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GROSSESSE ET ADDICTIONS REPÉRER, COMPRENDRE, CONNAÎTRE, INFORMER, ACCOMPAGNER, TRAITER

Dr Brigitte DAVID - Consultation"Grossesse et addictions"

CSAPA - Hôpital de la Croix-Rousse – Lyon 4ème

 

Quels objectifs ?

"Regarder, Ecouter, Parler autrement"

Acquérir des connaissances, trouver des repères pour :

- Mieux dépister les situations à risque et les appréhender,

- Comprendre les enjeux pour les femmes, leurs grossesses et les enfants à naître,

- Informer les patientes sans les effrayer ni les décourager,

- Les accompagner et travailler à réduire les risques pour leur grossesse et les enfants à naître

1°/ Profils et histoires Repérer et comprendre

Une grossesse pas tout à fait comme les autres

Toxicomane… Telle qu’on l’imagine

Un secret bien gardé…

 

2°/ Alcool, drogues, médicaments Connaître et informer

Tabac             La place de la sage-femme tabacologue

Alcool              L’ennemi public n°1

Drogues          Cannabis, Cocaïne, Héroïne : Principaux risques / Informations à transmettre Médicaments      Usage et mésusage

 

3°/ Du sevrage à la réduction des risques Accompagner et traiter

Accompagner la grossesse   Le suivi d’une grossesse à risques

Accompagner l’addiction       Place du sevrage et des traitements de substitution aux opiacés

4°/ Et l’enfant … ?

Le syndrome de sevrage néonatal

La question de l’allaitement maternel

 

5° / Histoires de maternité…

 

6°/ La consultation "Grossesse et addictions"du CSAPA de l’Hôpital de la Croix-Rousse

PROFILS ET HISTOIRES : REPERER ET COMPRENDRE

Une grossesse "pas comme les autres"…

 

Une grossesse qui échappe aux normes actuelles…

ð Objectif "risque zéro"pour la mère et l’enfant à naître … Or, grossesse à risque (malformations, faible développement intra-utérin, prématurité…)

ð Suivi obstétrical rigoureux, normalisé, codifié … Or, inscription tardive, suivi chaotique (image de "mauvaise mère », inquiétude pour l’enfant à naître, désarroi des équipes…)

 

Un repérage aléatoire et difficile…

ð Repérage basé sur l’auto déclaration – repérage tabac et alcool surtout - … Or, dissimulation, sous-déclaration (honte, culpabilité, crainte du jugement des soignants, peur du placement…)

 

Une évaluation des risques incertaine…

ð Polyconsommation fréquente … Difficulté à connaître les effets spécifiques de chaque produit

PourtantLes âges de forte consommation coïncident avec les âges de fécondité d’où risque potentiel de consommation pendant la grossesse

 

Ä Repérage et prise en charge =

Enjeu essentiel pour les équipes obstétricales et responsabilité vis-à-vis des enfants à naître.

Ä Rechercher une addiction devant toute grossesse.

Ä Former les équipes à l’accueil et au suivi de ces femmes.

Toxicomane … Telle qu’on l’imagine

Ä Une grossesse rarement prévue, de découverte tardive – "Je ne pensais pas pouvoir être enceinte" - dans un contexte de cycles menstruels déréglés, de diminution de la libido, d’état général altéré, de perception et de gestion du corps défaillantes.

Ä Une arrivée tardive à la maternité, la dissimulation des consommations, par crainte du jugement des professionnels et du placement de l’enfant, dans un climat de culpabilité, de honte et de peur.

Ä Une équipe soignante en difficulté tant avec la mère qu’avec l’enfant nouveau-né.

 

Des représentations négatives et des peurs mutuelles violentes,

qui paralysent les relations humaines et la rencontre…

ðQuelques "clefs"…

L’histoire de vie de la mère :

Une histoire souvent marquée par la violence physique, psychique, sexuelle dans l’enfance et l’adolescence.

L’histoire du couple :

Un couple construit autour du produit et un conjoint "initiateur"qui va faciliter ou entraver le travail.

 

Le mode de vie maternel :

Une précarité matérielle et affective (précarité des soutiens familiaux et amicaux, absence de médecin traitant ou peu d’investissement réciproque de la relation de soin, difficultés sociales, endettement, problèmes avec la Justice…).

 

La santé maternelle :

Méconnaissance de l’anatomie et de la physiologie du corps féminin : Un corps "qui ne parle pas ».

Aménorrhée ou règles irrégulières, certitude d’être stérile, indifférence au corps… diagnostic de grossesse tardif.

Carences alimentaires, mauvais état dentaire et co-morbidités infectieuses (VHC – VHB – VIH) et psychiatriques (psychotropes).

Les peurs maternelles :

Peur pour l’enfant à naître : malformation – syndrome de sevrage … =) culpabilité, honte

Peur du jugement des soignants : image de "mauvaise mère ».

Peur du placement des enfants

 

ð … Pour changer de regard

Derrière l’image de la "mauvaise mère », se cache une femme en grande souffrance, qui vit dans l’angoisse de faire subir à son enfant la même souffrance et l’espoir de lui offrir une vie meilleure…

Un secret bien gardé …

Attention ! Il faut parfois … souvent … tendre l’oreille et la main pour repérer certaines situations …

La vie libre d’une femme moderne, un métier exigeant et stressant, des sorties…

Et puis … un joint le soir pour se détendre, bons vins, cocktails et vodka le week-end pour oublier une dure semaine…

Insidieusement, la dépendance s’installe, silencieuse et invisible des dispositifs de soins … A-t-on d’ailleurs envie de la soigner ? Est-ce vraiment une addiction ?

 

Une grossesse arrive… Comment et à qui dire : "Je fume un joint tous les soirs" … "J’avais bu une bouteille de vodka la veille du jour où j’ai appris que j’étais enceinte" … ou encore … "Je prends de l’Efferalgan codéiné, ça me fait du bien »… ???

Souvent bien insérées, de bon niveau socio culturel, les femmes usagères de CANNABIS, ALCOOL, PSYCHOTROPES, ANTALGIQUES CODEINES sont invisibles dans les dispositifs spécialisés.

Cependant leur grossesse est une grossesse à risque, vécue dans la solitude et la culpabilité…

Leur repérage pour une prise en charge pluridisciplinaire est essentiel

et revient le plus souvent aux professionnels de la périnatalité

ALCOOL, DROGUES, MEDICAMENTS : CONNAÎTRE ET INFORMER

Repères :

- Pendant la grossesse, l’usage est nocif et pas seulement la dépendance.

- Les risques de fausse-couche, accouchement prématuré, souffrance foetale in utero existent avec tous les produits.

TABAC : La place de la sage-femme tabacologue

Repères :

 

Ä Un âge de début de la consommation de tabac très précoce – avant l’adolescence – doit orienter vers la recherche d’autres dépendances plus tardives.

 

Ä La consultation, pendant la grossesse, d’un addictologue ou d’une sage-femme tabacologue pour une dépendance au tabac doit inciter à rechercher d’autres consommations, en particulier l’alcool.

 

Ä Intérêt d’une prise en charge conjointe par médecin addictologue et sage-femme tabacologue – expérience de l’Hôpital de la Croix-Rousse avec Catherine Laveissière -

 

ALCOOL : "L’ennemi public n°1 »

 

Exposition prénatale à l’alcool = Enjeu de santé publique :

L’alcool = substance tératogène, responsable de malformations.

L’alcool = première cause d’origine non génétique de retard mental.

Ä L’exposition prénatale à l’alcool doit être évoquée devant tout enfant présentant un retard mental.

ÄPrévalence difficile à apprécier, dissimulation fréquente de la consommation, présence dans tous les milieux sociaux, co-morbidités psychiatriques, problème du "binge drinking" (alcoolisation ponctuelle excessive.)

 

L’alcool franchit la barrière placentaire - Taux d’alcool équivalents chez le foetus et chez la mère mais équipement enzymatique insuffisant chez le foetus et élimination très lente - et passe dans le lait.

 

On ne connaît pas le seuil de consommation en dessous duquel il n’y aurait pas de risque pendant la grossesse ð "objectif zéro alcool ».

 

L’alcool est toxique durant toute la grossesse óson arrêt est donc bénéfique quel que soit le moment de la grossesse.

 

Ensemble des Troubles Causés par l’Alcoolisation Foetale (ETCAF): 9 °/°° grossesses dont Syndrome d’Alcoolisation Foetale (SAF) : 1 à 3 °/°° -

 

Le Syndrome d’Alcoolisation Foetale (SAF)

Dysmorphie crânio-faciale caractéristique.

Fentes palpébrales étroites – Etage moyen de la face plat – Nez court – Philtrum absent – Lèvre supérieure fine …

Malformations et atteintes sensorielles (1er trimestre essentiellement)

Coeur – Système nerveux – Squelette – Oeil – Oreille – Sphère uro-génitale –

Retard de croissance staturo-pondérale

Retard global, harmonieux, touchant taille, poids et périmètre crânien.

 

Atteinte du système nerveux central

Déficience mentale – microcéphalie – Troubles du développement – Troubles du langage – Difficultés des apprentissages – Difficultés d’abstraction – Atteinte des fonctions exécutives (planification, conséquences des actes…) – troubles de la mémoire – Troubles de l’attention – Troubles des conduites sociales.

 

L’Ensemble des troubles causés par l’alcoolisation foetale (ETCAF)

Toutes les formes symptomatiques où l’exposition prénatale à l’alcool est l’étiologie principale.

 

 

 

 

 

CANNABIS, COCAÏNE, HEROÏNE : Connaître et informer

CANNABIS

 

Drogue la plus fréquemment utilisée – 1 à 5 % des femmes en âge de procréer fument au moins 10 joints par mois – et presque toujours présente dans les polyconsommations.

Porte d’entrée dans la toxicomanie à l’adolescence, presque toujours associé au tabac.

Les feuilles de cannabis séchées (herbe ou marijuana) et des extraits résineux de la plante (haschich) sont utilisés à des fins "récréatives" ou anxiolytiques ("le joint du soir ») sous diverses formes, en particulier fumés seuls ou avec du tabac (cigarettes roulées – joint - , pipe à eau).

De très nombreux composés sont présents dans la plante (cannabinoïdes) :

Principal agent psychoactif = delta-9-tétrahydrocannabinol (THC) ð détente, bien-être, euphorie…

 

"3 joints = 1 paquet de cigarettes" Etude comparative cannabis – tabac (2006 INC/MILDT) : La fumée de cannabis contiendrait 7 fois plus de goudrons et de monoxyde de carbone que celle du tabac. (Risque de cancers et de maladies cardio-vasculaires)

Ref : http://www.technoplus.org/t,1/2187/etude-comparative-tabac/cannabis

Conséquences obstétricales mal connues (Polyconsommations et association presque constante au tabac).

Liposolubilité élevée ð franchit la barrière placentaire en quelques minutes / Se concentre dans le lait maternel (jusqu’à 8 fois plus que dans le sérum maternel) ð "La consommation de cannabis est déconseillée au cours de l’allaitement maternel"

CANNABIS

Pendant la grossesse :

Possibilité de RCIU (hypoperfusion placentaire).

 

A la naissance :

Consommation occasionnelle : aucun effet néonatal

Consommation régulière et importante (Au moins 6 fois par semaine): Risque de :

Prématurité

Diminution du poids de naissance (hypoperfusion placentaire)

Syndrome de sevrage néonatal modéré, qui régresse spontanément, avec trémulations, sursauts, troubles du sommeil

Ä Le rôle propre du tabac fumé avec le cannabis est difficile à distinguer de celui du cannabis seul.

 

A plus long terme :

Possibilité de troubles de l’attention, difficultés d’apprentissage, hyperactivité, troubles du sommeil si consommation régulière.

COCAÏNE

 

Stimulant du système nerveux central et vasoconstricteur très puissant.

Deux formes : poudre blanche ("sniffée" ou injectée) et forme solide (caillou) très concentrée (cocaïne base ou free base ou crack).

Provoque euphorie, sentiment de puissance intellectuelle et physique, indifférence à la douleur et à la fatigue, levée d’inhibition, de courte durée et suivis d’une "descente" rapide avec état dépressif, anxiété et besoin irrépressible de consommer à nouveau (craving +++).

Forte dépendance psychique, lésions de vasoconstriction locale (irritation, ulcération, voire perforation de la cloison nasale) ou viscérale (infarctus du myocarde ou cérébral...), troubles cardiaques (tachycardie, troubles du rythme, hypertension voire mort subite), troubles neuropsychiatriques (troubles paranoïdes).

Risque d’infection virale : hépatites B et C lorsqu’elle est "sniffée », voire infection à VIH si elle est injectée.

La cocaïne franchit la barrière placentaire et passe dans le lait maternel. "Il est vivement recommandé de ne pas consommer de cocaïne pendant l’allaitement ».

 

Exposition maternelle prolongée ð HTA + vasoconstriction intense

et diminution du flux placentaire

Pendant la grossesse :

Fausses couches spontanées et accouchements prématurés.

Retards de croissance in utero

Malformations - Coeur et voies urinaires - légère augmentation - controversée -

Hydramnios.

Hématome rétroplacentaire (HRP) : Risque multiplié par 4 ou 5 (avec risque de mort foetale in utero++). Peut survenir dans les suites immédiates de la prise de cocaïne.

Evoquer la prise de cocaïne devant un hématome rétroplacentaire ++

Rupture prématurée des membranes : Fréquence multipliée par 3 ou 4 l.

 

A la naissance :

Hypotrophie (poids et taille)

Prématurité

Syndrome d’imprégnation néonatal: hypertonie, réflexes vifs, hyperexcitabilité, trémulations, convulsions ...

Syndrome de sevrage néonatal : modéré, il ne nécessite pas de traitement spécifique

Affections gastro-intestinales, neurologiques: infarctus mésentériques, entérocolites ulcéro-nécrosantes convulsions, lésions hémorragiques cérébrales.

OPIACES

Héroïne (injectée par voie intra-veineuse ou sniffée).

Morphine.

Traitements de substitution (Méthadone et Buprénorphine).

Et aussi … Usage détourné des antalgiques de niveau 2 (Codéine et Tramadol)

Héroïne = Opiacé puissant.

Attention ! L’héroïne vendue peut être contaminée par des substances potentiellement dangereuses

Forte dépendance psychique et physique.

Risque d’infection - notamment VHB, VHC et VIH – en cas d’usage par voie injectable.

Traitement de substitution : Méthadone ou Buprénorphine.

Recours au TSO possible en cas de dépendance aux antalgiques.

Les opiacés franchissent aisément la barrière placentaire et sont présents dans le lait maternel.

La grossesse sous héroïne est une grossesse à haut risque

Pendant la grossesse :

Suivi obstétrical tardif (Découverte tardive de la grossesse : aménorrhée fréquente) et chaotique.

Fausses couches et accouchements prématurés.

Retards de croissance intra utérins.

Pas de risque malformatif : l’héroïne n’est pas tératogène

Alternance intoxication-sevrage = stress sévère par le foetus

Risque de mort foetale in utero ++

Le manque est le risque majeur pour le foetus

A la naissance :

Syndrome de sevrage néonatal

La mise en place d’un TSO change le pronostic :

meilleur suivi de grossesse,

limitation de la souffrance fœtale

liée à l’alternance des phases d’intoxication et de sevrage

ALCOOL, CANNABIS, COCAÏNE, HEROÏNE : Connaître et informer

 

Les informations à transmettre à la femme enceinte: Principaux risques liés à la consommation de certains produits

ALCOOL, TABAC, COCAÏNE, HEROÏNE SONT RESPONSABLES DE RETARDS DE CROISSANCE IN UTERO, DE FAUSSES COUCHES OU D’ACCOUCHEMENTS PREMATURES.

 

LALCOOL est toxique tout au long de la grossesse ; il est responsable de malformations, de troubles du développement psychomoteur et du comportement : L’arrêt de l’alcool est recommandé dès le début de la grossesse et bénéfique pour l’enfant à tout moment de la grossesse.

LE TABAC retentit sur la croissance in utero et sur le poids de naissance de l’enfant qui est inférieur au poids habituel (en moyenne 200g).

LE CANNABIS entraîne, dès la naissance, des troubles du comportement, hyperactivité, troubles du sommeil…

LA COCAÏNE augmente le risque de malformations et, du fait de ses effets vasoconstricteurs, peut être à l’origine de la mort du foetus in utero.

LHÉROÏNE n’entraîne pas de malformation mais l’alternance intoxication – sevrage est la source d’une souffrance foetale majeure : un sevrage brutal expose au risque de mort foetale. L’héroïne est également responsable d’un syndrome de sevrage néonatal.

 

POUR PROTEGER L’ENFANT, L’ARRET DE LA CONSOMMATION D’ALCOOL ET DE COCAÏNE EST RECOMMANDE DES LE DEBUT DE LA GROSSESSE

MEDICAMENTS : Usage et mésusage

Principes généraux :

Apprécier le risque réel F Période d'exposition et médicament en cause.

Période à risque maximal = Période où femme et médecin ignorent encore la grossesse. !

 

F Apprendre à raisonner non pas en terme de "femme enceinte », mais en terme de femme " susceptible d'être enceinte"

FF En pratique, très peu de médicaments sont suffisamment tératogènes pour justifier une interruption de grossesse

Une question sur la tératogénèse ?  CRPV ou CRAT

A garder en mémoire :

De la conception au 12ème jour :                             Risque le plus faible

Du 13ème au 56ème jour:                                        Risque malformatif le plus important

De la fin du 2ème mois à l’accouchement :             Risques de problèmes de croissance et de maturation des organes

Après la naissance :                                                              Syndrome d’imprégnation puis syndrome de sevrage

En pratique :

Utiliser le traitement le mieux évalué au cours de la grossesse.

Eviter l’automédication.

Gestion des psychotropes :

Question importante du fait des co-morbidités psychiatriques et du risque de dépendance à certains produits.

Réévaluation de la nécessité de poursuivre le traitement (Risques liés au traitement / Risques liés à l’arrêt du traitement) (évaluation pluridisciplinaire)

 

Si nécessité de poursuivre le traitement :

Maintien à une posologie efficace

Passage, si possible, à un médicament qui a un profil de risque plus faible.

Préparation de l’accueil de l’enfant au cours d’une consultation pédiatrique anténatale.

Choix préférentiels pendant la grossesse et l’allaitement :

Anxiété : Oxazepam (Seresta*) (demi-vie intermédiaire de 8h)

Dépression : Clomipramine (Anafranil*) ou amitriptyline (Laroxyl*) parmi les tricycliques ou

Sertraline (Zoloft*25 et 50 mg) parmi les IRS *( 50 mg/j en une prise)

* Attention cependant au risque d’entérocolite néonatale, consécutif à l’administration des Inhibiteurs de recapture de sérotonine chez les mères d’enfants prématurés

Troubles psychotiques :     Olanzapine (Zyprexa* 10 mg) (5 à 20 mg/j)

L’acamprosate (Aotal*) est utilisable dans la dépendance à l’alcool.

L’utilisation du Valproate de sodium est déconseillée du fait du caractère tératogène de la molécule.

Le plus important !

Détecter la dépendance médicamenteuse essentiellement :

Benzodiazépines.

Antalgiques de niveau 2 (Tramadol – Codéine) ou 3 (Morphine).

A prendre en charge de la même manière que les autres dépendances

Outils d’évaluation d’une addiction aux opioïdes forts :

"Opioid Risk Tool" Evaluation du risque de mésusage

"Prescription Opioid Misuse Index" Auto-questionnaire de dépistage d’un comportement de mésusage d’un antalgique opioïde

Comportement évocateur d’un abus de prescription d’opioïdes / DSM-V : Utilisation inadaptée d’une substance conduisant à une dégradation

CRPV

Centre Régional de Pharmacovigilance

et d'information sur les médicaments

Bâtiment A 162 avenue Lacassagne 69424 Lyon cedex 3

Responsable : Mr le Dr Thierry Vial

Tél : 04 72 11 69 97 Fax : 04 72 11 69 85 E-mail : Cette adresse email est protégée contre les robots des spammeurs, vous devez activer Javascript pour la voir.

 

CRAT

Centre de Référence sur les Agents Tératogènes

http://www.lecrat.org/

Centre de Référence sur les Agents Tératogènes

Hôpital Armand Trousseau - 26 avenue du Dr Arnold Netter - 75571 PARIS Cedex 12.

Le champ d’activité du CRAT couvre :

Les risques tératogènes ou foetotoxiques de divers agents en cours de grossesse,

(médicaments, radiations, virus, expositions professionnelles et environnementales...)

Les risques d’expositions diverses en cours d’allaitement (médicaments, vaccins, radiations...)

Les répercussions d’expositions paternelles sur une future grossesse.

Les risques sur la fertilité féminine ou masculine

Le CRAT propose deux moyens d’information :

Un site Internet (www.lecrat.org ) rédigé pour les professionnels de santé, mais en accès libre à tout public.

Un service hospitalier réservé aux médecins, pharmaciens, sages-femmes joignable :

au 01 43 41 26 22 (téléphone-fax-répondeur)

Par courrier : Cette adresse email est protégée contre les robots des spammeurs, vous devez activer Javascript pour la voir.

 

"Opioid Risk Tool" Appréciation du risque relié aux analgésiques opiacés Ce tableau permet d’évaluer le risque de mésusage en trois niveaux (faible, modéré, fort) selon 5 critères et pondéré par le sexe.

 

 

DU SEVRAGE A LA RDR : ACCOMPAGNER ET TRAITER

Accompagner la grossesse

Grossesse et consommation de drogues ð Un suivi adapté à une grossesse à risque

Tabac, alcool, drogues, médicaments franchissent la barrière placentaire : l’enfant n’est pas protégé: l’usage est nocif et la grossesse est une grossesse à risque

Intérêt d’informer avant la conception et de préparer la grossesse

 

• =) Aborder les questions de connaissance du corps, contraception, désir d’enfant…

 

• =) Informer et mettre des documents d’information à disposition des femmes

 

Les recommandations : "Grossesses à risque : orientation des femmes enceintes entre les maternités en vue de l’accouchement" (HAS 2009).

 

  • "Les femmes enceintes ayant des conduites addictives doivent relever d’une prise en charge multidisciplinaire dans un réseau organisé. Ce réseau organisé implique les différents intervenants (médecin généraliste, psychiatre, addictologue, tabacologue, CSAPA, obstétricien, pédiatre, sage-femme).

 

  • Ce réseau permet :

 

  • La mise en place d’un traitement de substitution des opiacés ou d’un sevrage selon les substances concernées.

 

  • De mener la grossesse à terme en minimisant les complications pour l’enfant et pour la mère d’un point de vue médical et social ».

 

En pratique : Avant tout, un changement de regard, un changement d’attitude :

 

  • Ne plus accueillir "une toxicomane ingérable" mais une femme dont la grossesse à risque nécessite un suivi attentif et chaleureux par une équipe pluridisciplinaire coordonnée.

 

  • Ne plus gaspiller son énergie pour "ce qu’il faudrait faire" mais se concentrer sur "ce qui peut être fait" = Travail de "réduction des risques" avec la participation de la mère aux soins néonataux, à la prise en charge du SSNN – tenter d’éviter la séparation en travaillant au développement du lien parents-enfant.

 

Grossesse et consommation de drogues ð Un suivi adapté à une grossesse à risque

Quels risques et pour qui ?

Risques liés à la consommation de produits toxiques pour l’enfant à naître

Risques liés à la précarité des conditions de vie et des soutiens affectifs

Risques liés à l’histoire de vie de la mère et du couple

Risques liés aux co-morbidités infectieuses et psychiatriques

Risques obstétricaux :

Fausses couches – Accouchement prématuré

Retard de croissance intra utérin – Souffrance foetale

Risques pour le foetus

 

Malformations – Mort foetale in utero

Risques pour l’enfant:

Syndrome de sevrage néonatal

Mort subite du nouveau-né

Lien mère-enfant - Devenir de l’enfant

 

Accompagner l’addiction

Prise en charge d’une addiction aux opiacés pendant la grossesse:

PRESERVER LE FOETUS DE LA SOUFFRANCE DU MANQUE

Sevrage ou traitement de substitution ?

SEVRAGE ?

Pas de sevrage au 1er trimestre (risque de fausse couche) et au 3ème trimestre (risque d’accouchement prématuré).

Eventuellement, si la future mère le souhaite, sevrage prudent et lent au 2ème trimestre

Mais, ne pas interrompre le suivi pour éviter ou détecter précocement les rechutes.

TRAITEMENT DE SUBSTITUTION AUX OPIACES ?

Les traitements de substitution (TSO) favorisent un meilleur suivi médical et obstétrical et diminuent la morbimortalité maternelle et fœtale.

Cependant, la grossesse demeure une grossesse à risque (prématurité, hypotrophie, syndrome de sevrage).

Deux produits sont utilisables : Méthadone et Buprénorphine (Subutex et ses génériques)

La Suboxone (association Buprénorphine et Naloxone) n’a pas l’AMM dans cette indication et doit être, dans la mesure du possible, remplacée par le Subutex pendant le temps de la grossesse et de l’allaitement.

Le traitement doit être prescrit à dose efficace pour maintenir un taux stable et éviter le manque chez la future mère et chez le foetus.

L’augmentation du volume circulant en fin de grossesse nécessite le plus souvent une augmentation de la posologie ++

La sévérité du syndrome de sevrage n’est pas liée à la posologie de TSO ++

METHADONE

La méthadone est un opiacé de synthèse utilisé depuis 1995 dans le traitement de la dépendance à l’héroïne ou à d’autres opiacés.

Classée au tableau des stupéfiants, son usage hors prescription médicale est interdit

La méthadone est administrée par voie orale une fois par jour. Elle est disponible sous deux formes : en sirop buvable et en gélules.

La prise initiale du traitement doit se faire à l’apparition des premiers signes de manque.

Les dosages sont adaptés en fonction des patients et sont donc très variables d’une personne à une autre. Certaines personnes ont besoin d’une posologie élevée; d’autres trouvent un équilibre avec des posologies très faibles. Il n’y a pas de posologie maximale pour la méthadone.

Une fois le bon dosage trouvé, il doit être maintenu aussi longtemps que nécessaire, mais il peut faire l’objet d’ajustements.

FORME SIROP

La prescription de la méthadone sirop est limitée à 14 jours. La délivrance est limitée à 7 jours (sauf mention contraire)

Prescription :

La prescription initiale de la forme sirop est réservée aux services hospitaliers (y compris en milieu pénitentiaire) et aux centres spécialisés (CSAPA). Les services des urgences hospitalières ne sont en revanche pas habilités à la prescrire.

Lorsque le dosage est stabilisé et que le patient est autonome, son traitement peut être délégué à un médecin de ville (ordonnance de relais).

Délivrance :

En début de traitement, la méthadone sirop est délivrée par le centre primo-prescripteur (service hospitalier ou CSAPA).

Par la suite, quand le traitement est stabilisé, la délivrance se fait soit au centre primo-prescripteur, soit en pharmacie de ville grâce à une ordonnance sécurisée.

FORME GELULE

La prescription de la méthadone gélule est limitée à 28 jours. La délivrance est limitée à 7 jours (sauf mention contraire)

Prescription :

La prescription de la forme gélule est réservée aux patients traités par la forme sirop depuis au moins un an et stabilisés (dosage adapté et gestion autonome du traitement). En aucun cas, la forme gélule ne se substitue à la forme sirop pour le démarrage d’un traitement. La prescription initiale de la forme gélule est réservée aux services hospitaliers (y compris en milieu pénitentiaire) et centres spécialisés (CSAPA).

Quand le patient sous méthadone sirop est suivi en ville, son médecin ne peut pas assurer le passage à la méthadone gélule. Il le ré adresse pour la première prescription, à un CSAPA ou service hospitalier. Par la suite, la prescription pourra être poursuivie par le CSAPA ou le service hospitalier, ou déléguée à un médecin de ville.

Délivrance : La délivrance de méthadone gélule se fait soit au centre spécialisé, soit en pharmacie de ville grâce à une ordonnance sécurisée.

 

METHADONE ET GROSSESSE

La Méthadone est un agoniste des récepteurs centraux opioïdes dont la demi-vie d’élimination est longue (24 heures en moyenne).

Aspect malformatif

Les données publiées chez les femmes exposées au 1er trimestre de grossesse sont nombreuses et rassurantes.

Aspect néonatal

La méthadone passe le placenta. Les concentrations néonatales peuvent représenter jusqu’à environ 60 % des concentrations maternelles.

Lors de prises prolongées de méthadone jusqu’à l’accouchement, un syndrome de sevrage néonatal est possible.

Sa survenue et sa gravité ne dépendent pas forcément de la posologie maternelle.

Il survient dans un délai de quelques heures à quelques jours après la naissance.

Aspect maternel

Une diminution des concentrations plasmatiques est possible en cours de grossesse.

 

METHADONE, GROSSESSE, ALLAITEMENT

EN PRATIQUE

La mise en route ou le maintien d’un traitement substitutif efficace des pharmacodépendances majeures aux opiacés est une priorité en cours de grossesse

En prévision d’une grossesse

Il n’est pas justifié d’interrompre la méthadone en vue d’une grossesse.

Traiter une femme enceinte

Il est possible d’utiliser la méthadone quel que soit le terme de la grossesse.

Les posologies devront parfois être augmentées en cours de grossesse pour maintenir l’efficacité de la substitution.

Informer l’équipe de la maternité du traitement maternel pour lui permettre d’adapter l’accueil du nouveau-né (pédiatre).

Découverte d’une grossesse pendant le traitement

Rassurer la patiente quant au risque malformatif de la méthadone.

Il est possible d’utiliser la méthadone quel que soit le terme de la grossesse.

Les posologies devront parfois être augmentées en cours de grossesse pour maintenir l’efficacité de la substitution.

Informer l’équipe de la maternité du traitement maternel pour lui permettre d’adapter l’accueil du nouveau-né (pédiatre)

Allaitement

La quantité de méthadone ingérée via le lait est faible : l’enfant reçoit environ 3 % de la dose maternelle (en mg/kg).

Aucun évènement particulier n’est signalé à ce jour chez les enfants allaités.

Au vu de ces données, l’utilisation de la méthadone est possible en cours d’allaitement.

Ceci sera reconsidéré en cas de prises d’autres substances (alcool, toxiques, psychotropes...).

Les quantités ingérées via le lait sont insuffisantes pour éviter ou traiter un sevrage néonatal à la méthadone.

BUPRENORPHINE

La Buprénorphine Haut Dosage* (Subutex® et ses génériques) est un opiacé de synthèse utilisé depuis 1996 dans le traitement de la dépendance à l’héroïne ou à d’autres opiacés.

Elle est classée sur la liste 1 des médicaments prescrits et délivrés sur ordonnance, et est soumise aux règles de prescription et de délivrance des stupéfiants.

La prise initiale du traitement doit se faire à l’apparition des premiers signes de manque.

Les dosages sont adaptés en fonction des patients et sont donc très variables d’une personne à une autre. Certaines personnes ont besoin d’une posologie élevée (la posologie maximale autorisée par l’AMM est de 16 mg), d’autres trouvent leur équilibre avec des posologies très faibles.

Une fois le bon dosage trouvé, il doit être maintenu aussi longtemps que nécessaire, mais il peut faire l’objet d’ajustements.

La BHD peut être prescrite par tout médecin, y compris un médecin généraliste, pour une durée de 28 jours maximum, sur une ordonnance sécurisée.

Le nom du pharmacien choisi par le patient devra être inscrit sur l’ordonnance ainsi que sur les renouvellements.

BUPRENORPHINE ET GROSSESSE

 

La buprénorphine est un agoniste partiel - antagoniste des récepteurs centraux opioïdes. Sa demi-vie d’élimination est longue (une trentaine d’heures).

Aspect malformatif

Les données publiées chez les femmes exposées au 1er trimestre de grossesse sont nombreuses et rassurantes.

Aspect néonatal

La buprénorphine et son métabolite actif la nor-buprénorphine passent le placenta : les concentrations néonatales peuvent représenter jusqu’à 50 et 65% respectivement des concentrations maternelles.

Un syndrome de sevrage néonatal est attendu en cas de prise chronique de buprénorphine jusqu’à l’accouchement.

Sa survenue et sa gravité ne dépendent pas forcément de la posologie maternelle.

Il survient dans un délai de quelques heures à quelques jours après la naissance.

Aspect maternel

Une diminution des concentrations plasmatiques est possible en cours de grossesse.

 

BUPRENORPHINE, GROSSESSE, ALLAITEMENT

EN PRATIQUE

La prise en charge de la dépendance majeure aux opiacés est primordiale en cours de grossesse.

En prévision d’une grossesse

Il n’est pas justifié d’interrompre la buprénorphine en vue d’une grossesse.

Traiter une femme enceinte

Il est possible d’utiliser la buprénorphine quel que soit le terme de la grossesse.

Les posologies devront parfois être augmentées en cours de grossesse pour maintenir l’efficacité de la substitution.

Informer l’équipe de la maternité du traitement de substitution pour lui permettre d’adapter l’accueil du nouveau-né.

Découverte d’une grossesse pendant le traitement

Rassurer la patiente quant au risque malformatif de la buprénorphine.

Il est possible d’utiliser la buprénorphine quel que soit le terme de la grossesse.

Les posologies devront parfois être augmentées en cours de grossesse pour maintenir l’efficacité de la substitution.

Allaitement

La quantité de buprénorphine et de son métabolite actif (norbuprénorphine) ingérée via le lait est très faible : l’enfant reçoit (en mg/kg) environ 1% de la dose maternelle.

La biodisponibilité de la buprénorphine par voie orale est faible.

Au vu de ces données, l’utilisation de la buprénorphine est possible en cours d’allaitement.

Ceci sera reconsidéré en cas de prises d’autres substances (alcool, toxiques, psychotropes...).

Les quantités ingérées via le lait sont insuffisantes pour traiter un sevrage néonatal à la buprénorphine.

SUBOXONE

Association Buprénorphine / Naloxone

Prescription sur ordonnance sécurisée limitée à 28 jours.

Délivrance fractionnée de 7 jours sauf mention expresse du prescripteur "délivrance en une seule fois ».

Grossesse :

Peu de données sur la grossesse sont disponibles concernant l’association buprénorphine / naloxone (Suboxone) du fait de la contre indication de cette association chez la femme enceinte.

L'utilisation de l'association buprénorphine / naloxone pendant la grossesse doit être évaluée par le médecin.

L'association buprénorphine / naloxone ne doit être utilisée pendant la grossesse que si le bénéfice potentiel est supérieur au risque potentiel pour le foetus.

Allaitement :

On ne sait pas si la naloxone est excrétée dans le lait maternel.

L’association buprénorphine / naloxone ne doit pas être utilisée pendant l’allaitement dans l’état actuel des connaissances.

 

Les informations à transmettre à la femme enceinte :

Les traitements de substitution aux opiacés

LES MEDICAMENTS DE SUBSTITUTION AUX OPIACES N’ENTRAÎNENT

PAS DE RISQUE DE MALFORMATION :

LA GROSSESSE EST POSSIBLE SOUS METHADONE OU BUPRENORPHINE.

Il n’y a aucune raison de modifier un traitement de substitution à l’occasion d’une grossesse :

les effets périnataux de la Méthadone et de la Buprénorphine sont identiques.

Il est possible de commencer un traitement de substitution à l’occasion d’une grossesse.

Et

il est vivement conseillé de poursuivre le traitement de substitution habituel pendant la grossesse :

Sous traitement de substitution,

la dose d’opiacés est stable et préserve des épisodes de manque dangereux pour le foetus.

LE MANQUE EST LE RISQUE MAJEUR POUR LE FOETUS

 

DU SEVRAGE A LA RDR : ACCOMPAGNER ET TRAITER Accompagner l’addiction

Les informations à transmettre à la femme enceinte :

Les traitements de substitution aux opiacés

LE MANQUE EST LE RISQUE MAJEUR POUR LE FOETUS

IL ENTRAÎNE UN ÉTAT DE SOUFFRANCE FOETALE

ET S’ACCOMPAGNE D’UN RISQUE ÉLEVÉ

DE FAUSSE COUCHE ET D’ACCOUCHEMENT PRÉMATURÉ

Tout sevrage brutal doit être proscrit pendant toute la durée de la grossesse.

Un sevrage lent est envisageable au 2ème trimestre mais pas souhaitable car il s’accompagne d’un risque de rechute dans les consommations.

Le maintien d’un taux stable de produit pour éviter les épisodes de manque est primordial.

La posologie des médicaments de substitution doit être adaptée à l’état de grossesse :

il est souvent nécessaire d’augmenter la dose de produit de substitution en fin de grossesse.

Il n’est jamais conseillé de la diminuer.

 

  • "Être là"

 

  • Entendre l’angoisse, la culpabilité, les peurs, les espoirs : effets délétères de l’alcool, des produits et des médicaments sur l’enfant, syndrome de sevrage, jugement des professionnels placement de l’enfant, image des professionnels de la PMI… Espoir de fonder une famille, d’être une bonne mère.

=) Accueillir et laisser naître peu à peu la confiance.

 

  • "Ancrer le présent"

 

  • Inviter le futur père à prendre part à certaines consultations.

 

  • Entrer en contact avec le réseau personnel de la femme et définir la place de chacun… Etablir des liens et les maintenir.

 

  • Travailler avec les parents, favoriser les liens familiaux.

 

=) Travailler avec patience et persévérance, recueillir les éléments sociaux, médicaux, psychologiques, informer et associer les différents intervenants.

 

  • "Anticiper l’avenir immédiat"

 

  • Introduire peu à peu les relais nécessaires: suivi médical, psychologique et social au CSAPA, inscription en maternité et mise en route du suivi obstétrical, visite anténatale du pédiatre, sage femme cadre de l’Unité Kangourou, sage-femme et puéricultrice coordinatrices de PMI, sage-femme et puéricultrice de PMI

 

=) répondre peu à peu aux questions telles que se les posent les parents et pas seulement en fonction des risques repérés

=) Réduction des risques : cheminer pas à pas vers ce qu’il est possible d’atteindre et non vers ce qu’il faudrait faire …

 

Généraliste, sage-femme, obstétricien, pédiatre, addictologue, assistante sociale, psychologue, travaillent ensemble :

La prise en charge est pluridisciplinaire,

en réseau coordonné, souple et personnalisé mais solide et durable :

LA CONDUITE DU PREMIER ENTRETIEN

Evaluation globale des besoins / Constitution du réseau propre à la situation de la patiente

 

  • Situation sociale et familiale : logement, niveau scolaire, activité professionnelle, ressources, protection sociale, proximité de la famille, solidité des liens familiaux, conjoint (consommation de produits, investissement de la grossesse), enfants à charge, enfants placés…

 

  • Antécédents médicaux : pathologies psychiatriques et infectieuses intercurrentes, sérologies VIH – VHB – VHC , vaccinations, pratique d’injections, état du réseau veineux.

 

  • Antécédents obstétricaux : antécédents d’IVG, AP, RCIU… Déroulement de la grossesse ( ce qui a déjà été mis en oeuvre / Réseau personnel de la femme).

 

  • Addictions : produit par produit, âge de début, situation avant la grossesse, situation depuis l’annonce de la grossesse, ce qui est jugé important (évaluation des connaissances), ce qui a déjà été fait, ce qui semble encore possible… ou impossible…

 

Information claire et plan d’action personnalisé / Valorisation des efforts déjà effectués

Un danger majeur :

L’isolement de la future mère

Un atout essentiel :

Le suivi attentif, régulier et rigoureux de la grossesse,

par une équipe pluridisciplinaire coordonnée.

 

Et l’enfant … ?

Le syndrome de sevrage néonatal après exposition in utero aux opiacés

 

Concerne environ 60% des enfants nés de mère ayant consommé des opiacés ou des traitements de substitution aux opiacés pendant la grossesse.

La sévérité et la durée du SSNN ne sont pas corrélées à la posologie du TSO.

Mais elles peuvent être influencées par la prise concomitante d’autres produits : benzodiazépines en particulier (SSNN plus tardif et/ou plus long)(Syndrome d’imprégnation puis de sevrage aux BZD.)

Apparaît en principe dans les 3 jours qui suivent la naissance (1 à 10 jours).

Dure en général de 1 à 3 semaines.

Les symptômes sont :

Neuro-végétatifs :     Excitabilité, hypertonie, hyperréactivité, trémulations, sursauts, cri aigu, sommeil agité, sueurs, hyperthermie.

Respiratoires :          Rhinorrhée, éternuements, bâillements, troubles du rythme respiratoire

Digestifs :                  Mauvaise succion, régurgitations, vomissements, diarrhées.

 

Evaluation à l’aide du score de Finnegan qui attribue une valeur numérique à la présence et à la sévérité de chaque symptôme.

Le syndrome de sevrage néonatal après exposition in utero aux opiacés

Que faire ?

Pendant la grossesse :

Consultation pédiatrique anténatale : préparer l’accueil de l’enfant et informer les parents

Information et préparation des parents : écouter (culpabilité, inquiétude), rassurer, informer, insister sur le rôle essentiel de la mère à travers les gestes simples du quotidien: allaitement, soins…

 

A la naissance :

Favoriser les liens mère-enfant : allaitement, soins, bercement, contacts "peau à peau », emmaillotage, maintien d’une atmosphère paisible, silencieuse, d’un éclairage doux.

Détecter et évaluer le SSNN : Score de Finnegan toutes les 4 heures dès la naissance.

Traiter si besoin:

Si le score dépasse 8 lors de 3 évaluations consécutives :

MORPHINE Chlorhydrate ou Sulfate (10 mg de sulfate de morphine = 7,5 mg de morphine base)

Par exemple :

ORAMORPH : Sulfate de morphine : de 0,5 mg/kg/jour à 0,75, voire 1 mg/kg/jour répartis en 6 prises par jour.

Mise en route du traitement à la posologie minimale.

Augmentation de la posologie par paliers de 25% en cas d’aggravation de deux scores consécutifs.

Maintien de la posologie pendant 48 heures à stabilisation.

Diminution par paliers de 20 % toutes les 48 heures.

SCORE DE FINNEGAN

 

 

Les informations à transmettre à la femme enceinte:

LE NOUVEAU-NE DE MERE DEPENDANTE AUX OPIACES PEUT PRESENTER UN SYNDROME DE SEVRAGE NEONATAL QUI NECESSITERA UNE HOSPITALISATION Le syndrome de sevrage du nouveau-né n’est pas systématique et son intensité n’est pas directement corrélée à la dose de médicament de substitution prescrite pendant la grossesse. Il survient le plus souvent dans les 3 jours qui suivent la naissance et dure de quelques jours à quelques semaines. Ses manifestations sont digestives, respiratoires, neurologiques ou générales. Des traitements médicamenteux sont disponibles (chlorhydrate de morphine) mais le rôle de la mère est primordial : Maintenir autour de l’enfant une atmosphère paisible et silencieuse, le porter, le bercer, prendre une part active à ses soins … sont autant de gestes maternels qui vont contribuer à la guérison, voire même à la prévention du syndrome de sevrage.

La question de l’allaitement maternel

Des principes généraux

Une contre-indication formelle : l’infection à VIH

Des recommandations : "L’arrêt de la consommation de cannabis est recommandé pendant l’allaitement ».

Aucune étude sérieuse n’a rapporté de trouble important chez les enfants exposés aux drogues durant l’allaitement.

Les bénéfices apportés par l’allaitement au sein quand celui-ci est souhaité par la mère prévalent sur ses inconvénients même en cas de consommation de drogues.

L’allaitement maternel est donc possible si la mère le souhaite.

Toutefois, les drogues passent dans le lait maternel et l’organisme immature de l’enfant peut y être sensible. Les consommations peuvent perturber l’allaitement ou modifier le comportement du bébé (somnolence excessive ou au contraire agitation).

La mère doit être informée et accompagnée.

Une certitude : les traitements de substitution (Méthadone et Buprénorphine) sont présents en très faible quantité dans le lait maternel et donc compatibles avec l’allaitement maternel.

L’allaitement au sein participe à la prévention et à la prise en charge du syndrome de sevrage du nouveau-né et doit être favorisé.

Deux préoccupations: Cannabis et cocaïne se concentrent dans le lait maternel et leur arrêt est vivement recommandé pendant l’allaitement.

 

En pratique …

Pendant la grossesse: Parler de l’allaitement et informer :

Evoquer la question de l’allaitement dès le début de la prise en charge : le désir d’allaiter est alors un élément motivationnel important

Informer clairement des avantages et des risques liés à l’allaitement ( Cannabis – cocaïne – traitements de substitution)

Respecter le choix de la future mère : Encourager sans imposer, rassurer sans minimiser les risques, ne pas prendre de décision hâtive avant la naissance

A la naissance: Accompagner et décider au cas par cas en fonction du désir de la mère et de la situation à ce moment-là…

Mettre en place une "stratégie" en cas de consommation modérée: Par exemple, ne pas fumer de tabac ou de cannabis avant d’allaiter et en présence du bébé, ne pas consommer d’alcool avant la tétée…

Mais en cas de consommation intense et/ou de polyconsommation …

Exemple de l’ingestion d’alcoo l:

Pic sanguin atteint en 15-20 minutes / Passage rapide dans le lait / Pic lacté atteint au bout d’une heure.

Délai de sécurité : 3 heures.

 

Les informations à transmettre à la femme enceinte: A la naissance… l’allaitement

LA PRISE D’UN TRAITEMENT DE SUBSTITUTION

NE CONTRE-INDIQUE PAS L’ALLAITEMENT

Les médicaments de substitution aux opiacés sont présents en très faible quantité dans le lait maternel.

L’allaitement est possible et même souhaitable :

En renforçant le lien avec l’enfant, il participe à la prévention et au soin du syndrome de sevrage du nouveau-né.

ATTENTION ! CANNABIS ET COCAÏNE PASSENT DANS LE LAIT MATERNEL :

L’ARRET DE LA CONSOMMATION DE CANNABIS ET DE COCAÏNE

EST RECOMMANDE PENDANT L’ALLAITEMENT.

Une histoire clinique…Céline

 

• Céline : 29 ans - Célibataire - Vit en couple – Pas d’enfant à charge - Adressée par la sage-femme de PMI qui passe à son domicile, au début du 3ème trimestre de grossesse, pour organisation du suivi de grossesse et prise en charge d’une polyconsommation : Alcool – Opiacés – Tabac

 

• 1ère consultation:

 

• Au plan social et familial :

 

-       Union libre – Conjoint (futur père) consommateur d’alcool

 

-       2 garçons (7 et 8 ans) (précédente union) placés en famille d’accueil

 

-       (parents consommateurs d’alcool et d’opiacés)

"La PMI m’a enlevé mes enfants"

 

-       •Précarité (logement – ressources – situation familiale)

 

• Au plan médical :

 

-       Aucun antécédent notable – Vaccinations et sérologies VIH – VHB – VHC vérifiées.

 

-       Médecin généraliste traitant : Une consultation toutes les 4 semaines pour la prescription du TSO.

 

• Au plan obstétrical :

 

-       •3ème grossesse – Enceinte de 6 mois environ – Aucun suivi jusqu’à cette date –

 

-       "J’ai perdu mon stérilet en février, "ça" a dû venir après … De toute façon, quand "ça" doit venir, "ça" vient…"

 

Echo de datation prescrite mais non effectuée

 

"Mon médecin m’a dit: "Tant que tu n’auras pas fait ton échographie, je ne ferai pas la déclaration de grossesse … Et moi, je n’ai rien fait." »

 

• Au plan addictologique :

 

• Antécédents :

 

• Suivie au CSAPA de 2005 à 2010 avec TSO par BUPRENORPHINE

 

• Sevrage TSO à son initiative en 2010 à l’Hôpital Edouard Herriot

 

Revient au CSAPA en 2014 pour le suivi de sa grossesse

 

• Situation actuelle :

 

 

TABAC : 20 cigarettes par jour.

 

ALCOOL : 2 bières fortes par jour (1 litre) "Trois fois moins qu’avant d’être enceinte"

 

OPIACES : plus de prise de produits illicites / TSO par BUPRENORPHINE 2 mg par jour, prescrite en ville.

 

• Réseau personnel:

 

• Le futur père Désire l’enfant attendu mais est dépendant de l’alcool lui aussi.

 

• Le médecin traitant Investit peu la relation de soins avec cette patiente.

 

• La PMI (sage-femme) Très présente mais seule : pas de suivi obstétrical en maternité.

 

Que faire ?

 

 

  • "Être là"

 

  • Entendre l’angoisse, la culpabilité, la peur, les espoirs : redoute les effets délétères de l’alcool et des médicaments sur l’enfant, le placement de l’enfant comme les deux aînés, les professionnels de la PMI rendus responsables des placements … Mais aussi espoir de fonder une "vraie" famille avec un nouveau compagnon.

 

  • Mettre en valeur les efforts déjà réalisés: diminution des consommations, retour au CSAPA, reprise d’un suivi psychologique.

=) Accueillir et laisser naître peu à peu la confiance.

 

  • "Ancrer le présent"

 

  • Inviter le futur père à prendre part à certaines consultations.

 

  • Entrer en contact avec le médecin traitant et définir la place de chacun.

 

  • Maintenir le lien avec la sage femme de PMI.

 

  • Inscrire en maternité et mettre en place le suivi obstétrical.

 

=) Travailler avec patience et persévérance, recueillir les éléments sociaux, médicaux, psychologiques, informer et associer les différents intervenants avec l’accord de la patiente.

 

  • "Anticiper l’avenir immédiat"

 

  • Introduire peu à peu les relais nécessaires: suivi médical, psychologique et social au CSAPA, suivi obstétrical, visite anténatale du pédiatre, sage femme cadre de l’Unité Kangourou, puéricultrice coordinatrice de PMI (consultations conjointes), puéricultrice de PMI …

 

=) répondre peu à peu aux questions telles que se les posent les parents et pas seulement en fonction des risques repérés.

 

 

  • Suivi addictologique = Information et recherche d’un compromis (RDR)

 

  • Effort porté sur la réduction de la consommation d’alcool +++

 

  • Maintien et adaptation du TSO avec une bonne observance

 

  • Refus des substituts nicotiniques / Information sans insistance (SF tabacologue)

 

  • Reconnaissance et valorisation des efforts déjà effectués +++

 

  • Suivi psychologique et social au CSAPA

 

 

Suivi obstétrical et pédiatrique à la maternité de la Croix-Rousse

Finalement …

 

  • Naissance avant terme d’un garçon de 2,2 Kg porteur de malformations urinaire et cardiaque bénignes (parents en état d’ébriété à l’accouchement).

 

  • Instauration du traitement du syndrome de sevrage néonatal en unité de néonatalogie.

 

  • Admission de la mère et de l’enfant à l’Unité Kangourou – suivi addictologique, suivi du lien mère-bébé, présence du père…

 

  • Retour au domicile avec suivi puéricultrice de PMI : "La dame qui vient m’aider à la maison pour le bébé"

 

  • Maintien du suivi médicopsychologique au CSAPA avec consultation toutes les 4 semaines (mère, père et enfant)

LA CONSULTATION "GROSSESSE ET ADDICTIONS »

DE L’HÔPITAL DE LA CROIX-ROUSSE

Le contexte des HCL Obstétrique et addictologie

 

 

Deux CSAPA :

Hôpital de la Croix-Rousse:

› Consultation "Grossesse et addictions"

 

 

Trois maternités:

›Deux maternités de niveau 3

›Une maternité de niveau 2B

 

Quatre ELSA :

 

- GH Est :

ð Accompagnement des femmes enceintes dépendantes des produits illicites et de l’alcool de l’HFME

 

 

› Réseau AURORE

Hôpital de la Croix-Rousse :

›Maternité de niveau 3

› 4000 naissances par an

› Unité Kangourou (2012)

Ensemble…

Voyageur,

Il n’y a pas de chemin,

Le chemin se fait en marchant…

Antonio Machado