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Buhrig - art-parole...

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"L’Art-parole" autour de l'alcool dans la Cité.

Martine Buhrig, anthropologue, Foyer Notre-Dame des Sans-Abri. (avril 2014)

 

Martine est venue avec quelques tableaux, et nous a présenté le film "L’Art-Parole autour de l’alcool", réalisé lors des œuvres-rencontre dans les structures d’accueil du Foyer Notre-Dame des Sans-Abri. Elle était accompagnée par trois des personnes ayant participé à la réalisation de ces tableaux.

Ce film témoigne de la liberté de parole des personnes qui y résident ; ainsi que de leur engagement citoyen. Cela a donné lieu à d'intéressants échanges.

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Avec ses ateliers artistiques internationaux, les workshops "Créativité et Humanisme" s’inscrivent dans une démarche de création. Ils tracent un chemin vers le "Buen vivir" (le Bien vivre) ; cette façon de "faire société" en accueillant l’autre dans sa singularité et sa différence, avec ses qualités d’acteur.

"Jamais la violence, l’inégalité, l’exclusion, la famine, et donc l’oppression économique, n’ont affecté autant d’êtres humains dans l’histoire de la terre et de l’humanité" constate le philosophe Jacques Derrida. Jean-Baptiste Foucault insiste sur l’importance d’un changement au niveau personnel, organisationnel et politique. L'enjeu est de construire une "démocratie que privilégie le civisme, c’est-à-dire l’attachement citoyen à la collectivité et au bien commun (…), pour inventer avec tous un futur désirable par tous".

Les populations en situation de précarité avec les associations et les organisations qui structurent la vie sociale se mobilisent pour que nos sociétés intègrent davantage les notions de droit, de justice, et de responsabilité éthique.

Cette volonté d’articuler l’acte culturel, l’acte artistique et l’acte politique contribue à instituer de nouveaux espaces démocratiques.

Des artistes viennent à la rencontre des personnes vulnérables, non un imposant un savoir, mais en affirmant que "nous sommes tous des artistes ". Cette proximité génère une liberté d’expression pour ceux qui participent aux ateliers : joie de tenir les pinceaux, humanité qui se donne à voir dans les tableaux individuels et dans les "œuvres-rencontre" réalisées en commun. Certaines personnes en situation de précarité deviennent peu à peu des artistes à part entière.

Les débats orchestrés autour des expositions des œuvres génèrent un changement de regard. Il s'agit de dépasser les préjugés et de questionner les impératifs de créativité, de sobriété et d'humanité.  L’art est vecteur de dignité, de reconnaissance et de réalisation de soi.

Langage universel, il dépasse la difficulté d’échange liée aux différences linguistiques et nous enrichit. La culture appartient aux peuples ; en particulier dans un contexte où l’extrême précarité s'est mondialisée. La qualité des échanges et la force qui s’en dégage sont telles que l’ouverture de cette expérience sur l’international devient un axe prioritaire.

Le mouvement "créativité et humanisme"

Ce projet culturel d’expression artistique vise à :

promouvoir l’expression artistique et culturelle des citoyens en situation de précarité au sein de la Cité avec une action collective autour de la peinture ou d’une installation éphémère,

favoriser une rencontre entre les citoyens au-delà des stigmatisations sociales, avec les artistes locaux et internationaux,

offrir un espace démocratique sur des espaces publics, avec une médiatisation de cet Art-Parole

en synergie avec des partenaires internationaux qui organisent conjointement des workshops dans leurs pays, échangeant via la toile Internet et les vidéoconférences.

La participation est une des dimensions de la reconnaissance sociale. La peinture, la sculpture et la construction d’œuvres éphémères dans la rue ou dans des lieux accessibles au public favorisent les échanges conviviaux.

Les personnes en situation de sans abrisme, de précarité ou en souffrance psychique en sont les acteurs avec les associations, les peintres et les citoyens solidaires, dans une dimension intergénérationnelle.

HISTORIQUE

La création artistique dans une dynamique de citoyenneté est née au Service d’Accompagnement Renforcé du Foyer Notre-Dame des Sans-Abri à Lyon en 2002. Martine BUHRIG et Aliou SEYE y ont développé l’expression et la participation citoyenne des personnes sans abri [1]. Les Droits de l’Homme y forment un vecteur permanent. Les créations, les expositions et les débats leur permettent de s’exprimer dans la Cité.

A partir de 2005 la création artistique avec des artistes prend corps dans les accueils de jour. L’art y revêt des formes multiples : atelier d’écriture, art plastique, théâtre, film, etc… Franck Biasini, comédien et metteur en scène, et le peintre plasticien Loren encouragent chacun à exprimer ce qu’il désire : moment de convivialité qui permet de souffler, de se reconstruire et simplement d’être dans son humanité profonde.

C’est dans ce terreau qu’a germé l’idée des workshops internationaux, en résonance avec les personnes sans abri venant du monde entier.

En 2009 Martine Buhrig organise la première rencontre entre des artistes internationaux et les accueils de jour du FOYER, en partenariat avec Laurette Wittner, co-fondatrice de l’association artistique Linéa 1,618. Les Prayer Flags, ces drapeaux pour la paix fondés par Thomas Matsuda et des artistes majoritairement moyen-orientaux, ont flotté dans Lyon. La langue arabe se fait langue d’échange et de partage, avec comme traducteurs les "passagers" [2] d’origine maghrébine.

En 2010, le Conseil Lyonnais pour le Respect des Droits (CLRD) - avec lequel a été fondé le collectif des "Morts sans toi(t) "en 2003 - appuie ce projet d’accès à la culture pour tous. Le Maire du 4ème arrondissement de Lyon s’implique "en soutenant l’action du FOYER dans sa lutte contre l’exclusion" et accueille l’exposition tournante des œuvres. Les artistes lyonnais de la BHN (Biennale Hors les Normes), avec Loren et Guy Dallevet, se mobilisent en interaction avec les artistes internationaux venus d’Europe de l’Est et de Grèce. Un artiste russe à la rue y révèle son talent.

Le premier workshop avec création sur la place publique ouverte à tous les habitants et citoyens a lieu à la Croix-Rousse, porté particulièrement par l’accueil de jour du FOYER "la Rencontre". Au milieu des tableaux et drapeaux de la paix créés avec tous, surgit la première œuvre éphémère : une cabane pour sensibiliser la population autour du sans abrisme. Le bateau de la Paix, construit au prieuré Saint Benoît de Chauveroche pour la Pentecôte, sur les voiles duquel chantent de multiples langues, trône sur la place de la Croix-Rousse.

En 2011, ADEFI invite des artistes sénégalais, égyptien et grec. Ahmed Farid, journaliste, enseignant universitaire et artiste, arrive tout imprégné de l’enthousiasme du Printemps arabe en Egypte. Le Forum social mondial à Dakar, en résonance avec ce renouveau, pose un geste symbolique de mémoire et de libération des esclavaes multiformes à Gorée, là où vit Corentin Faye. Georgia Grogoriadou se fait l’écho des formes de résistance face à la précarité galopante en Grèce et les risques de faillite du pays. C’est dans cette conscience mondiale que se développent les échanges et les créations.

En 2012, Martine Buhrig invite Marina Perminova, artiste russe qui travaille avec les personnes sans abri à Moscou, pour participer à cette expérience. ADEFI se confronte à la difficulté de faire venir les artistes internationaux pour des raisons de visas et de financement. C’est alors que s’envisagent les créations simultanées dans les pays lors du workshop.

En 2013, ADEFI organise le premier workshop international avec Marina Perminova en Russie et le centre socioculturel de Hann-Plage au Sénégal.

Le GEM Arlequin (Groupement d’Entraide Mutuelle) se joint au projet, ouvrant ce mode d’expression aux personnes en souffrance psychique. Deux lieux de créations sont ouverts dans le 4ème et le 8ème arrondissement de Lyon, avec les artistes de la BHN.

Les vidéoconférences et la toile Internet permettent les échanges tout au long du workshop. Les "passagers" à Lyon sont particulièrement touchés par la force des témoignages portés par l’équipe russe à Moscou ; ainsi que par la fraîcheur enthousiasmante et dansante des jeunes et des femmes au Sénégal.

Puis les œuvres sont exposées et un atelier de création a lieu dans le Parc de la Tête d’Or lors des Dialogues en Humanité" sur le thème "Osons la métamorphose". Sur Lyon environ 1000 personnes ont participé à cet évènement, 1000 dans les 3 villes russes et 500 au Sénégal. Tous attendent les prochains workshops, ce "moment de paix et de fraternité".

En 2014, le mouvement "Créativité et Humanisme" continue à s’étendre en France, au Sénégal, en Russie, en Géorgie et au Chili. Il offre une grande diversité de formes de création liées au contexte de vie des populations en situations de précarité. Les échanges internationaux donnent à voir cette immense joie et fierté qui en jaillissent, telles des fleurs de lotus qui s’épanouissent !

Présentation de ADEFI

ADEFI (Action Développement Enfance Famille International), association à but non lucratif, apolitique et non confessionnel, dont l’objectif est social et humanitaire, contribue à :

-          la promotion des Droits de l’Homme, tant au niveau individuel qu’au niveau des collectivités locales,

-          la lutte contre la pauvreté et l’exclusion,

-          la solidarité internationale par les échanges interculturels,

-          l’exercice de la citoyenneté par l’éducation, la formation et le soutien aux initiatives individuelles et locales.

ADEFI a construit en 2002 un Centre socioculturel à Hann-Plage (Sénégal) avec la participation du Comité de gestion du centre ; ainsi qu’un lieu d’accueil pour les vacances solidaires. Son école populaire participe au workshop.

Martine Buhrig et Aliou Sèye, Docteurs en anthropologie et Docteurs en Sciences de l'Education, en sont les fondateurs.

Présentation des films "l'art Parole"

Les films "L’art-Parole" de Franck Biasini et Martine Buhrig présentent l’expérience des workshops internationaux "Créativité et Humanisme ».

Le film long (20mn) retrace l’historique de ce mouvement citoyen "Créativité et Humanisme" (Creativity and Humanism) qui continue à se développer (en France, au Sénégal, en Russie, en Géorgie, au Chili en 2014). Et bienvenue à tous les pays !

Le film court (6mn) porte une dimension pédagogique pour donner à voir ce que sont ces "œuvres-rencontre" de l'organisation jusqu’aux expositions. Il est un outil pour développer ce savoir-faire pour les partenaires qui le désirent (versions française et anglaise).

"L'art-parole autour de l'alcool" (8mn) montre l'engagement citoyen des personnes qui ont connu la dépendance et alertent leurs concitoyens.

C’est dans cette dynamique que le film "art parole autour de l’alcool" a été projeté au GROUPE INTERALCOOL, offrant un espace d’échange citoyen avec les acteurs.


[1]cf. le livre « Polytoxicomanies, accompagnement individualisé, action communautaire », ADEFI, Chronique sociale, Lyon 2000 ; les films « Comme des enfants "de Nicolas Cornu, Cocotte minute production 2006  (Howard de Euro Cité) et « l'homme qui nage au dessus des tempêtes "de Martine Buhrig et Franck Biasini, FNDSA 2010

[2]Terme utilisé au FOYER pour nommer les personnes accueillies.

http://www.adefi-senegal.org sous l’onglet workshop

Ou

http://youtu.be/8Ag0oH08Gpw

Tous les films sur l'Art-Parole :

https://www.youtube.com/channel/UCBRUfUORHuDR7evUzTmqCDg/videos

Mise à jour le Lundi, 15 Septembre 2014 16:01