L’atelier cuisine au CSAPA du GRIFFON – ARIA

Sylvie Bolopion, Dominique Dorillat, éducatrices spécialisées

Le projet d’animer un Atelier cuisine pour les personnes hébergées en Appartement Relais Thérapeutique a été pensé par les éducateurs du Centre de soins afin de proposer un outil de médiation qui permette de travailler, à partir du groupe, le rapport au quotidien, et de favoriser le lien social.

Vivre seul dans un logement fait appel à une importante capacité d’autonomie pour un public qui a eu, la plupart du temps, un parcours chaotique. En effet, tout en ayant amorcé une démarche de soins en amont, les personnes sont rapidement confrontées à la difficulté de prendre soin d’elles, à mener à bien différentes démarches administratives, à mettre en place un projet professionnel, à créer un réseau social …

Nous sommes témoins de cet écart entre les objectifs que les personnes se donnent, et la difficulté à identifier et supporter des émotions, à penser, et à agir. Nous accompagnons ce rapport à la réalité, et soutenons le potentiel des personnes à trouver les ressources personnelles pour y faire face.

Ce constat partagé en équipe, nous a amené à rechercher une modalité d’accompagnement complémentaire aux entretiens duels, qui inscrive la gestion du quotidien dans la démarche de soins. Nous avons pensé cet atelier également comme un appui possible à partir d’une dynamique de groupe et d’un étayage entre pairs pouvant aider à rompre une forme d’isolement, voire de repli sur soi.

Nous avons pensé ce projet avec les objectifs suivants :

• la réalisation de repas simples, bons et peu coûteux, qui permette de transmettre le goût et le plaisir de bien manger,
  
  
• apprendre à organiser un budget,
  
  
• favoriser la responsabilité, les compétences, le plaisir, l’envie de faire, pour travailler sur l’estime de soi,
  
  
• partager une activité dans un espace moins formel qui amène une autre dynamique dans les échanges entre les personnes hébergées et les éducateurs.

Le Centre Social Grand’Côte de la Croix Rousse nous a accueillis, en mettant à disposition une cuisine spacieuse et équipée.

Nous animons l’atelier le mardi matin tous les 15 jours de 9h à 14h, en étant deux éducateurs par séance. L’éducateur technique, qui a de sérieuses compétences en cuisine, est positionné comme l’intervenant permanent. Les éducatrices sont plus en situation de soutien, intervenant en alternance.

Quelques règles simples encadrent l’activité : l’inscription des participants sur un cycle de 3 mois, une participation de 2 euros. Cette activité doit se dérouler dans le respect et la sécurité d’autrui.

Nous nous retrouvons tous à 9h autour d’un café pris dans la salle, avant de partir faire les achats au marché de la Croix Rousse. Nous élaborons le repas ensemble, qui a été décidé à la séance précédente, nous mangeons, et nettoyons la salle.

La régularité de tous est difficile à obtenir, nous sommes confrontés à l’imprévisible, tels que l’enthousiasme de la veille et l’absence du lendemain, révélant sans doute la difficulté à s’inscrire dans une temporalité, à être exposés dans un groupe, et peut-être, également à une certaine ambivalence du public.

Aussi, la participation financière n’est pas toujours honorée.

Cependant, nous avons été surpris par la spontanéité avec laquelle chacun a pris les initiatives appropriées pour participer à l’élaboration du repas, et a pu trouver une place dans le groupe autour de cette réalisation commune. Aussi, les échanges ont révélé une bonne dynamique de groupe malgré la présence de personnes assez différentes les unes des autres.

Nous trouvons aussi intéressant que cette salle ne soit pas complètement close. En effet, elle peut être traversée par des salariés de la structure, comme par des enfants de la crèche, ce qui amène une certaine convivialité, et une dimension assez vivante du lieu.

Enfin, pour différentes raisons, l’Atelier cuisine a été ouvert aux personnes qui fréquentent le Centre de soins en ambulatoire, ainsi qu’à celles en lien avec le CHRS Apus (ARIA), qui peuvent rencontrer des difficultés avec des consommations.

Au final, ce temps en petit groupe semble convenir aux personnes qui y participent ainsi qu’aux éducateurs. Il nous permet à tous, de nous décaler des entretiens individuels dont le sujet est souvent "ce qui ne va pas, n’avance pas, n’arrive pas à se faire …" .

Il montre peut-être que le lien est agréable, et le plaisir, simple.