Penser la prévention en structure d’addictologie comme une voie d’accès au soin.
Repères théoriques, contextuels et nouveaux enjeux sur le terrain ?
Avec Gaëlle SOTIN, attachée de direction ANPAA du Rhône, en charge la coordination des projets de prévention et de formation
PRESENTATIONS DE L’A.N.P.A.A.
¬ Promouvoir et contribuer à une politique globale de prévention des risques et des conséquences des pratiques addictives par tous les moyens et notamment :
Par l’appel à l’opinion et par une action constante auprès des pouvoirs publics et des autres décideurs ;
Par l’éducation à la santé de chacun et par la formation de relais dans tous les milieux ;
Par une aide, des soins et un accompagnement médico-psycho-social.
¬ Veiller à l’amélioration et à l’application de la législation en matière de publicité sur l’alcool et exercer ses droits reconnus de partie civile.
Ses interventions reposent sur quatre continuums, au niveau :
• Des addictions : toutes les pratiques addictives, avec ou sans produit.
¬ Des activités : promotion de la santé, prévention des risques, repérage précoce, réduction des dommages, accompagnement et soins.
• Des publics : tous les milieux et à tous les âges de la vie.
• Des territoires : tous interdépendants.
Ces continuums d’intervention nous donnent une plus-value importante dans nos démarches d’intervention et facilitent l’articulation entre les plans de prévention, le repérage des situations de risques, l’orientation sur le soin et la prise en charge des personnes en difficulté.
Que pouvons-nous attendre des projets de prévention en addictologie ?
PRENDRE EN COMPTE TOUS LES DETERMINANTS DE LA SANTE
La santé est multifactorielle.
Il est donc nécessaire d’agir sur plusieurs déterminants pour avoir un réel impact sur l’état de santé des populations.
Ces déterminants de santé sont les caractéristiques individuelles ou collectives susceptibles d’influer directement ou indirectement sur la santé (de manière positive ou négative) et qui sont liés à la fois à :
Des facteurs de risque,
Des facteurs de protection, des ressources.
D’où l’importance de ne pas limiter les actions de prévention et de promotion de la santé aux seuls facteurs individuels de mode de vie
La "Charte d’Ottawa", adoptée le 21 novembre 1986 valorise le concept de "promotion pour la santé" :
"La promotion de la santé est le processus qui confère aux populations les moyens d’assurer un plus grand contrôle sur leur propre santé, et d’améliorer celle-ci."
Cette démarche relève d’une vision de la santé qui serait :
"La mesure dans laquelle un groupe ou un individu peut d’une part, réaliser ses ambitions, satisfaire ses besoins et, d’autre part, évoluer avec le milieu ou s’adapter à celui-ci".
La santé est alors perçue comme une ressource de la vie quotidienne et non comme un but ("état de complet bien-être…").
PROMOTION DE LA SANTE : 5 AXES D’ACTIONS COMPLEMENTAIRES
La charte d’Ottawa promeut ainsi une action concertée allant au-delà des limites du secteur sanitaire. 5 axes d’actions complémentaires sont alors visés en promotion de la santé :
¬ le renforcement de l’action communautaire : impliquer les collectifs, favoriser la mobilisation citoyenne.
¬ la création d’environnements favorables : agir sur les environnements physiques mais aussi sociaux.
¬ l’élaboration d’une politique publique saine : introduire la santé au-delà des politiques de santé publiques mais aussi dans l’éducation, les politiques sociales, économiques, éducatives, de l’emploi et des loisirs, de l’habitat et de l’urbanisme.
¬ l’acquisition d’aptitudes individuelles : développer l’éducation pour la santé pour tous.
¬ la réorientation des services de santé : prendre en compte les besoins des populations qu’ils servent. Décloisonner les activités curatives et la prévention.
Développer de la démocratie sanitaire et prendre en compte la parole des usagers.
EVOLUTION DE LA PREVENTION
La prévention est "l’ensemble des mesures visant à éviter ou réduire le nombre et la gravité des maladies, des accidents et des handicaps".
L’OMS distingue 3 types de prévention qui correspondent à des états successifs de la maladie
La prévention primaire |
La prévention secondaire |
La prévention tertiaire |
Avant l’apparition de la maladie |
Au tout début de la maladie |
Une fois la maladie installée |
Diminuer l’incidence d’une maladie dans une population et donc réduire les risques d'apparition de nouveaux cas (ex : faire diminuer les conduites à risque individuelles, les risques environnementaux ou sociétaux…) |
Diminuer la prévalence d’une maladie dans une population (ex : le dépistage destiné à agir au tout début de l’apparition du trouble ou de la pathologie afin de s’opposer à son évolution…) |
Diminuer les incapacités chroniques ou les récidives et de réduire les complications, invalidités ou rechutes consécutives à la maladie. |
R.S. GORDON propose en 1982 une classification de la prévention qui prend appui sur la population cible des actions de prévention mises en œuvre là où l’OMS établissait une distinction fondée sur le stade de la maladie.
La prévention universelle
|
La prévention sélective |
La prévention ciblée |
L’ensemble de la population |
Des sous-groupes de popu-lation spécifiques |
Des sous-groupes de popu-lation spécifiques |
Quel que soit l’état de santé |
Pas de facteurs de risques identifiés |
Existence de facteurs de risque spécifiques |
Ex : "pour être en forme, mangez 5 fruits et légumes par jour" Existence de facteurs de risque spécifiques |
Ex : campagnes visant les automobilistes, travailleurs du bâtiment, les jeunes femmes |
Ex : glycosurie chez les femmes enceintes et toutes les mesures d’éducation thérapeutique |
Guide et outils du conseil en méthodologie de Bourgogne
VERIFIER L’ADEQUATION ENTRE BESOINS, DEMANDES ET OFFRES
Et sur le terrain, comment se passe la prévention ?
"L’éducation pour la santé est un acte d’accompagnement de l’homme pris dans ses trois dimensions :
de sujet individuel désirant et contradictoire,
de sujet inséré dans une culture qui le modèle et le contraint,
de sujet politique collectivement responsable et à la fois dépossédé des choix de société qui conditionnent la qualité de vie".
Philippe LECORPS, 1989
L’EDUCATION POUR LA SANTE
"L’éducation pour la santé n’a pas pour objectif de parler au public de sa santé, mais de lui donner l’aptitude de parler de sa santé,
des éléments qui la contraignent ou la favorisent,
des choix à faire, des décisions à prendre,
du bien à faire et du mal à éviter,
de l’autonomie et de la justice sociale ».
Jean-Pierre DESCHAMPS
En entreprise…
…réconcilier avec la santé et la prévention
Permanences prévention…
…aller vers et revenir ensemble en Consultations Jeunes Consommateurs
Stage stup…
…apprivoiser un lieu de soin.