Le point sur les salles de consommation à moindres risques
Par Florent Martel, chef de service CAARUD Ruptures, association ARIA.
POURQUOI MOI ?
• ARIA, CAARUD RuptureS
• Membre du Groupe T2RA, DGS
• Co-référent du groupe national sur l’accompagnement des pratiques de consommations
à la Fédération Addiction (« 8 Pages » à paraître)
• Participant au groupe national et référent régional du groupe « pratiques de RdR en
CSAPA et en CAARUD », à la Fédération Addiction (Guide « Repère(S) » à paraître.)
REPÈRES HISTORIQUES
• 2009 : A la demande de R. BACHELOT: Expertise collective de l’Inserm, sur la réduction des risques auprès des ud. / Les C.I.S. démontrent leur efficacité là où il sont été implantés et peuvent faire partie d’une stratégie globale de RDRD.
• Collectif du 19 mai 2009: À l’occasion de la journée mondiale des Hépatites du 19 mai 2009, les associations Asud, Act Up-Paris, Anitea, Gaïa, Safe, Sos Hépatites Paris, installent une salle de consommation à moindre risque dans les locaux de l’association Asud.
• Fin 2009: écriture d’un préprojet, porté par Gaïa, pour une SCMR à Paris, dans le quartier de la gare du Nord.
• 2010: R.BACHELOT souhaite une concertation sur le sujet.
F.FILLON les déclare « ni utiles ni souhaitables »
PARIS • 2009 : écriture d’un pré-projet dans le cadre du collectif du 19 mai. (Dépôt DGS en 2010) • 2012 : MILDT reçoit Gaïa pour étudier le projet. Mairie de Paris verse 38.000€ à Gaïa pour construire le projet.
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STRASBOURG • 2011 : organisation par Ithaque d’un Colloque au Parlement Européen sur les SCMR. Positionnement favorable du Maire de Strasbourg annoncé à l’occasion de ce colloque • Janvier 2013 : dépôt, par Ithaque d’un projet de création de SCMR à la MILDECA. |
FÉVRIER 2013: GOUVERNEMENT DONNE SON ACCORD SUR LE PRINCIPE DE L’EXPÉRIMENTATION |
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• 2013: Comité de pilotage Mairie Centrale / Mairie du X°
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• 2013-2015 : travail constant avec la Ville de Strasbourg, la MILDECA, l’ARS, les HUS, afin de consolider le projet
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• En 2013, donc tout le monde semble prêt à lancer les expérimentations…
• Le rapport de l’OEDT rappelle qu’en Europe, 6 pays sont déjà équipés de SCMR (Allemagne : 24 salles, Pays-Bas: 45 salles, Luxembourg :1 salle, Danemark : 1 salle, Espagne: 8 salles). (OEDT/EMCDDA, Rapport Européen sur les drogues 2013: tendances et évolutions, P.51) … mais…
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• … en 2013, par précaution juridique, le ministère de la Santé demande un avis de légalité du dispositif SCMR au Conseil d’Etat, qui se réunit le 8 Octobre et rend un avis deux jours plus tard : la loi pénale interdit l’usage de stupéfiants, donc un dispositif qui en autorise l’usage, dans un cadre de RdR entre en contradiction avec la loi pénale.
• Il faut donc que le dispositif soit explicitement autorisé dans le cadre d’une loi.
ð Loi du 26 Janvier 2016, de modernisation de notre système de santé.
LOI DU 26 JANVIER 2016
• Article 41 : La RDRD => L 3411-8 CSP: Politique de Santé Publique et définition des missions. (L3411-9, modifié en décembre 2016 / loi de financement de la sécurité sociale pour 2017 / médicaments).
• Article 42 : Mission de prévention des CSAPA devient obligatoire. (En attente des PRS en régions, et de financements pérennes).
• Article 43: Expérimentation des SCMR.
ARTICLE 41 LMNSS… ARRÊTÉ DU 22 MARS 2016…
LES DISPOSITIFS EXISTANTS
• Paris, 17 octobre 2016: Ouverture d’une SCMR, Association Gaia
• Strasbourg, 07 Novembre 2016: Ouverture d’Argos, SCMR de l’Association Ithaque
•Concentration de consommation de drogues par voie injectable dans l’espace public. •130 000 seringues distribuées par les automates rue de Maubeuge (association SAFE). • Urgences de Lariboisière distribuent 2000 jetons par semaine (600 en 2011). • Demandes concentrées entre 12H et 21h •Développement d’une scène de consommation de drogues aux alentours de la gare du nord à partir de 2006-2007. • Usagers polyconsommateurs, Précaires (25% SDF et 25% en hébergement provisoire) 40% sans droits ouverts CPAM, Désaffiliation sociale |
Pourquoi Gare du Nord ?
Activité du CAARUD de Gaia en 2015 : 2 200 personnes différentes. 18 319 passages. 85 685 seringues distribuées. 80 à 120 usagers différents par plage de stationnement (crackers et injecteurs) |
Gestion des extérieurs: Maraudes à pied quotidiennes dans les environs, Travail de sensibilisation et de responsabilisation auprès des usagers. Ligne téléphonique. Maraudes en antenne mobile |
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Espaces intérieurs : Préau et espace d’accueil: attente avant la consommation, distribution de matériel de RdR Espaces de consommation : injection/inhalation Un espace médical pour les consultations et les soins infirmiers Un espace d’entretiens individuels, éducatif et social Un espace de repos. |
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• Accueil anonyme et gratuit.
• Premier accueil: entretien individuel et passation d’un questionnaire (bilandes pratiques et des usages, parcours et antécédents).
• Lecture du règlement intérieur et signature d’un contrat de bonne utilisation du dispositif.
• Remise du contrat à l’usager.
Processus :
• Accueil et attente.
• Supervision de la consommation: matériel stérile à usage unique.
• Accompagnement et encadrement.
• Consultations médicales et sociales.
Spécificités de consommation et d’usage dans l’Est de la France* : • Forte consommation d’opiacés (89% vs 73 % au niveau national) • Héroïne : 47 % vs 31 % au niveau national • BHD : 52 % vs 37 % au niveau national • Un taux de contamination conséquent des usagers de drogues par le VHC : 47 % des usagers porteurs du virus Hep C (enquête Coquelicot InVS 2011, site strasbourgeois) *ENa-CAARUD 2012 Dans le cadre du CAARUD d’Ithaque : 1 542 questionnaires différents recueillis dans le cadre d’une enquête menée au cours d’une semaine chaque mois, relatifs aux produits consommés par les usagers et à leurs modes d’administration: Les opiacés représentent 59 % des substances consommées . 75 % des premiers produits déclarés sont injectés.
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Pourquoi Strasbourg ? Nombre de seringues et aiguilles délivrées sur trois ans à Ithaque : 2013 : 77 907 2014 : 93 260 2015 : 104 399 Utilisation de la voie intraveineuse sur trois ans 2013 : 72 % 2014 : 81 % 2015 : 76 % Les produits majoritairement consommés sont les opiacés : buprénorphine, héroïne, |
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Fonctionnement de la SCMR : 3 espaces distincts : 1. Un espace d’accueil et d’attente aménagé de façon conviviale qui inclut un programme d’échange de seringues, 2. Un espace de consommation comprenant : • postes d’injection séparés par une cloison, • postes d’inhalation, dans un espace spécifique fermé, équipé d’une ventilation adaptée, • postes destinés au « sniff ». • Une salle de soins jouxte cet espace. 3. Un espace de repos facilitant la récupération qui suit la prise de substance, 2 bureaux d’entretien individuel, situés à proximité de cet espace de repos et destinés aux consultations médicales, psychologiques et aux entretiens sociaux individuels. Dans ces bureaux auront lieu également les entretiens d’admission |
Public prioritairement accueilli :
Usagers de drogues majeurs en situation de précarité, en errance, polyconsommateurs de substances psychoactives.
Horaires d’ouverture :
365 jours par an, de 12h30 à 19h30, avec une ouverture au public de 13h à 19h
Composition de l’équipe :
♦ 11 ETP intervenants (Infirmiers, travailleurs sociaux)
♦ 2x1/2 journée/semaine: médecin, psychologue, un travailleur social (consultations, orientations)
♦1/2 journée/semaine: médecin psychiatre
♦ 0,5 ETP travailleur social rue↔salle (maraudes)
♦ 0,5 ETP coordinatrice
♦ 1 vigile, équipe administrative et de direction
Participation des usagers :
Rédaction des documents à remettre aux utilisateurs de la SCMR et contribution à la gestion du lieu l’accueil et de la salle de repos.
PREMIERES DONNÉES :
• GAIA: 170 à 200 passages / jour, 1/4 à 1/3 d’inhaleurs. (environ 8 000 iv)
• 5000 passages pour du matériel ou des conseils.
• File active d’environ 500 personnes.
• Injecteurs : en majorité Skénan, Méthadone.
• Problématiques de prise en charge psychiatrique à prendre en compte.
PREMIÈRES DONNÉES :
• Ithaque Argos :
• 2 mois d’ouverture (Décembre: Strasbourg « Capitale de Noël »)
• 15 à 20 passages / jour
• File active au 22/01/2017: 55 personnes SCMR / 66 personnes PES
• Public visé vient, un peu plus âgé qu’imaginé (30-40).
• Quasi exclusivement des injecteurs.
• Produits injectés: 1- Cocaïne ; 2- Skénan; 3- Héroïne
• Bonne intégration locale, pas de présence policière spéciale, ni de contrôle alentours.
• 50 à 60 passages / jour attendus d’ici l’été