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Laëtitia - Al Anon

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"L'alcool à la maison ça me saoule !"

Avec Laëtitia (adulte, enfant de malades alcooliques) Et Alain (Al-Anon, Groupe de Lyon-Caluire)

Récit de Laëtitia

MON VECU D ENFANT DE PARENTS MALADES ALCOOLIQUES

Lorsque je suis venue au monde, mon père buvait déjà. Il était très violent.

Par peur ma maman a fui Roanne et s’est installée à Lyon avec moi lorsque j’avais 1 an environ.

Depuis ce moment là, je n’ai plus jamais revu mon père qui est décédé lorsque j’avais 11 ans des conséquences de son alcoolisme, crise cardiaque à 39 ans.

Je suis encore beaucoup dans le déni par rapport à ce manque que je ne ressens que très peu car trop douloureux sans doute !

Puis la maladie s’est développée chez ma mère.

Et là, la vie de fou a commencé. Dès l’âge de 12 ans, ses attitudes me dérangeaient, j’avais honte de ce qu’elle faisait. Je ressentais sa souffrance par rapport à sa vie et à tout ce qu’elle avait vécu ; mari violent, sœur qui épouse son second mari, sentiment d’être incomprise, élève seule son enfant …

J’avais, je pense, de la peine pour elle. Et en même temps, l’enfant que j’étais vivait des moments de solitude intense et d’abandon. Les montagnes russes : PAS d alcool : mère présente émotionnellement et puis avec le temps mère très triste sans alcool. AVEC alcool : mère extravertie, ne se respectant pas, ne me respectant pas, je n’existais plus.

"Mais enfin tu dis tout le temps que je suis tout pour toi, que tu m’aimes, que sans moi tu serais perdue… alors pourquoi me montrer tout le contraire en buvant, en partant des week-ends entiers sans me dire où tu es, en choisissant tes amis plutôt que de venir près de moi dans ma chambre quand je t’appelle te disant que j’ai besoin de toi ??

Suis-je folle de croire que tu m’aimes et en même temps que tu me montres le contraire ?

Que dois-je croire ?".

Puis j’ai fait tant bien que mal ma vie avec un homme violent, on s’aimait à la folie.

Suis-je folle de croire qu’il m’aime et en même temps qu’il me montre le contraire ?

Puis après avoir tout essayé avec elle (pleurs, colère, explication, désespoir, mini cours sur l'alcoolisme et ses effets, chantage...) et que ma santé se décline tellement (migraines, deux par semaine, crises d’angoisse), qu’un choix s’est imposé à moi, m’éloigner d’elle pour me sauver.

Je lui ai écrit que je l’aimais mais que je ne pouvais rien faire pour l’aider.

Peu de temps après, elle trouve la sobriété avec la rencontre d’une personne : Corinne et d’une association les Alcooliques Anonymes, elle se sauve elle-même.

Six mois passent et elle me sauve moi en me faisant rencontrer Al-Anon qui me donne ce que personne n’avait pu me faire découvrir : MOI. Et je deviens la personne la plus importante dans ma vie. Ce faisant, je peux enfin donner au reste du monde et à ma mamounette bien sûr.

J’ai alors 24 ans et nous décidons, avec quelques autres enfants d’alcooliques, quelques mois plus tard, de créer un groupe spécifique pour les adultes qui sont enfants d’alcooliques. Des groupes pour les enfants et tous petits existaient déjà. Le programme est alors adapté pour eux.

Ma première rencontre avec Al-Anon a été un soulagement énorme ; je n’étais pas folle. Tout ce que je ressentais portait un nom et était les conséquences de la vie auprès d’une personne malade alcoolique, même si ma mère ne buvait plus, c’était en moi. Jusqu’à cette rencontre j’ai toujours été persuadée que j’étais la seule à vivre ce genre de souffrance. Enfin je rencontrais des gens comme moi.

C’est difficile d’exprimer avec des mots cette rencontre qui a littéralement changé ma vision de la vie, de moi-même et de l’alcoolique.

Le site Alanon-alateen.fr explique aussi beaucoup de choses sur la maladie et ses conséquences que l’on relie rarement à notre vécu, on pense souvent que se sont deux choses différentes que souvent on veut oublier.

Un numéro de téléphone existe pour la région Rhône-Alpes. Répondeur sur lequel plusieurs numéros de téléphone sont donnés pour nous aider dans les moments difficiles ou nous donner des adresses de réunions… etc…

06.38.05.04.64

Al-anon existe dans plus de 115 pays et il y environ 200 groupes en France.

Ce qui me plait aussi énormément dans Al-anon, c’est que je suis libre de venir au groupe ou pas. Il n‘y a pas d’inscription, ni d’obligation aucune. Simplement maintenant je sais que je ne serais plus jamais seule et ça, ça n’a pas de prix.

Aujourd’hui j’ai 41 ans et après 15 ans de vie avec l’alcool et plus 18 ans de rétablissement, nous avons enfin une relation d’amour, de respect et de compréhension avec ma maman.

Ma maman est devenue ma maman et moi je suis devenue sa fille.

Mise à jour le Lundi, 17 Août 2015 14:59