transmissions orales ou écrites sont réalisées après chaque séance, afin d’assurer un suivi optimal des personnes accompagnées.

Socio-esthétique en Addictologie

Afin de mieux comprendre l’intérêt des interventions socio-esthétique au sein de structures spécialisées en addictologie, voici une présentation (non exhaustive) des objectifs de prise en charge spécifiques à ce domaine et des apports socio-esthétiques qui y répondent.

Objectifs

Apports de la socio-esthétique

Faciliter le parcours

de soin

♦Les soins socio-esthétiques permettent au patient de se sentir exister en tant qu’individu à part entière et pas seulement en tant que personne souffrant d’addiction. Une communication différente de celle entretenue avec le corps soignant est possible grâce à une écoute non médicalisée. La socio-esthéticienne transmet à l’équipe les informations pouvant optimiser le parcours de soin.

♦Les soins socio-esthétiques procurent bien-être et détente au patient, lui permettant d’atténuer ses angoisses et de s’apaiser. Les soins médicaux peuvent être abordés plus sereinement.

Consolider sevrage

et prise de traitements

♦Le soin socio-esthétique permet au patient de bénéficier d’un moment pour soi. "L’envie de prendre soin de soi"et par extension "l’envie de s’occuper de sa santé"augmente. La réappropriation de l’entité corporelle est optimisée. La dynamique motivationnelle pour sortir de l’addiction est favorisée. La démarche globale de soin est optimisée.

Retour vers une autonomie sociale

(sans addiction)

♦Les séances socio-esthétiques libèrent la parole et favorisent les échanges. Ils évitent le repli sur soi et l’isolement.

♦Les ateliers collectifs sont un moyen de fournir un sentiment d’existence au sein du groupe, et ce sans addiction.

 

Retour vers une autonomie personnelle

(sans addiction)

♦Les interventions socio-esthétiques permettent au patient d’apprendre ou réapprendre à prendre soin de son corps et donc de soi.

♦Les soins cutanés et le maquillage sont une réponse directe aux méfaits induits par l’addiction sur la peau. La mise en valeur de l’apparence est immédiate, avec une revalorisation de l’image de soi. Le patient s’approprie dans le miroir une nouvelle image de soi, induisant un regard sur soi plus bienveillant et respectueux. L’estime de soi, la confiance en soi et l’assurance augmentent. Les séances socio-esthétiques favorisent la reconstruction d’une identité positive.


Ressentis de personnes alcoolo-dépendantes après une séance socio-esthétique

  • "J’ai beaucoup apprécié les soins et prendre soin de moi. Je vais à l’avenir appliquer les méthodes apprises"

  • "Merci beaucoup de cette séance. Hélène m’a donné de bons conseils. Prendre soin de soi et de sa peau est important. C’est s’estimer et donc vivre."

  • "Une découverte inattendue. A refaire"

  • "J’étais sceptique au début et agréablement surpris, comme si on m’annonçait un mauvais film et que j’en voyais un très bon."

  • "Moi, j’étais sceptique, mais quand je voyais les gens sortir après, ils avaient un sourire béat. Alors j’y suis allée. La socio-esthéticienne m’a épilé les sourcils, ça a éclairé mon visage, et puis il y a un bien-être… On prend conscience qu’on a un corps, que ça renvoie quelque chose aux autres. Moi, je ne suis pas du tout contact, mais là, c’est précis, professionnel. On peut se laisser aller."

Echanges au cours d’un atelier collectif socio-esthétique en service addictologie

  • "Prendre soin de soi, c’est s’estimer."

  • "Avec l’alcool, on oublie les autres et on s’oublie soi-même."

  • "Avec l’alcool, on ne se regarde pas dans le miroir."

  • "Quand je bois, je me néglige. Je ne m’habille plus, je ne me coiffe plus, je ne mange plus… je m’oublie."

  • "Est-ce qu’on voit, sur mon visage, que j’ai un problème avec l’alcool ?"

Exemple d’une prise en charge socio-esthétique sur 3 séances individuelles

Mme N est accueillie en ACT (Appartement de Coordination Thérapeutique qui héberge des personnes atteintes de maladie chronique et en situation de précarité sociale). Les séances socio-esthétiques ont été réalisées dans ce cadre.

Mme N, atteinte du sida, est une ancienne toxicomane. Elle suit actuellement un traitement de substitution. Ayant été victime d’un viol, elle a un rapport au corps difficile. Elle manque d’assurance et est une femme très stressée et angoissée.

Avant et après chaque séance, je demande à Mme N comment elle se sent actuellement, afin d’évaluer le bienfait du soin.

1ère séance :

Mme N avait rendez-vous pour un soin de détente au niveau de la nuque et des épaules. En début de séance, je lui demande si elle souhaite toujours ce type de soin ou un autre (soin des mains, soin visage …). Elle préfère un soin des mains.

Mme N ferme les yeux et se laisse aller tout au long du soin. Pendant le modelage des mains, elle pleure en silence. Malgré tout, je la sens dans le soin. Je décide donc de ne pas intervenir et de continuer les manoeuvres. En fin de séance, Mme N me dit s’être "laissée faire"et "se sentir vidée".

Nous convenons ensemble de trois autres séances pour des soins de détente de la nuque et des épaules. Elle me confie alors son appréhension : "Lorsqu’on me touche, je pleure". Je la rassure en lui disant que si elle se sent le besoin de pleurer, qu’elle ne se retienne pas.

L’analyse avant/après révèle la difficulté de Mme N à évaluer ce qu’elle ressent. En début de séance, elle ne se sentait pas stressée. En fin de séance, elle se dit "soulagée". Avant le soin, elle ne se sentait pas triste, après elle dit "se sentir mieux". Globalement, la séance lui "a fait du bien ". Elle "s’est sentie heureuse ».

2ème séance :

Avant la séance, je m’assure que Mme N a toujours envie de recevoir un soin de détente de la nuque et des épaules. Elle se sent prête à recevoir ce type de soin mais me fait part qu’elle appréhende que je la touche au niveau du cuir chevelu et du visage. Je retiens cette information qui me paraît importante.

Au début du soin, Mme N pleure en silence. Je n’interromps pas les manoeuvres. Mme N a du mal à détendre sa nuque et ses épaules mais je sens venir petit à petit un relâchement. Mme N se laisse finalement complètement aller au soin. D’ailleurs, son portable sonne à plusieurs reprises. Elle n’intervient pas. Je me permets alors de réaliser quelques manoeuvres au niveau du cuir chevelu. Mme N continue à être dans le soin.

A la fin du soin, Mme N a des difficultés à sortir de la séance. Elle m’exprime alors le profond bien-être qu’elle a ressenti : "Je me suis sentie dans un champ de fleurs blanches. J’étais bien. Je suis sortie de l’enfer". Elle me dit qu’en début de soin, elle a failli me demander d’arrêter mais qu’elle a finalement décidé de faire confiance et qu’elle ne regrettait pas sa décision. Puis elle commence à pleurer. Elle me parle de son corps, un corps douloureux qui l’empêche de dormir. "Mon corps, il est en colère !" Elle me fait part de sa culpabilité à l’égard de la prise de drogues, qu’elle nomme alors "médicaments". "J’ai voulu faire comme ma mère…" Son regard mêle à la fois colère, détresse, tristesse. Pendant une demi-heure, je suis à ses côtés pour l’écouter et l’accompagner jusqu’à ce qu’elle se reprenne.

3ème séance :

Sachant que Mme N a de l’appréhension à ce qu’on lui touche le visage, je lui propose, en plus de la détente de la nuque et des épaules, un modelage du visage aux pinceaux. Les pinceaux sont une alternative aux mains et leurs mouvements apportent une réelle sensation de bercement, de flottement. Cette approche a pour objectif de diminuer l’appréhension de Mme N.

Mme N accepte ma proposition. Elle ne pleure pas pendant le soin. Mme N a ensuite besoin de 30 mn pour se reprendre. Elle pleure en silence. Elle m’exprime que les autres fois, elle savait pourquoi elle pleurait mais pas cette fois. Elle me dit qu’elle a apprécié encore plus le soin et que la détente était encore plus intense.

L’analyse avant-après permet d’observer que Mme N a amélioré sa façon d’évaluer ce qu’elle ressent. Il y a une meilleure cohérence entre l’avant et l’après séance.

Bilan de ces 3 séances socio-esthétiques pour Mme N :

Mme N, grâce à ce suivi, a pu découvrir que son corps n’était pas uniquement corps de douleur et de souffrance mais aussi corps de bien-être. Ces quelques séances ont été un moyen de l’accompagner vers une réconciliation avec son corps. Un suivi socio-esthétique sur du plus long terme serait idéal. Adapté au rythme et à l’évolution de Mme N, il permettrait également un travail sur l’image de soi. Une approche par le soin du visage, le maquillage et les conseils beauté l’aideraient à prendre conscience de son image et à favoriser un regard bienveillant sur soi.

"La santé est un état de complet bien-être physique, mental et social, et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité."
Définition de la santé par l’OMS

Hélène Bunzli
Socio-esthéticienne

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Tel : 06 25 50 35 80

Mise à jour le Lundi, 24 Mars 2014 15:42